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… vu par Arlette

Torreton Philippe ♦ Mémé

« Mémé, une grand-mère normande, une femme simple et généreuse, c’est ma mémé, même si ça ne se dit plus.

Mémé me manque. Ses silences, ses mots simples au Scrabble, sa maison humide et pleine de courants d’air, enfouie sous les pommiers et son buffet d’avant-guerre, où Philippe Torreton a vécu les plus merveilleuses vacances de son enfance.

« Ce texte est subjectif, partial, amoureux, ce n’est pas une enquête, ce n’est pas une biographie, c’est ce que j’ai vu, compris ou pas, ce que j’ai perdu et voulu retenir, une dernière fois. » Philippe Torreton.

L’auteur possède une belle plume, un vrai style, qui rend le livre à la fois éminemment personnel et universel.

On a tous ou presque eu une mamie ( une mémé plutôt même si le terme, comme il le dit, ne s’utilise plus vraiment de nos jours) de la campagne chez qui le frigo était presque vide m ais chez qui, en même temps on y mangeait toujours très bien, une mémé qui retirait l’écume qui se formait au-dessus des bassines de confiture en train de cuire, afin de la mettre dans une assiette et l’étaler sur du pain, qui maitrisait l’art du recyclage, avec un même poulet pouvait faire 3 repas ‘ « rôti le dimanche midi, froid avec de la mayonnaise le dimanche soir, en vol au vent le lundi soir). Bref, une mémé, qui était, comme il le dit lui-même avec une très belle formule  » silencieuse de mots mais bavarde en preuves d’amour ».

On sent la fierté de l’auteur de venir de cette femme modeste, cette femme de la campagne qui perdit son frère le 6 juin 1944, cette femme humble, pauvre, et solitaire à la fin de sa vie, mais qui ne lâcha jamais le fil du labeur et des gestes du quotidien le plus banal et le plus exigeant qui soient lorsqu’on travaille dans une ferme.

Ecrit sept années durant, le pouce sur l’iPhone, dans les trains, les avions, Mémé dessine à petites touches l’univers modeste de Denise Porte, la « Mémé Alain » de Triqueville, canton de Pont-Audemer (Eure), née en 1914 dans la Normandie pluvieuse et décédée en 2005. Il n’a jamais bougé de cette Normandie, sauf un soir, pour aller voir son petit-fils jouer à la Comédie-Française, place Colette. Trois fois veuve, seule dans sa ferme humide, cette mémé taiseuse, rude à la tâche et au mal, embrassait peu mais nourrissait grassement, et donnait le moindre sou mis de côté. Fourré chez elle dès qu’il pouvait échapper à l’école, son petit-fils devenu grand acteur lui rend un hommage aussi sobre que fut sa vie, les blouses acryliques, soupes roboratives et larges mouchoirs multi-usages évinçant les envolées lyriques.

Il aimait sa mémé. Ce livre qui lui échappe n’avait qu’un but. Egoïste. La faire revivre.

L’auteur :

Philippe Torreton est un acteur français né à Rouen le 13 octobre 1965. Il est ancien conseiller de Paris, élu dans le 9ème arrondissement de la capitale. Il est aussi depuis 2015, devenu le parrain du festival des Didascalies (festival lycéen et collégien de théâtre, de danse et de musique) se déroulant chaque année dans la ville de Périgueux.

Né à Rouen (Seine-Maritime), il est le fils de Jacques Torreton, employé de station-service, et de Claudine Lehoc, institutrice et militante syndicale. Philippe Torreton grandit dans la banlieue de Rouen et a deux frères portés à cette époque sur le football. Élève à l’école Maryse-Bastié puis au collège Édouard-Branly de Grand-Quevilly et au lycée les Bruyères à Sotteville-lès-Rouen, il s’y découvre un certain amour pour le théâtre qu’il ne cessera de développer, grâce à des professeurs, aimant souvent citer son professeur de français Gérald Désir qui encourage ses premiers pas dans le club de théâtre dans la salle polyvalente du collège Édouard-Branly où l’avait inscrit sa mère à un stage d’initiation.

Élève en 1987 du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, il fréquente les classes de Madeleine Marion, Catherine Hiegel et Daniel Mesguich ; il y reviendra pour enseigner à partir d’octobre 2008.

Vie professionnelle

Philippe Torreton ne se prédestine pas immédiatement à une carrière artistique. Alors qu’il attend son dossier pour passer le concours d’inspecteur de police, le jeune homme tente le Conservatoire d’art dramatique de Paris en 1987, qu’il réussit. Philippe Torreton entre en 1990 à la Comédie-Française comme pensionnaire sur les conseils de son professeur Daniel Mesguich. Il en devient le 489ème sociétaire en 1994. Après des rôles parmi les plus prestigieux comme Scapin, Lorenzaccio, Hamlet, Henry V, Tartuffe ou George Dandin, il quitte la Comédie-Française en 1999 avec fracas.

