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… vu par Arlette

Owens Délia ♦ Là où chantent les écrevisses

Là où chantent les écrevisses est un roman plein de poésie, de sensualité, de délicatesse, de pudeur. Mais c’est aussi un roman qui aborde le racisme avec toute la cruauté qu’il représente, racisme envers l’homme de couleur, envers l’autre tout simplement qui vit différemment.

 Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur « la Fille des marais » de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Pourtant, Kya n’est pas cette fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent. Kya, qui se nomme en réalité Catherine Danielle Clark, est traumatisée par la violence d’un père qui boit et frappe cruellement femme et enfants. Ils vivent dans une cabane, loin de la petite ville de Barkley Cove, au cœur du marais.

Un jour, Ma, sa mère, part sans se retourner et c’est le premier grand abandon subi par Kya qui n’a que 6 ans, avant que ses frères et sœurs, et Jodie, le frère si précieux qui la protégeait, s’en aillent à son tour.

A l’âge de dix ans, son père l’abandonnant à son tour, elle se retrouve seule dans un milieu hostile avec lequel elle va rapidement « faire corps », par force, bien sûr. Survivre. Manger. Exister. Cette enfant fragile mais curieuse et débrouillarde et surtout très proche de la nature apprend vite à cuisiner, à pêcher pour ensuite échanger moules et poissons contre des vêtements et du carburant pour sa barque. Ce milieu, elle va l’apprivoiser au point d’en faire un allié, un milieu nourricier – d’abord « physiquement », puis intellectuellement. Car de cette « fusion » naîtront de fort « belles choses ». Pour l’aider à se construire pour s’en sortir, quelques très belles personnes vont être auprès d’elle. Tate, un jeune homme doux et cultivé qui lui apprend à lire et à écrire, lui fait découvrir la science et la poésie, et transforme la jeune fille à jamais. Jumping , personnage noir, un homme gentil qui dirige une station-service et un magasin général pour les exploitants de bateaux des marais ,et sa femme Mabel, ce couple admirable, mais aussi, hélas, bon nombre d’opposants pleins de préjugés, racistes , prompts à juger  à accuser, à diaboliser.

C’est dans cette nature dans laquelle elle se fond, que Kya puisera des ressources incroyables pour s’opposer de la plus belle des manières à la vindicte populaire qui n’aura de cesse de l’accabler.

Mais Tate, appelé par ses études, l’abandonne à son tour. La solitude devient si pesante que Kya ne se méfie pas assez de celui qui va bientôt croiser son chemin et lui promettre une autre vie. Lorsque l’irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même…

En parallèle de l’histoire de Kya, on a l’histoire de la découverte du cadavre de Chase Andrews allongé sous la tour de guet. Bien vite il va s’avérer qu’il ne s’agit pas d’un accident et une enquête va être ouverte, enquête qui est un élément important du roman.

Elle a dédié son roman à trois de ses amis d’enfance qui lui restent proches.

 L’auteur :

Delia Owens est une écrivaine et zoologiste américaine, née en 1949 en Géorgie.

Elle a grandi à cheval dans les bois autour de Thomasville. Sa mère, formidable, belle, talentueuse, qui a étudié les mathématiques, mais surtout qui aimait vivre au grand air, l’a encouragée à s’aventurer dans la forêt de chênes le plus loin possible pour comprendre le monde environnant. Elle lui a appris à faire de la randonnée sans marcher sur des serpents à sonnette, et le plus important à ne pas avoir peur des bestioles de toutes sortes. Delia a passé la majeure partie de sa vie dans ou près de la vraie nature sauvage, et depuis son enfance a pensé à la nature comme un véritable compagnon, à être une de ses meilleures amies.

Dès son plus jeune âge, Délia a aimé écrire. En sixième année de son petit lycée, elle a remporté la première place dans un concours d’écriture et a été convaincue que cela signifierait qu’elle serait un jour écrivain.

Diplômée en zoologie et biologie de l’Université de Géorgie et titulaire d’un doctorat en comportement animal de l’Université de Californie à Davis, elle part s’installer avec son mari, Mark Owens, épousé le 31 décembre 1972, chercheur et biologiste comme elle, au Botswana en 1974.

