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Lee Harper ♦ Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueurL’histoire qui s’étale sur une période de 3 années est racontée avec beaucoup de fraîcheur du point de vue de Scout, une petite fille qui a entre 6 et 9 ans, et se passe pendant la grande crise de 1929 dans une petite ville du sud des États-Unis en Alabama.

Dans les années 1930, pendant la Grande Dépression, Atticus Finch, avocat droit et honnête, qui siège à la chambre des représentants, élève seul ses deux enfants Jean-Louise (Scout) et Jeremy (Jem) de 4 ans son aîné, dans la ville fictive de Maycomb en Alabama, ville rurale et ségrégationniste, durement frappée par la récession, au cœur de l’Amérique sudiste raciste emplie de préjugés. Sa femme est morte peu après la naissance de Scout et c’est une cuisinière noire, Calpurnia qui vient tous les jours qui a élevé les enfants.

Scout est un véritable garçon manqué, qui ne rate pas une occasion de se battre, et n’a pas vraiment la langue dans sa poche – au grand désarroi de sa tante, qui voudrait la préparer à devenir « une dame ».

Jem et Scout se lient d’amitié avec Dill, un garçon d’un an plus âgé que Scout et qui séjourne chez sa tante pendant les étés. Les trois enfants sont terrifiés et fascinés par leur voisin Boo Radley qui vit reclus chez lui. Les enfants imaginent l’apparence et les raisons qui poussent Boo à rester chez lui et essayent de le faire sortir de sa maison.

Atticus Finch est commis d’office pour la défense d’un Noir nommé Tom Robinson, accusé d’avoir violé une femme blanche, Mayella Ewell, qui témoigne contre lui au tribunal, ainsi que son père Bob Ewell.

Au cours du procès, Atticus Finch conteste vigoureusement la culpabilité de Tom. Il met à jour les contradictions dans les versions des accusateurs : il démontre qu’en réalité c’est Mayella Ewell qui a fait des avances à Tom Robinson, et que c’est son père qui l’a battue après avoir surpris son comportement.

Malgré les preuves claires de l’innocence de Robinson apparues pendant le procès, celui-ci est condamné puis emprisonné. Robinson tente désespérément de s’évader lors d’une promenade ; rattrapé par ses gardes, il est abattu.

Malgré le verdict qui lui est favorable, la réputation de Bob Ewell est ruinée par le procès, et il jure de se venger. Il menace Atticus Finch, harcèle la veuve de Tom Robinson et s’introduit dans le jardin du Juge Taylor.

Le soir d’Halloween, dans l’obscurité totale, lorsque Jem et Scout rentrent chez eux après une fête donnée au lycée, il agresse les deux enfants. Jem est blessé et perd connaissance. Un inconnu le porte jusqu’à sa maison, suivi par Scout. À son arrivée chez elle, Scout découvre que la personne qui a porté son frère n’est autre que Boo Radley.

Informé de l’affaire, le shérif de Maycomb, Heck Tate, se rend sur les lieux de l’agression ; une fois revenu, il révèle aux Finch que la personne qui a agressé Jem et Scout (jusqu’alors non identifiée en raison de l’obscurité) était Bob Ewell, et qu’il a été retrouvé mort sur les lieux du drame. Atticus Finch soutient que Jem a certainement tué Bob par légitime défense, mais Heck Tate le convainc de faire comme si Bob était tombé sur son couteau, se l’enfonçant dans le corps.

Bien que le livre ne soit pas une autobiographie d’Harper Lee, plusieurs personnages et éléments du roman sont directement inspirés de son enfance :

– Le père de Lee, Ama Coleman Lee, était avocat, comme le père de Scout. En 1919, il a défendu deux hommes noirs accusés de meurtre. Après leur condamnation et leur pendaison, Ama n’a plus jamais défendu d’affaire pénale. Il était aussi le rédacteur et l’éditeur du journal local de Monroeville, qui était la ville natale de Lee.

– La mère de Scout est morte lorsque celle-ci était encore un bébé, alors qu’Harper Lee avait 25 ans lorsque sa mère mourut. Cette dernière souffrait de névrose, ce qui la rendait absente émotionnellement et mentalement.

– Lee avait aussi un frère, qui comme Jem dans le livre, était son aîné de quatre ans.

– Comme dans le roman, une gouvernante noire venait tous les jours pour s’occuper de la maison des Lee.

– Le personnage de Dill est inspiré de l’ami d’enfance de Lee, Truman Capote. Comme Dill qui habite à côté de Scout pendant l’été, Capote habitait avec ses tantes à côté de chez Lee lorsque sa mère partait à New York. Dill a hérité de Capote une formidable imagination et un don pour les histoires fascinantes. Enfants, Lee et Capote adoraient lire et ils inventaient et jouaient leurs propres histoires. En 1960, Lee accompagne Capote pour l’aider à écrire son livre De sang-froid.

