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… vu par Arlette

Vargas Fred ♦ Quand sort la recluse

Une nouvelle enquête du commissaire Adamsberg. Nous avions laissé le commissaire Adamsberg dans les brumes islandaises (Temps glaciaires).

Forcé de renter à Paris par un crime, une femme écrasée à deux reprises par un véhicule, qu’il résout en deux coups de cuillers à pot et quelques gravillons, Adamsberg découvre bientôt une série de décès d’hommes âgés, à la suite d’une morsure d’araignée, la recluse. Or, les morsures de cet arachnide ne sont pas mortelles, mais produisent d’ordinaire une nécrose des tissus humains. On évoque bien une mutation liée à l’usage des pesticides, mais le commissaire Adamsberg n’y croit guère. Il perçoit, dans le nuage éthéré de ses pensées, un obscur assassin qui officierait afin d’accomplir une sourde et terrible vengeance. Il ne reste plus qu’à convaincre tout le commissariat de se lancer à la poursuite de ce meurtrier. Une tâche qui va se révéler bien plus ardue qu’il n’y paraît, provoquant des scissions au sein d’une équipe qui doute du bien-fondé des certitudes d’Adamsberg.

Tout est en place pour une belle enquête. L’équipe d’Adamsberg est au complet : Danglard, Violette Retancourt et ses 110 kilos de force et de solidité, Veyrenc le fidèle lieutenant, Estalère et son don de faire un excellent café, Froissy l’angoissée au placard secret rempli de pâtés de sanglier et de mousses de canard au poivre vert, l’hypersomniaque Marcadet protégé par toute la brigade, Voisenet le zoologue contrarié, sans oublier la Boule, le chat qui dort sur la photocopieuse et qui ne mange qu’à l’étage dans la salle du distributeur à boissons.

Il faudra beaucoup de tact à Adamsberg pour dénouer ce nœud d’Arachné. D’autant plus, que Danglard, lui mettra bien des bâtons dans les roues et qu’il devra reconquérir toute son équipe pour résoudre son enquête de recluse. Chacun va contribuer avec ses compétences à faire le clair sur une histoire qui aurait pu rester archivée sous le statut de fait divers, si les « bulles » d’Adamsberg, ne l’avaient pas hanté jusqu’à l’insomnie. Car on le sait désormais, la recluse est une timide araignée qui peut tout au plus mordre si elle se sent attaquée, et laisser juste une petite trace sur l’infortunée victime. Alors dix morts par venin de recluse, ça attire l’attention du commissaire. D’autant que des réminiscences lointaines font surface dans son esprit brumeux.

Jouant sur la polysémie du mot recluse, le roman nous balade de Paris à Lourdes en passant par Nîmes et sa région, collectant au passage quelques boules à neige, deux cuillers et des araignées en pagaille ! On y croise aussi une brigade qui se mobilise pour nourrir une famille de merles, le chat qui ne ferait pas sept mètres pour réclamer sa nourriture, autant de présences animales chaleureuses et pleines de vie.

Gageons qu’après avoir tourné la dernière page, le lecteur sera devenu intime avec l’arachnide qui répond au mystérieux nom de recluse. Sans oublier de faire référence aux femmes bannies de la période médiévale (thème traité avec brio par Carole Martinez dans le Domaine des murmures).

 

L’auteur :

Fred Vargas, de son vrai nom Frédérique Audoin-Rouzeau, née le 7 juin 1957 à Paris, est une écrivaine, une archéozoologue et une médiéviste française. Elle est connue pour ses romans policiers mettant en scène, pour la plupart, le commissaire Adamsberg. Auteur de romans policiers à fort succès et adaptés au cinéma et à la télévision, elle a choisi, avec le nom « Vargas, » le même pseudonyme que celui de sa sœur jumelle Joëlle, peintre contemporaine connue sous le nom de Jo Vargas, en référence à Maria Vargas, personnage joué par l’actrice Ava Gardner dans le film « La Comtesse aux pieds nus. »

Fred Vargas est la fille de l’écrivain Philippe Audoin et d’une ingénieure chimiste. Son frère est l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau et sa sœur jumelle la peintre Jo Vargas.

