Club lecture…

… vu par Arlette

Pasques Jean-François ♦ Le seul témoin

Série : Pierre Morland – tome 2suite de Mortelle canicule. Nul besoin cependant d’avoir lu Mortelle canicule pour apprécier ce roman. Les deux livres sont indépendants.

On redécouvre avec ce roman, la brutalité et l’inhumanité de leurs services secrets spéciaux et ou de la confrérie des Vory qui s’en donnent à cœur joie.

Nous sommes en 2005 (Mortelle canicule se déroulait en 2003). On y retrouve le personnage principal, le docteur Morland, exilé dans les neiges isolées de l’ex-Union soviétique, propulsé de la canicule parisienne aux extrêmes conditions de la Sibérie, de l’urbanisme de la capitale au dénuement le plus ultime de la taïga russe.

L’ancien médecin a fait son chemin de croix, en traversant ces territoires hostiles et en suivant la « route des os » (ceux laissés par certains prisonniers destinés au Goulag par Staline et qui n’ont pas survécu aux conditions climatiques hostiles de la Sibérie) pour trouver refuge dans une cabane à proximité du lac Baïkal. Mais contrairement à ce que pensait le Docteur Morland, vivre en ermite au bord du lac Baïkal n’est pas un long fleuve tranquille.

Depuis la mort de sa compagne, le docteur Morland, vit isolé de tous et de tout au fond des steppes russes. Après sa corvée de bois quotidienne, il assiste un jour, à quelques mètres de sa cabane, à un règlement de compte qui se termine mal pour les protagonistes : Deux inconnus qui viennent se battre en duel devant l’ermitage. Un duel aux pistolets à l’ancienne, la désignation (imposée) du témoin, le choix des armes, les verres de vodka comme cérémonial et la conclusion inéluctable du duel.

Que faire pour notre héros ? Le signaler aux autorités bien sûr, mais avec les conséquences que l’on ne devine même pas car l’un des deux duellistes était membre du FSB, les services secrets russes…

Sentant que sa tranquillité et son isolement risquent de ne pas durer, l’ermite quitte les lieux, cherchant encore une fois l’isolement le plus total.

Las, la police, des truands particulièrement retors et quelques membres des services de renseignements russes se lancent à la poursuite de cet innocent témoin… qui va découvrir l’hospitalité pour le moins particulière des psychiatres et des policiers russes. Il se retrouve brutalement interrogé par le capitaine Federovitch, puis emprisonné. Car ce duel et les hommes qu’il impliquait cache peut être un secret inavouable liant les vory ( la mafia russe) et le plus haut niveau des autorités russes , un secret qui ne mérite aucun témoin …

Du confort rudimentaire de sa cabane au bord du Baïkal, à la vie en asile, en passant par une datcha luxueuse, notre médecin ne connaîtra plus de répit.

Cauchemardesque et kafkaïen mais bougrement dépaysant. Que nous sommes loin de la COVID et du confinement. Un sujet bigrement tendance : la vie isolée dans l’immensité des forêts de Russie. Aussi passionnant et enthousiasmant que les livres de Sylvain Tesson, le suspens en plus.

Le système policier et politique de la Russie de Poutine vu par un policier français, russophile invétéré. Où l’on découvre que si l’URSS c’est du passé, le système concentrationnaire et policier reste peu ou prou le même. Saisissant et inquiétant. Des descriptions incroyables, saisissantes : Le système carcéral russe, les fameux hôpitaux psychiatriques, la vodka, l’immensité des steppes, la chaleur des rares habitants, la froideur des derniers supports d’un système policier en fin de course nostalgiques de l’ex-URSS.

 

L’auteur :

Né en 1971 et chimiste de formation, Jean-François Pasques est capitaine de police. Il s’est rendu compte, dans son métier de policier, que les sciences n’expliquaient pas tout. Comme le suicide, l’absurde, les croyances… Il a trouvé des réponses en lisant Camus. Notamment l’engagement, la fidélité, la révolte. Ce sont ses chefs, à la PJ, qui l’ont conseillé de lire, quand il avait 30 ans, car il ne lisaitpas quand il était jeune. Il a découvert les classiques comme Balzac, Flaubert, Hugo… Ça a été une révélation. De sa désaffection des chiffres, il est passé à l’amour des mots. Ça l’a aidé à mieux supporter mon métier.

Après une quinzaine d’années à Paris, notamment à la Section Criminelle de la 1ère DPJ, il travaille désormais à Nantes en Sécurité Publique. Il a quitté son laboratoire de recherches par manque d’espace et il est rentré dans la Police Nationale, un peu par hasard.

Affecté successivement à la Brigade Anti-Criminalité́ sur Pigalle, puis en Section Criminelle à la 1ère Division de Police Judiciaire de Paris il est désormais en Sécurité́ Publique à Nantes. Il s’est retrouvé comme il le désirait, au plus proche des hommes et donc au centre des choses.

Dix-sept années plus tard, il est convaincu d’avoir trouvé sa place dans un monde en perpétuel mouvement en donnant du sens à sa vie.

La police satisfait son appétit de curiosité humaine, et Fils de personne met en scène ces personnages hauts en couleurs auxquels il est confronté quotidiennement dans son métier.

Avec son épouse, ils ont fait le choix de quitter Paris pour offrir à leurs deux enfants un cadre de vie plus agréable.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *