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… vu par Arlette

Solano Thibaut ♦ Les noyés du Clain

Il faut se méfier de l’eau qui dort. Celle du Clain dans ses méandres et ses silences qui serpentent Poitiers recèle des sirènes et des monstres humains. Encore faut-il savoir se pencher au-dessus du pont et bien regarder.

Un roman noir sur un monde étudiant où l’on vit, où l’on aime et parfois… l’on tue. Toute légende urbaine a un fond de vérité. Roman écrit d’après une histoire vraie.

11 septembre 2001. Simon Magny, 18 ans, le narrateur, vient de s’installer à Poitiers – pour ses études de cinéma – dans un studio de 20m2.

Dans la première partie du roman, il nous raconte son arrivée dans le monde étudiant et son entrée comme pigiste à L’Écho, le journal local, pour payer ses études.

C’est la première fois qu’il s’éloigne ainsi de ses parents. Ce n’est donc pas n’importe quel jour, pour le jeune homme (ni pour le reste de la planète d’ailleurs !). Il a très rapidement sympathisé avec Robin, un autre étudiant – d’un naturel plutôt fragile – et accessoirement un peu trop régulièrement alcoolisé … Simon (quelque peu agoraphobe) et sujet à de régulières angoisses, va se faire aider – au fil des mois – par un médecin et finir par consommer des petites pilules bleues (qui fort malheureusement le rendront relativement dépendant …)

Stagiaire à la rubrique des faits divers, au journal l’Écho de Poitiers, afin de soulager financièrement ses parents aux revenus modestes, Simon couvre les kermesses et les inaugurations. Jusqu’au jour, en avril 2004, où le corps d’un jeune homme est découvert dans le Clain, la rivière qui traverse la ville.

Simon se lance avec passion dans l’enquête. Il interroge tous les témoins. Chacun y va de sa théorie sur les coupables : un gang de voleurs d’organes ou un tueur en série…

Mais Simon découvre que plusieurs étudiants sont morts dans des circonstances étranges. Rites sacrificiels? Jeux de rôle ou urbsex qui auraient mal tourné? Les légendes brouillent le réel. Il se passionne pour cette enquête, mais ne peut démêler le vrai du faux. Et bientôt, en ce jour de mai 2004, on cherche à le faire taire. Il est agressé. Il décide de quitter la ville.

Dans la seconde partie du livre, on le retrouve en 2015, devenu journaliste. Licencié de son journal dans l’est de la France, il retourne travailler à l’écho à Poitiers. Et il se passionne de nouveau pour cet étudiant retrouvé mort et plusieurs autres énigmatiques disparitions avec quelques similitudes. Il avance pas à pas et dans la dernière partie, il arrive à démêler les fils embrouillés et réussir à comprendre les causes des morts, accidents, meurtres ou suicides ?

L’auteur (qui n’est pas journaliste pour rien !) revient sur des évènements majeurs, ayant traversé notre quotidien durant pratiquement deux décennies (attentats des tours du World Trade Center, duel politique entre Jean-Marie le Pen et Jacques Chirac, fusillade dans les locaux de Charlie Hebdo …) tout en insistant volontairement sur de (vrais) faits divers, plus ou moins passés sous silence, tels que ces mystérieuses noyades d’étudiants, en Nouvelle Aquitaine …

Ce roman est aussi un polar sur les années 1990 et le début des années 2000, la moyennisation de la France, son effilochage social, ses gens de peu et ses invisibles de périphérie, ses friches industrielles et ses vies retirées.

Thibaut Solano sait très bien capter l’esprit de mélancolie. La jeunesse qui est en train de se défaire. Ces moments professionnels d’une presse fragilisée par les temps numériques nouveaux. Pour tenir dans ce monde silencieux et inquiet, le héros doit composer avec ses insomnies et ses petits démons. Et remuer la vase au fond du Clain.

 

L’auteur :

Journaliste d’investigation, familier des sujets police-justice. Passionné d’affaires criminelles, il a également travaillé sur le thème des légendes urbaines.

Titulaire d’une licence Arts du spectacle de l’UFR Lettres et langues et Poitiers et diplômé à l’École supérieure de journalisme (l’ESJ) de Lille – Montpellier (2007-2009), Thibaut Solano a commencé sa carrière de journaliste au quotidien La Montagne où il est resté de 2007 à 2014, avant d’intégrer l’Express.

Il est désormais rédacteur en chef Web à Marianne. Il est l’auteur de deux enquêtes judiciaires publiées aux Arènes. Les Noyés du Clain est son premier roman.

Il utilise la voie du roman pour éclairer des faits divers non résolus.

Auteur du livre « Les Disparues » (2016) sur l’affaire Jacques Rançon, publié aux éditions Les Arènes, Thibaut Solano a travaillé pendant plusieurs années sur l’affaire des disparues de Perpignan.

En 2018 paraît « La voix rauque » sur l’affaire Grégory.

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