Elle fait ses études secondaires au lycée Molière à Paris.

Après son bac, elle entreprend des études d’histoire. Elle est titulaire d’un doctorat en histoire sur la peste au Moyen Âge. Passionnée d’archéologie, pendant toute sa scolarité, elle ne cesse d’effectuer des fouilles. Elle suit des études d’histoire, s’intéresse tout d’abord à la Préhistoire puis choisit d’orienter son parcours vers le Moyen-Age. Elle a écrit en 2003 un ouvrage scientifique sur la peste noire (Les Chemins de la peste, le rat, la puce et l’homme).

Elle travaille un temps comme chercheuse au CNRS. Elle est spécialiste d’archéozoologie. Elle travaille également sur des chantiers de fouilles archéologiques, notamment rue de Lutèce (face au Palais de Justice) à Paris et au monastère de La Charité-sur-Loire.

Fred Vargas écrit son premier roman policier, Les Jeux de l’amour et de la mort, au milieu des années 1980 en parallèle à son travail sur un chantier archéologique dans la Nièvre. Cela lui permet de gagner le prix du premier roman du festival de Cognac en 1986 et de publier ce roman dans la collection Le Masque.

Depuis, elle publie à un rythme soutenu une quinzaine de romans, des nouvelles et deux bandes dessinées en collaboration avec Edmond Baudoin.

Elle fait de son frère Stéphane Audoin-Rouzeau le personnage d’un de ses romans.

Depuis que le Figaro publie la liste des dix romanciers ayant le plus vendu (toutes éditions confondues) sur une année, Fred Vargas fait régulièrement partie du classement.

À partir de 2004, Fred Vargas s’engage très activement dans la campagne qui réunit nombre de politiciens et d’intellectuels de gauche et d’extrême gauche française protestant contre l’extradition de l’ancien activiste italien d’extrême gauche Cesare Battisti condamné pour quatre meurtres dans la péninsule. Elle enquête pendant sept ans sur ce cas.

Devant ce succès grandissant, l’auteur se fait de plus en plus rare, fuyant tout ce qui peut ressembler à une mondanité. Elle occupe le temps libre qui lui reste à sa famille: son fils, maintenant lycéen, et sa sœur, qu’elle considère comme sa moitié.

 

La principale série de Fred Vargas est celle du commissaire Jean-Baptiste Adamsberg.

Fred Vargas a aussi publié, avant les années 2000, plusieurs romans sans ce personnage. Elle a écrit quelques textes non-narratifs et a collaboré plusieurs fois avec le dessinateur Edmond Baudoin, pour des bandes dessinées et des recueils de Nouvelles illustrés.

Parmi les caractéristiques du style de Vargas, on trouve une attention importante portée aux personnages et intrigues secondaires et aux dialogues, ainsi qu’une forte présence des légendes et de l’Histoire. Ses romans font aussi la part belle à l’humour et la poésie.

 

Personnages principaux :

Les policiers :

Direction :

  • Jean-Baptiste Adamsberg: personnage principal de la plupart des romans, commissaire flâneur et flegmatique, dépourvu de véritable méthode d’investigation.

 

Officiers :

  • Adrien Danglard : capitaine – puis commandant – méthodique au savoir immense, adjoint du précédent ; divorcé, père de cinq enfants qu’il élève seul, et grand consommateur de vin blanc et de bière.
  • Mordent : capitaine – puis commandant – deuxième adjoint au commissaire.
  • Violette Retancourt : lieutenante appréciée d’Adamsberg. De forte corpulence, elle peut « tout » faire en canalisant son énergie, et est surnommée la « déesse » par le commissaire.
  • Froissy : lieutenante, appartient à la Brigade. Obsédée par la nourriture (elle en cache partout). Informaticienne du groupe.
  • Mercadet : lieutenant, possède une particularité : doit dormir absolument toutes les trois heures, mais arrive à combler ce défaut par une certaine efficacité et un certain entrain au sein du service d’Adamsberg.
  • Voisenet : lieutenant dans l’équipe de policiers dirigée par Adamsberg, s’intéresse à la zoologie à coté de son travail.
  • Noël : lieutenant au sein du service, « issu de la rue », peut être assez brutal et colérique, surtout « en interne ».
  • Louis Veyrenc : lieutenant, Béarnais comme Adamsberg. Parle occasionnellement en alexandrins.