Ils ont installé un camping de base dans une région si éloignée qu’ils étaient les deux seules personnes, à l’exception de quelques bandes de Bushmen itinérants, dans une région de la taille de l’Irlande. Très vite, la première horde de lions monta au camp de Delia et de Mark, et vivait juste derrière les arbres. Grâce à des colliers émetteurs, ils ont étudié six lions pendant sept ans dont trois prénommés Sassy, Chary et Bue qui se débattaient souvent près des tentes des Owens ou saccageaient la cuisine extérieure.

Delia et Mark ont ​​également étudié les hyènes brunes insaisissables, qui venaient au camp presque chaque nuit.

Au cours de ces années, Delia est devenue fascinée par les groupes sociaux de mammifères qui sont presque toujours composés de femelles. Les mâles vont et viennent pour l’accouplement ou les repas, mais les femelles restent dans leur groupe de naissance et entretiennent des liens solides avec leur fierté ou leurs compagnons de meute pour la vie. Ces observations ont rappelé à Delia les liens étroits qu’elle avait avec ses amies de toute une vie et à quel point la propension génétique pour les groupes féminins doit être forte dans notre propre espèce.

Les Owens ont travaillé dans le désert du Kalahari, au Botswana, puis au parc national de North Luangwa et plus tard à Mpika , en Zambie au début des années 1990.

Du Kalahari, les Owens se sont aventurés dans la vallée de North Luangwa en Zambie en 1986 pour poursuivre leurs recherches sur la faune après avoir été expulsés du Botswana, où ils s’étaient rendus indésirables en critiquant les politiques de conservation du gouvernement. Le jeune couple a cherché une réserve dans la nature sauvage de North Luangwa en Zambie, une région dont les habitants autochtones avaient été expulsés par les anciens dirigeants britanniques du pays. Ils ont été attirés par l’isolement de la région, puis consternés de découvrir que les braconniers dévastaient la population locale d’éléphants. Certains des animaux ont été tués par des personnes qui vivaient dans les environs depuis des générations et dont les ancêtres chassaient depuis longtemps ses grands mammifères pour leur viande, mais la plus grande menace venait des braconniers alimentant un marché international de l’ivoire en plein essor.

Mark Owens a voulu faire cesser ces braconnages. Mais il l’aurait fait par des manières peu scrupuleuses. Delia Owens s’est parfois opposée aux risques que son mari prenait en combattant les braconniers, et dans leur mémoire co-auteur de 1992, The Eye of the Elephant, elle décrit le moment où elle s’est séparée de lui et a construit son propre camp à quatre miles de là. Finalement, sur les rives de la rivière Luangwa et a étudié le comportement social des éléphants. Chaque année, elle a parcouru les cinq grands fleuves du nord de Luangwa, observant les troupeaux.

En plus d’étudier les éléphants, Delia et Mark ont ​​mis en place un programme qui offrait des emplois, des prêts et d’autres aides aux villageois locaux afin qu’ils n’aient pas à braconner la faune pour vivre.

Bientôt, les éléphants se sentant en sécurité dans le camp d’Owens, se promènent entre leurs cottages en se nourrissant de fruits de marula. Un éléphant orphelin, surnommé Gift par les Owens, a erré dans leur camp un jour et a élu domicile parmi les bungalows. Plusieurs années plus tard, elle a eu son premier petit, Georgia, et finalement un petit-petit. Une fois de plus, Delia était fascinée par le fait que les troupeaux étaient composés uniquement de femelles étroitement liées et de leur progéniture.

Au total, Delia a mené des recherches sur les espèces menacées en Afrique pendant vingt-trois ans. Elle a publié les résultats de ses recherches dans les revues scientifiques Nature, Animal Behavior, Journal of Mammalogy, Natural History et autres.

Ses travaux de recherche et de conservation en Afrique lui ont valu le prix Golden Ark du prince Bernhard des Pays-Bas et le prix d’excellence de l’Université de Californie. Le projet qu’ils ont commencé en Zambie se poursuit à ce jour, financé en partie par la Owens Foundation for Wildlife Conservation.

