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… vu par Arlette

Delaume Chloé ♦ Le cœur synthétique

Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. A quarante-six ans elle vient de quitter mari et confort, elle n’a jamais voulu d’enfants, et elle n’a pas de famille.

Tout le monde est mort. « C’est toujours elle qui change de vie, elle est moteur et non victime. Elle a confiance en son destin, se croit protégée par Aphrodite « . Adélaïde a heureusement un boulot captivant dans l’édition, non dénué de surprises. Attachée de presse, elle doit défendre des romanciers aux talents très divers mais souvent douteux…

Alors qu’elle s’élance sur le marché de l’amour, elle découvre avec effroi qu’avoir quarante-six ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l’idée de rencontrer un homme et de l’épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait.

Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d’apprivoiser le célibat, tout en effectuant au mieux son travail dans une grande maison d’édition. En seconde partie de vie, une femme seule fait ce qu’elle peut.

Les statistiques tournent dans sa tête et ne parlent pas en sa faveur : « Il y a plus de femmes que d’hommes, et ils meurent en premier. »

 

L’auteur :

Chloé Delaume, née Nathalie Dalain à Versailles le 10 mars 1973, est une écrivaine française.

Elle est également éditrice et, de manière plus ponctuelle, performeuse, musicienne et chanteuse. Son œuvre littéraire, pour l’essentiel autobiographique, est centrée sur la pratique de la littérature expérimentale et la problématique de l’autofiction.

Née en 1973 d’une mère française et d’un père libanais, Chloé Delaume passe une partie de son enfance à Beyrouth, où la guerre civile initiée en 1975 finit par détruire sa maison.

Elle est la nièce de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré en France depuis 1984 et condamné en 1986 à la réclusion à perpétuité pour des actes terroristes.

En 1983 se déroule à Paris un drame qui hantera toute son œuvre : alors qu’elle n’a que dix ans, son père tue sa mère devant ses yeux puis se suicide.

Elle va vivre chez ses grands-parents puis ensuite chez son oncle et sa tante. Voulant devenir professeure comme sa mère, elle s’inscrit à la faculté de Nanterre en Lettres modernes jusqu’à la maîtrise et entame un mémoire inachevé sur La Pataphysique chez Boris Vian.

Déçue par le système universitaire, elle quitte la faculté et se met à écrire en se prostituant dans des bars à hôtesses.

Elle épouse, en 1999, le philosophe Mehdi Belhaj Kacem dont elle se sépare en 2002. Elle se remarie en 2006 avec Thomas Scotto d’Abusco. En 2013, elle divorce.

Elle a aussi partagé sa vie, mais est séparée depuis, de Daniel Schneidermann avec qui elle a co-écrit Où le sang nous appelle.

Entre 1999 et 2002, elle fait partie du noyau dur de la revue littéraire EvidenZ fondée par Mehdi Belhaj Kacem (son mari jusqu’en 2002).

Elle publie trois textes dans la revue, pour la première fois sous le nom de Chloé Delaume. Le prénom « Chloé » a été emprunté à l’héroïne du roman L’Écume des jours de Boris Vian et le patronyme « Delaume » provient de l’ouvrage d’Antonin Artaud, L’Arve et l’Aume :

Elle quitte la revue après le deuxième et dernier numéro.

Elle publie son premier roman, Les Mouflettes d’Atropos, en 2000, chez Farrago/Léo Scheer.

Elle collabore ensuite un temps sous son vrai nom à la revue littéraire Le Matricule des anges.

En 2001, elle obtient le prix Décembre pour son deuxième roman, Le Cri du sablier.

De septembre à décembre 2001, elle est résidente au CipM.

Entre janvier 2005 et juin 2007, elle gère le forum de l’émission Arrêt sur images, présenté par Daniel Schneidermann sur France 5 et rend compte des critiques et remarques qui y sont écrites une fois par mois sur le plateau de l’émission. Chloé Delaume est alors surnommée « la forumancière ».