– Comme dans le roman, une famille dont la maison était toujours fermée vivait près de chez Lee. Cette famille a servi de modèle pour les Radley. Le fils de cette famille a eu des problèmes avec la justice et il est resté caché pendant 24 ans dans la maison.

Le personnage de Tom Robinson a été inspiré à Lee par plusieurs personnes :

  • Lorsque Lee avait 10 ans, une femme blanche a accusé un homme noir, Walter Lett, de l’avoir violée. L’affaire et le procès ont été suivis par le journal local du père de Lee. Walter Lett a été reconnu coupable et condamné à mort, mais sa peine fut commuée en prison à perpétuité après la découverte de lettres qui l’innocentaient. Il mourut en prison en 1937.

Lee a aussi pu être inspirée par la célèbre affaire des Scottsboro Boys, dans laquelle neuf jeunes hommes noirs ont été accusés d’avoir violé deux femmes blanches. Le personnage de Tom Robinson est aussi inspiré par Emmett Till, un jeune homme noir assassiné pour avoir flirté avec une femme blanche en 1955 dans le Mississippi.

L’humanisme du père transpire durant tout le roman, et le caractère bien trempé des enfants est extrêmement bien rendu grâce à un style d’écriture très travaillé. La première partie sert davantage à planter le décor et à cadrer le caractère des personnages, tandis que la seconde partie donne au roman tout son sens et décolle véritablement.

« Tuer un oiseau moqueur est un péché », dit le proverbe américain. En effet, ces petits passereaux, si répandus dans le Sud des États-Unis, n’ont d’autre vocation que de nous charmer par leur chant. Tuer un oiseau moqueur – comme s’en prendre à un enfant ou condamner un innocent – c’est nier la beauté, saccager l’espoir et étouffer l’étincelle d’enfance qui subsiste en chacun de nous. Tuer un oiseau moqueur, c’est retirer la grâce de ce monde.

Culte dès sa parution (peu avant l’adoption des lois interdisant la discrimination), l’unique roman d’Harper Lee reçut le Prix Pulitzer en 1961 et demeure un véritable outil pédagogique dans le monde entier.

C’est vraiment un des romans qu’il faut lire aussi bien pour le sujet en lui-même mais également pour le style d’écriture, les personnages.

On pourra faire le rapprochement avec le plus récent « La couleur des sentiments » mais surtout avec un excellent livre de Lillian Eugenia Smith, « Strange fruit », qui bien qu’écrit par une femme blanche issue de la bourgeoisie, fut le premier manifeste littéraire pour l’égalité des Noirs.

S’adressant sans doute à un public plus large, et en particulier aux adolescents, « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », aurait été désigné comme l’un des trois plus grand romans du 20ème siècle… !

Ce roman présente la particularité d’être paru, en français, sous trois titres successifs (sans parler du titre de l’adaptation cinématographique) :

  • Quand meurt le rossignol, en 1961, dans une traduction de Germaine Béraud
  • Alouette, je te plumerai, en 1989, dans une traduction d’Isabelle Stoïanov
  • Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, en 2005, dans la précédente traduction d’Isabelle Stoïanov revue par Isabelle Hausser.

L’auteur :

Harper LeeNelle Harper Lee, surnommée Harper Lee, née le 28 avril 1926 à Monroeville dans l’Alabama, est une écrivaine américaine particulièrement connue pour son roman To Kill a Mockingbird (Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur), Prix Pulitzer en 1961. Vendu à 30 millions d’exemplaires, ce livre est un classique de la littérature américaine, étudié à ce titre dans de nombreux collèges et lycées des États-Unis, et régulièrement cité en tête des classements des critiques et libraires.

Elle est la plus jeune des cinq enfants d’ Amasa Coleman Lee, avocat et éditeur du Monroe Journal. Il présente de nombreuses ressemblances avec Atticus Finch, le père de la narratrice dans Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, et de Frances Cunningham Finch, femme au foyer. Son prénom, Nelle, était le nom de sa grand-mère épelé à l’envers. Elle reçoit en 2007 la médaille présidentielle de la liberté du président américain George W. Bush pour sa contribution à la littérature.

Enfant, Lee était un garçon manqué et une lectrice précoce. Elle a été amie avec son voisin et camarade d’école Truman Capote.

Après ses études secondaires au lycée de Monroeville, elle fait des études de droit à l’université d’Alabama de 1945 à 1949, qu’elle décide d’arrêter pour aller vivre à New York, avec l’intention de devenir écrivain. Sans diplôme, elle part pour Oxford, puis revient s’installer à New York en 1950.

Harper Lee travaille quelque temps comme employée de bureau dans la compagnie aérienne Eastern Airlines où elle se charge des réservations. Mais bientôt elle décide de se lancer dans une carrière d’écrivain, avec le soutien moral et financier de ses amis.