Gardiens de la paix :

  • Estalère : brigadier dont les yeux verts sont en permanence écarquillés. Protégé par Adamsberg mais considéré comme idiot par le reste de la Brigade. Il adule à la fois le commissaire et Retancourt.
  • Justin : brigadier au sein du service. Vit avec ses parents.
  • Kernorkian : dit, parfois, par l’équipe, Kerno : brigadier au sein du service, un certain caractère. Quelques chicailles avec Veyrenc au sujet des origines géographiques de ces deux protagonistes, jamais, « curieusement » avec Adamsberg.
  • Lamarre : brigadier au sein du service. Vit seul avec ses enfants.
  • Gardon : brigadier au sein du service. Serviable mais possède un défaut : Un petit peu sensible concernant la vue et le contact du sang ou de tout ce qui ne parait pas propre.

Les historiens :

  • Mathias Delamarre, dit « Saint Matthieu » : archéologue spécialiste de la Préhistoire. Il erre souvent en sandales et quasiment nu.
  • Marc Vandoosler, dit « Saint Marc » : homme de ménage le jour, médiéviste la nuit. Adore porter de lourdes bagues en argent.
  • Lucien Devernois, dit « Saint Luc » : historien spécialiste de la Grande Guerre. Il utilise beaucoup d’expressions de cette guerre. Inspiré du frère de Fred Vargas, ce personnage à la mèche noire en bataille dans Debout les morts a fait dire à Stéphane Audoin-Rouzeau: « Lucien Devernois, c’est bien moi ».
  • Armand Vandoosler, dit « Vandoosler le Vieux » : ancien flic assez âgé, épicurien et fantasque, oncle et parrain de Marc.

Les trois historiens « sanctifiés », surnommés « Les Évangélistes », vivent dans la même maison, « La Baraque Pourrie » avec Armand Vandoosler. Chaque habitant occupe un étage entier, déterminé en fonction de l’époque étudiée. Mathias s’est ainsi installé au premier étage, Marc au second, Lucien au troisième, et Armand au quatrième (pour respecter l’ordre chronologique et non pas par irrespect envers le vieux monsieur).

Les autres :

  • Camille Forestier : musicienne-plombier, elle a une relation mouvementée avec le commissaire Adamsberg. Surnommée « la petite chérie » lors de ses premières apparitions. Elle aura un enfant du commissaire, nommé Thomas dit Tom.
  • Armel Louvois, dit Zerk : premier fils d’Adamsberg (apparaît dans Un lieu incertain, L’Armée furieuse et Temps glaciaires).
  • Joss Le Guern : ancien marin devenu avec succès crieur Son éthique personnelle le porte à supprimer de sa criée certains messages qu’il juge « douteux ».
  • Ludwig Kehlweiler, dit l’Allemand, ancien flic, possède un réseau national d’indicateurs et un crapaud nommé Bufo.
  • La Boule : le chat du commissariat (première apparition dans Pars vite et reviens tard), grosse boule de poils qui ne connaît que Danglard et surtout Retancourt, dont il a sauvé la vie.

 

Série Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg

  • L’Homme aux cercles bleus (1991) – Prix du festival de Saint-Nazaire 1992.
  • L’Homme à l’envers (1999) – Grand prix du roman noir de Cognac 2000, Prix mystère de la critique 2000.
  • Pars vite et reviens tard (2001) – Prix des libraires 2002, Prix des lectrices ELLE 2002, Deutscher Krimipreis.
  • Sous les vents de Neptune (2004)
  • Dans les bois éternels (2006) – Trophée 813 du meilleur roman francophone 2006
  • Un lieu incertain (2008)
  • L’Armée furieuse (2011)
  • Temps glaciaires (2015) – Prix Landerneau polar 2015
  • Quand sort la recluse (2017)

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