En 2008, elle participe à la création de la revue de littérature contemporaine Tina, aux éditions è®e.

En 2010, elle lance la manifestation « À vous de lire » dont elle est la marraine avec Frédéric Mitterrand.

Fin 2010, Chloé Delaume devient directrice d’une collection intitulée « Extraction » aux éditions Joca Seria. Elle souhaite alors éditer principalement de la littérature expérimentale, a.

D’avril 2011 à avril 2012, elle est pensionnaire à la Villa Médicis.

Entre le 6 mai 2012 et le 16 juillet 2012, elle tient une chronique hebdomadaire intitulée « Bienvenue à Normaland », sur le site Arrêt sur images.

Chloé Delaume a écrit plusieurs romans dans lesquels elle travaille la forme dans une recherche poétique originale. Son œuvre est avant tout expérimentale.

L’autofiction, la technologie et le numérique, le « bio-pouvoir », le jeu et les enjeux de la littérature sont des thématiques récurrentes dans son œuvre.

Elle définit elle-même son entreprise littéraire comme une « politique de révolution du Je » dont la volonté interne serait de « refuser les fables qui saturent le réel, les fictions collectives, familiales, culturelles, religieuses, institutionnelles, sociales, économiques, politiques et médiatiques. » (La Règle du Je)

Son travail est très influencé par celui de l’Oulipo et de Raymond Queneau en particulier, des pataphysiciens. Elle revendique de multiples sources d’inspirations allant de Pierre Guyotat à Christine Angot en passant par Marguerite Duras.

Outre son œuvre littéraire, elle compose, en compagnie de Julien Locquet, des textes qu’elle interprète sur les albums du groupe Dorine Muraille. Cette collaboration donne également naissance à des performances multimédia.

Elle participe aussi à l’écriture de pièces radiophoniques pour France Culture, par exemple Transhumances en 2006.

Son choc littéraire, le moment où, dit-elle, elle est « entrée en littérature », a été la lecture de L’Écume des jours de Boris Vian. Elle a écrit un essai sur l’apport de Boris Vian sur son œuvre, Les juins ont tous la même peau, titre emprunté au roman de Vian Les morts ont tous la même peau.

 

Le Cri du sablier, paru chez Farrago, lui vaut le prix Décembre en 2001. Il peut être considéré comme le deuxième volet d’une trilogie autofictive entamée avec Les Mouflettes d’Atropos et clôturée par La Vanité des somnambules.

En 2004, dans Certainement pas, elle s’inspire du jeu de Cluedo comme tissu narratif. En 2007, elle publie un livre-jeu, La nuit je suis Buffy Summers, se fondant sur l’univers de la série télé Buffy contre les vampires.

La même année, à la suite d’une commande des éditions Naïve, elle consacre un bref roman au groupe de rock français Indochine, dont elle est fan. En 2009, à l’occasion de la sortie du nouvel album de ce groupe, elle signe les paroles d’une de leurs chansons, Les aubes sont mortes.

 

Dans ma maison sous terre, publié en 2009, pousse l’aspect performatif de son œuvre à son paroxysme : le roman se fait arme et n’a d’autre prétention que de provoquer la mort de la grand-mère de Chloé Delaume.

En 2012, elle publie Une femme avec personne dedans (Seuil).

En 2013, elle publie, avec Daniel Schneidermann Où le sang nous appelle (Seuil), roman consacré à Georges Ibrahim Abdallah qui est à la fois son oncle et le chef présumé des Fractions armées révolutionnaires libanaises, condamné à perpétuité au cours d’un procès tenu en France en 1987 où il est accusé de l’assassinat de diplomates israélien et américains, procès en son temps couvert par Schneidermann, alors journaliste au Monde.

En 2015, elle expérimente l’écriture numérique et publie, avec l’illustrateur Franck Dion, Alienare, un livre hybride entre texte, film et musique, et déclare à Rue89 : « avec l’hybridité, on peut soudain toucher à quelque chose qui est une forme d’art total. »

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