Truman Capote l’entraîne en 1959 dans l’écriture d’un roman sur un quadruple meurtre, qui va devenir De sang-froid (In Cold Blood). Elle l’accompagne à Holcomb (Kansas) pour l’aider dans ses recherches. Elle l’assiste pendant les entretiens, jouant notamment un rôle apaisant auprès de ceux qui étaient surpris de la personnalité excentrique de Capote. Elle est toujours là pour encourager l’écrivain lorsqu’il menace d’abandonner un projet aussi ample et épuisant. Capote la cite en la remerciant pour son « travail de secrétaire » et lui dédie le roman, ainsi qu’à son compagnon Jack Dunphy.

 

En 1957, elle présente un premier manuscrit plus proche du recueil de nouvelles que du roman à son agent. Sur les conseils de ce dernier, elle développe, durant deux ans et demi, l’une de ces nouvelles pour en faire un roman intitulé To Kill a Mockingbird (traduction française sous le titre Ne tirez pas sur l’oiseau-moqueur), qui paraît en 1960 et reste son seul livre publié.

Le succès est immédiat. Couronné du Prix Pulitzer en 1961, To Kill a Mockingbird est vendu à cinq cents mille exemplaires la première année. Plaidoyer pour la justice, le roman paraît à l’époque de la reconnaissance des droits civiques des afro-américains, et notamment de l’abolition de la discrimination de facto dans les établissements d’enseignement qui donne lieu à des manifestations conservatrices violentes.

Harper Lee ne publiera pas d’autres romans. Quelques articles et essais paraissent sous sa signature, entre autres dans Vogue. Son silence et sa très grande discrétion depuis la parution de son unique livre alimentent les rumeurs, d’autant qu’elle aurait déclaré s’être mise à la rédaction d’un second roman, peu après Ne tirez pas sur l’oiseau-moqueur. Les bruits courent parmi ses admirateurs qu’elle aurait écrit plusieurs romans, sans en publier aucun, ou qu’elle aurait continué à publier sous un pseudonyme.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur est adapté au cinéma sous le titre Du Silence et des Ombres.

Pendant de nombreuses années, Lee a partagé sa vie entre un appartement à New York et la maison de sa sœur à Monroeville. Elle a accepté des décorations honorifiques, mais a toujours refusé de faire des discours.

En Mars 2005, elle est arrivée à Philadelphie – son premier voyage à la ville depuis la signature avec l’éditeur Lippincott en 1960 – pour recevoir « Le premier Prix ATTY » pour les représentations positives d’avocats dans les arts de l’Spector Gadon & Rosen Fondation.

Toujours en 2005 la demande de la veuve de Gregory Peck, Véronique Peck , Harper Lee a voyagé en train de Monroeville à Los Angeles pour accepter le Prix littéraire le « Los Angeles Public Library ». Elle a également participé chaque année à des déjeuners avec des élèves de l’Université de l’Alabama qui ont écrit des articles sur son travail.

Le 21 mai 2006, elle a accepté un diplôme honorifique de l’Université de Notre Dame. Les aînés diplômés la saluèrent avec des copies de Mockingbird lors de la cérémonie.

 

Le 5 Novembre 2007, George W. Bush lui a décerné la Médaille présidentielle de la liberté . Il s’agit de la plus haute distinction civile aux Etats-Unis. Elle est attribuée aux personnes qui ont eu : « Une contribution particulièrement méritoire pour la sécurité ou les intérêts nationaux des États-Unis, ou pour la paix dans le monde ».

 

Peu à peu, Harper Lee s’est retirée de la vie publique, refusant tout entretien, acceptant parfois une récompense, comme celle au Conseil National des Arts remise par le président Lyndon B. Johnson, à condition de ne pas avoir à s’exprimer.

 

Dans une interview 2011 avec un journal australien, un ami proche de Lee, le révérend Thomas Lane Butts, a déclaré que Harper Lee vit maintenant dans un centre-aide à la vie, en fauteuil roulant, partiellement aveugle et sourd, et souffrant de perte de mémoire.

Le 3 mai 2013, Harper Lee a déposé une plainte et demandait des dommages et intérêts auprès du tribunal fédéral de Manhattan pour retrouver le beau-fils de son ancien agent. Harper Lee affirmait que cet homme fut engagé par son agent dans le but de s’attribuer les droits d’auteur sur son livre en 2007, lorsque son audition et sa vue étaient diminués et qu’elle était sous assistance après avoir subi un accident vasculaire cérébral. En Septembre, les avocats des deux parties ont annoncé le règlement du litige.

En Février 2014, a été réglée une procédure contre le Musée du patrimoine du comté de Monroe pour un dédommagement financier non divulgué. Le musée avait utilisé son nom et le titre « To Kill a Mockingbird » afin de se faire connaître et de vendre des souvenirs sans son consentement.

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