En 1996, ABC a diffusé un reportage intitulé « Deadly Game: The Mark and Delia Owens Story », produit par Andrew Tkach et animé par Meredith Vieira. Le rapport présentait le meurtre controversé d’un braconnier en Zambie, et qui aurait été commis par Christopher, le beau-fils de Délia  et par Mark, son mari, et qu’ils étaient recherchés en Zambie pour interrogatoire. La famille a également été accusée d’avoir « des idées archaïques sur les Africains ». Il leur a été conseillé de ne jamais retourner dans l’un des pays africains où ils ont autrefois vécu et travaillé, surtout en Zambie. Ce meurtre, dont la victime n’est toujours pas identifiée, a été filmé et diffusé à la télévision nationale aux États-Unis. Pour être clair, Delia Owens elle-même, n’est pas soupçonnée d’être impliquée dans le meurtre.

Grâce à cette incroyable expérience au Kalahari puis en Zambie, ils publient trois livres de non fiction, tous bestsellers aux USA : « Le cri du Kalahari » (Cry of Kalahary)  qui obtient la Médaille John Burroughs Award for Nature Writing en 1985, The Eye of the Elephant en 1992 et Secrets of the Savanna en 2006.

Delia Owens publie également de nombreux articles scientifiques dans Nature, Natural History, Animal Behavior, Journal of Mammalogy, en menant ses recherches sur les espèces animales en danger et elle monte des projets de sauvegarde de grande ampleur.

Après 23 années passées en Afrique, ils reviennent en Caroline du Nord, toujours au plus proche de la nature.

Son premier roman, Where the Crawdads Sing, « Là où chantent les écrevisses », publié en 2018, a dominé le New York Times Fiction Best Sellers de 2019 pendant 25 semaines non consécutives. Le livre a figuré sur la New York Times Best Seller list pendant plus d’un an. Il va bientôt être adapté au cinéma par Reese Witherspoon.

Délia Owens est la co-fondatrice de la Fondation Owens pour la conservation de la faune à Stone Mountain, GA. Elle a également travaillé comme rédactrice itinérante pour International Wildlife, donné des conférences dans toute l’Amérique du Nord et participé aux efforts de conservation du grizzli à travers les États-Unis.

Après plus de deux décennies en Afrique, Delia et Mark sont retournés aux États-Unis et ont cherché un endroit sauvage avec beaucoup d’animaux sauvages pour devenir leur nouvelle maison. Ils ont mis leur expérience, leur temps et leurs ressources au service de la conservation des grizzlis, des loups et des zones humides.

Divorcée, elle vit dans une région isolée du Comté de Boundary, à l’Idaho, où elle chevauche son cheval et les cieux de l’arrière-pays aussi loin que possible dans la nature. Les élans, les ours, les orignaux et les cerfs errent dans les prairies près de chez elle, mais chaque jour, elle pense aux éléphants Gift et Georgia, à la Blue Pride des lions et au peuple Bemba qu’elle connaissait de si près en Afrique depuis si longtemps.

Elle partage ces nombreux hectares avec son ex-mari, Mark Owens, bien qu’ils vivent dans des maisons séparées.

Elle souhaite continuer à écrire de la fiction, en particulier des mystères qui explorent comment notre passé évolutif dans les savanes a influencé notre comportement actuel dans un monde moins sauvage.

Son prochain est en cours d’écriture.

 

Œuvre

  • Le cri du Kalahari : Sur les dernières terres inviolées d’Afrique, Robert Laffont, 1986
  • The Eye of the Elephant: An Epic Adventure in the African Wilderness, Mariner Books, 1993
  • Survivor’s Song: Life and Death in an African Wilderness, HarperCollins Publishers Ltd, 1993
  • Les Heures Farouches du Kalahari, Sélection du Reader’s Digest, 2012
  • Là où chantent les écrevisses, Seuil, 2020

 

Prix et récompenses

  1981 : Rolex Award for Enterprise pour son projet de recherche sur le Kalahari (avec son ancien mari, Mark Owens)

  1985 : Médaille John Burroughs (avec Mark Owens)

  1993 : University of California Outstanding Alumnus Award

  1994 : Ordre de l’Arche d’or

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