Club lecture…

… vu par Arlette

Jonasson Ragnar ♦ Sótt

Sótt, sorti le 20 septembre 2018 en français, est le quatrième volet traduit en français de la série mettant en scène Ari Thor.

Le titre original « Rof », signifiant « rupture » en islandais n’est pas celui qui a été retenu par les éditeurs de la traduction en français. « Sótt » veut dire « fièvre » en islandais, effectivement il est question d’une épidémie dans ce livre. Une des bizarreries de l’édition… Est-ce aussi pour faire plus « exotique », que ce livre, comme les trois autres du reste, porte un nom islandais ? Si oui, pourquoi alors s’évertuer à trouver un titre autre que le titre original. Pourquoi utiliser le mot « sótt », qui signifie « fièvre », et non pas garder le titre original, « rof », qui veut dire « rupture » ?

Trois enquêtes et beaucoup de personnages : une vieille affaire d’emprisonnement et de mort d’une femme qui date des années 50, un risque d’épidémie de fièvre hémorragique, et enfin l’affaire principale, sous forme de puzzle.

Mais que se passe-t-il encore à Siglufjördur ?

L’inspecteur Ari Thór n’est pas venu à bout des secrets de ce village en apparence si tranquille. Lui qui avait fini par se faire à la rudesse du climat et aux hivers trop longs, se sent de nouveau pris à la gorge par un terrible sentiment de claustrophobie. La ville est mise sous quarantaine car on suspecte une épidémie de fièvre hémorragique (sótt, en islandais) après le séjour d’un riche Français qui revenait d’Afrique. L’épidémie qui touche les habitants renforce son sentiment d’enfermement.

C’est cette quarantaine, et l’absence d’enquête qui en découle, qui amène Ari Þór à rouvrir une vieille affaire : En 1955, un couple aisé, Gudfinna et Gudmundur, vivant à Siglufjördur, décide de s’installer dans une ferme, à Hédinsfjördur près de Siglufjörður, pour redonner vie à ce fjord isolé accessible à pied seulement, au prix d’une marche fastidieuse, lorsque l’hiver ne bloque pas le passage. Jórunn, la soeur de Gudfinna et Maríus, son mari, qui habitent Siglufjördur, les y rejoignent.

Fin 1956, Maríus prend une photo de groupe où l’on voit un jeune homme tenir un bébé, probablement Hédinn, le même Hédinn qui demande à Ari Thor d’enquêter sur la mort de sa tante Jórunn, décédée à l’époque dans des circonstances peu claires (elle aurait absorbé par mégarde de la mort aux rats). L’affaire avait été classée sans suite.

Ari Thór tente de recoller les morceaux : Que s’est-il réellement passé ? Après tant d’années, peut-on encore compter sur les souvenirs des habitants ?

Il sera aidé par Ísrún, la journaliste aux dents longues, travaillant à Reykjavik et souffrant d’une maladie génétique mystérieuse, qui lui mine le moral.… Parallèlement, Ísrún enquête sur la mort accidentelle d’un fils d’une ex-personnalité politique et l’enlèvement d’un enfant.

Trois thèmes se dégagent dans le roman, dont deux sont désormais récurrents dans l’œuvre de Ragnar.

L’auteur revient à nouveau sur la notion d’isolement qui est le premier thème récurrent.

Dans Snjór, on a connu un Siglufjörður, déjà isolé au nord de l’Islande, bloqué par une tempête de neige et une avalanche. Là, c’est une épidémie de fièvre hémorragique qui menace le pays. La ville est donc mise en quarantaine. Plus personne ne peut entrer ou sortir. La ville est morte et les magasins restent fermés. Comment ne pas penser à la fièvre Ebola ou à la grippe espagnole, pour évoquer cette « maladie française ».

Le deuxième thème récurrent est celui de la psychologie des principaux protagonistes, dont on suit l’évolution personnelle. Ari Þór se débat encore avec le traumatisme de la perte brutale de ses parents et sa relation chaotique avec Kristín. Ísrún, quant à elle, doit composer avec le traumatisme de son viol et les menaces, que fait peser sur elle sa maladie génétique.

Le troisième thème, est le sentiment d’inachevé des enquêtes.

Dans la vieille affaire de Siglufjörður, Ari Þór ne peut qu’émettre une hypothèse, qu’il pense très probable, mais qui ne peut être définitivement prouvée. C’est au descendant des familles concernées de croire ou non à cette version.

