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… vu par Arlette

Petitmangin Laurent ♦ Ce qu’il faut de nuit

Dans ce premier roman, Laurent Petitmangin, dans un style simple mais percutant, montre comment un jeune, dont le destin semblait tracé, peut dévier de sa trajectoire et sa vie basculer sans que rien ne le laisse prévoir.

Il raconte la fragile construction d’un jeune garçon orphelin de mère dans un coin de Lorraine. C’est une histoire de famille et de convictions, de choix et de sentiments ébranlés, une plongée dans le cœur de trois hommes.

Une histoire d’amour entre un père et ses fils qu’il élève seul depuis le décès de la mère, raconté par le père placé en narrateur avec comme enjeux quasi bibliques le bien et le mal, la transmission et le pardon.

En Lorraine, un père élève seul ses deux garçons, la « moman » est morte d’un cancer après trois ans de maladie, de chimio et d’hospitalisation, à l’âge de 44 ans.

Fus, appelé ainsi depuis ses trois ans, dont le vrai prénom est Frédéric, car passionné de football – Fußbal en allemand – est l’aîné. Gillou, lui n’a que dix ans, un an de moins que Fus. Quant au père, il est technicien à la SNCF sur les caténaires, travail difficile et dangereux en haut des pylônes supportant les câbles électriques, encarté à gauche. Il se rend toujours à la section où il constate tout de même qu’il vient de moins en moins de monde.

Difficile d’élever seul ses deux enfants. Les années passent, et les enfants grandissent. Ils choisissent ce qui a de l’importance à leurs yeux, ceux qu’ils sont en train de devenir. Ils agissent comme des hommes. Et pourtant, ce ne sont encore que des gosses.

Fus se met à fréquenter une bande qui semble l’influencer négativement. En grandissant il va se retrouver à soutenir des idées que son père ne peut admettre. Il s’engage sous une autre bannière et se rapproche des milieux de l’ultra-droite fascisante. Pourtant, à la maison, Fus reste un fils parfait, s’entendant bien avec Gillou qui réussit dans ses études.

La relation entre les trois hommes va s’en retrouver totalement modifiée. Le fils aîné Le père et le fils ne se comprennent plus mais continuent de s’aimer, jusqu’au crash qu’on sent arriver, de façon inéluctable.

Une des grandes forces du roman est de ne jamais donner de leçon, de ne jamais montrer du doigt, juste en présentant cette déshérence politique qui fait glisser de la gauche vers l’extrême-droite.

Peut-on pardonner à son enfant lorsqu’il s’éloigne des valeurs qu’on lui a transmises, lorsqu’il commet un acte terrible ?

Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, dénoue avec une sensibilité et une finesse infinies le fil des destinées d’hommes en devenir.

Il décrit à merveille comment des destinées d’hommes se construisent et comment des accidents de la vie, des croisements, des rendez-vous manqués, des incompréhensions, des silences, des non-dits, le hasard aussi, souvent, façonnent les individus et les embarquent sur des chemins sur lesquels ils n’auraient jamais dû se retrouver.

Ce livre est récompensé par le prix Stanislas 2020.

 

L’auteur :

Laurent Petitmangin, né en 1965 en Lorraine, au sein d’une famille de cheminots, passe ses vingt premières années à Metz, puis quitte sa ville natale pour poursuivre des études supérieures à Lyon.

Avant d’écrire, Laurent Petitmangin a été un collectionneur de livres, palpant les belles couvertures, cherchant les éditions rares. C’est aussi par ce biais qu’il devint un solide lecteur. Il vient de Lorraine, du côté de Metz. Père cheminot, conducteur de train, mère secrétaire médicale, bonnes études secondaires, classes préparatoires et école de commerce à Lyon. Ce parcours de garçon sérieux lui permet d’intégrer Air France dans les années 1990, société pour laquelle il travaille encore aujourd’hui. Ses responsabilités l’ont amené à vivre au Bangladesh, à Los Angeles, Londres et Amsterdam.

Laurent Petitmangin a obtenu le prix littéraire Georges-Brassens et le prix Stanislas 2020 du premier roman pour « Ce qu’il faut de nuit », premier roman sensible et puissant sur l’amour filial, l’engagement politique qui peut conduire au pire.

Ce premier roman est déjà en cours de traduction dans quatre langues (Allemagne, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni) et une adaptation pour Arte est prévue.

Aujourd’hui, Laurent Petitmangin vit avec sa femme qui est bretonne et leurs quatre enfants à Chantilly, en Picardie, près de Paris, pas trop loin de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, où il travaille toujours. Il voyage essentiellement pour parler de son roman, car les avions d’Air France restent souvent au sol et la vie dans l’entreprise n’est plus la même. Alors il prend le train.

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