Distingué en 1996 par le Prix Gérard Philipe de la ville de Paris, il interprète le rôle-titre du film Capitaine Conan de Bertrand Tavernier évoquant un épisode peu connu de la Première Guerre mondiale puisqu’il se passe en 1919. Son jeu dans ce rôle lui vaut le César du meilleur acteur en 1997. C’est lors de la représentation du Malade imaginaire en 1991, que Bertrand Tavernier l’avait repéré, lui proposant le rôle d’Antoine dans L.627, sorti en 1992.

Acteur engagé, il interprète en 1999, toujours pour Tavernier, le rôle d’un directeur d’école maternelle confronté à la misère sociale dans Ça commence aujourd’hui.

Il est nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 1999.

Au théâtre, il interprète, entre autres, en 2000, On ne refait pas l’avenir d’Anne-Marie Étienne, son épouse, mais continue à tourner régulièrement.

En 2001, il donne la réplique à Charlotte Gainsbourg dans Félix et Lola de Patrice Leconte.

En 2002 il est Monsieur N. pour Antoine de Caunes.

On le retrouve comédien dans des projets aussi variés qu’ambitieux. Il joue un père de famille pour le moins louche et troublant dans le thriller Corps à corps (2003) aux côtés d’Emmanuelle Seigner avant d’interpréter un gardien de phare bourru au grand cœur dans la comédie dramatique L’Équipier (2004).

 En 2005, il apparaît dans Les Chevaliers du ciel de Gérard Pirès. Il est nommé pour le César du meilleur acteur cette même année.

En 2005, il est Robert III d’Artois, dans la série diffusée sur France 2, Les Rois maudits, puis on le voit dans La vie sera belle en 2007. Entre temps, il est M. Seurel dans Le Grand Meaulnes et Charles dans Ulzhan de Volker Schlöndorff.

Torreton est en tournée durant la saison 2005-2006 dans le rôle de Richard III, dans la pièce du même nom de William Shakespeare, dans une mise en scène de Philippe Calvario. Il se lance à son tour dans la mise en scène en 2007, montant et interprétant Dom Juan de Molière.

En 2006-2007, Antoine Benoit tourne Au cœur de l’acteur (sorti en 2008), un film documentaire dans lequel il suit Philippe Torreton dans son travail de comédien dans la pièce d’Alexandre Griboeidov Du Malheur d’avoir de l’esprit, créée en mars 2007 au Théâtre national de Chaillot. Le film met en avant l’engagement de l’acteur sur scène et son engagement politique, nous entraînant aussi dans la campagne présidentielle à laquelle Philippe Torreton participa activement.

En 2010, il joue dans Un pied dans le crime de Labiche, dans une mise en scène de Jean-Louis Benoît puis en 2011 dans Hamlet, mis en scène par Jean-Luc Revol.

Durant les saisons 2012-2014, il tient le rôle-titre dans Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, mis en scène par Dominique Pitoiset. Il obtient le Molière du meilleur comédien dans le théâtre subventionné pour ce rôle en 2014.

Il tourne Présumé coupable de Vincent Garenq et est nommé pour le César du meilleur acteur en 2012.

Engagement politique

Lors de l’élection présidentielle de 2007, Philippe Torreton soutient Ségolène Royal et s’est exprimé lors d’une réunion de la candidate au Bataclan (Paris 11ème) le 20 février 2007.

Il s’engage avec Bertrand Delanoë pour les élections municipales de 2008 à Paris en tant que candidat dans le 9ème arrondissement et est élu conseiller de Paris. Il est également conseiller d’arrondissement, délégué à la citoyenneté, à la lutte contre les discriminations et aux évènements artistiques auprès du maire du 9ème. Il est au Conseil de Paris en 2010 le second élu le plus absent, après la ministre Christine Lagarde et devant l’autre membre du gouvernement, Pierre Lellouche, et le premier parmi les élus de la majorité socialiste. Il démissionne de son mandat au Conseil de Paris en novembre 2010.

Le 17 décembre 2012 il publie dans Libération une lettre s’adressant à Gérard Depardieu, en lui reprochant son exil fiscal : « Alors Gérard, t’as les boules ? », qui provoque diverses réactions dans le milieu artistique. L’actrice Catherine Deneuve, publiera quelques jours plus tard, toujours dans Libération, une réponse, où elle fait part de sa « colère », en réaction au jugement de Torreton. Fabrice Luchini ironisera en commentant que « ceux qui jugent Depardieu, surtout s’ils sont acteurs, […] devraient juger aussi leur filmographie ».

Il soutient Yannick Jadot pour la primaire de l’écologie de 2016.

 

Vie privée

Il a été le compagnon de la journaliste française Claire Chazal entre 2003 et 2007.

Il a deux enfants, Louis et Marie, de son mariage avec la réalisatrice Anne-Marie Étienne.

Il se marie le 20 juin 2008 avec la journaliste Elsa Boublil avec qui il a deux autres enfants, Jeanne et Simon, nés respectivement en 2008 et 2011.

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