Dans la deuxième affaire, le meurtrier d’une jeune femme reste libre et, comme au moment de l’homicide, n’est pas poursuivi, faute de preuves.

Enfin, dans la dernière, un homme politique sort blanchi du scandale et des manipulations, même si Ísrún est convaincue de son implication. Ce roman laisse un goût amer sur la constatation que la justice n’est pas rendue entièrement.

Dans ce livre Ragnar Jónasson rend hommage à ses grands-parents : son grand-père, Ragnar, qui publiait des livres sur l’histoire de Siglufjördur et sa grand-mère qui publiait des histoires folkloriques.

 

L’auteur :

Ragnar Jónasson, né à Reykjavik en Islande, en 1976 est auteur de roman policier. Ses grands-parents sont originaires de Siglufjördur, la ville où se déroule Snjór.

A 13 ans, il a découvert à 13 ans les livres d’Agatha Christie et entreprend à 17 ans, la traduction, de quatorze de ses romans en islandais. Il se passionne également pour les ouvrages de Peter May et de P. D. James.

Avocat et professeur de droit à l’Université de Reykjavik, il est aussi écrivain et le cofondateur du Festival international de romans policiers Iceland Noir.

Il se lance dans l’écriture avec la publication d’un roman policier intitulé Fölsk nóta (2009), premier volet de la série policière Dark Iceland dont l’intrigue se déroule dans et aux alentours de Siglufjördur, un idyllique et tranquille village de pêche le plus au nord de l’Islande, où personne ne ferme sa porte, et accessible seulement par un petit tunnel dans la montagne d’où sont originaires ses grands-parents et où a grandi son père et dont le personnage récurrent est le jeune policier Ari Thor, un policer débutant qui occupe son premier poste, loin de sa petite amie qui vit à Reykjavik, avec un passé qu’il n’arrive pas à laisser derrière lui.

Ari Thor ARASON – Né à Reykjavik – Age : 23 ans- Claustrophobe et orphelin depuis ses 13 ans

Profession : policier – Surnommé le Révérend

Etudes : Université de philosophie, puis de théologie

Situation de famille : Fiancé à Kristin (étudiante en médecine à Reykjavik)

Première affectation : Siglufjordur (petit port de pêche au Nord de l’Islande)

Particularités : première enquête

Dans Snjór (Snjóblinda, 2010), le jeune homme, qui vient tout juste de sortir de l’école de la police de Reykjavik, est envoyé à Siglufjördur, le village islandais le plus septentrional, pour enquêter sur un double meurtre.

Dans Mörk (Náttblinda, 2014), il est chargé de faire toute la lumière sur la mort de son collègue, l’inspecteur Herjólfur, assassiné alors qu’il se livrait à une enquête près d’une vieille maison abandonnée. Ce roman a été élu « Meilleur polar de l’année 2016 » selon le SundayExpress et le Daily Express, et a reçu le Dead Good Reader Award en Angleterre.

Pour Le Magazine littéraire, Mörk (Náttblinda) est « à mille lieux de ces facéties spirituelles et poudrées, (…) Ragnar Jónasson présente le visage livide et nu des sobres polars nordiques ».

Pour Grazia, « à 40 ans, Ragnar Jonasson s’impose désormais comme la nouvelle star du polar islandais ».

Nouvelliste, il écrit également en anglais. Il vit à Reykjavik.

Œuvre :

        Romans

Série Dark Iceland

  • Fölsk nóta (2009) – – Préquel sur Ari Thór – Uniquement  disponible en islandais
  • Snjóblinda (2010) – Publié en français sous le titre Snjór, (2016)
  • Myrknætti (2011) – Publié en français sous le titre Nátt, (2018)
  • Rof (2012) – Publié en français sous le titre Sótt, (2018)
  • Andköf (2013) – Publié en français sous le titre Vík, (2019)
  • Náttblinda (2014) – Publié en français sous le titre Mörk, (2017)

 

Trilogie La Dame de Reykjavik

  • Dimma (2015) – Publié en français sous le titre La Dame de Reykjavik, (2018)
  • Drungi (2016) – Publié en français sous le titre L’Île au secret, Paris, (2020)

 

Nouvelles

  • Death of a Sunflower, dans le Ellery Queen’s Mystery Magazine (janvier 2014)
  • Party of Two (2014)
  • A Moment by the Sea (2014)
  • A Letter to Santa, dans le Ellery Queen’s Mystery Magazine (janvier 2015)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *