Huitième roman de Louise Penny, le beau mystère, nous entraîne non pas comme pour les romans précédents dans le village fictif de Three-Pines, cet havre de tranquillité trop souvent troublé par une mortalité brutale et imprévisible,
mais dans une sorte de huis clos au sein de l’abbaye Saint-Gilbert-entre-les-loups, un monastère caché au milieu d’une forêt sauvage du Québec,
où survivent une poignée de « Gilbertins », un ordre religieux qui, pourchassé par l’inquisition, s’était fait oublié depuis plusieurs siècles en s’exilant en terre canadienne.
Ce monastère Saint-Gilbert-entre-les-Loups n’admet aucun étranger. Vingt-quatre moines y vivent cloîtrés. Ils cultivent des légumes, élèvent des poules, fabriquent du chocolat et prient. Ironiquement, la communauté qui a fait vœu de silence est devenue mondialement célèbre pour ses chants grégoriens, dont l’effet est si puissant qu’on le nomme « le beau mystère ».
Frère Luc est portier, mais à quoi sert un portier si on n’ouvre jamais la porte? Il est le plus jeune moine et celui qui chante le plus juste. Il explique que, dans une communauté qui chante, un moine seul n’est rien. Mais ensemble, ça donne quelque chose de divin. Le chant grégorien est le moyen que le moine à de se rapprocher le plus près de Dieu.
Des études scientifiques sont venues à la conclusion que les chants grégoriens produisent des ondes alpha qui correspondent à un état de grand calme, à une paix intérieure. L’Église appelle cet effet «le beau mystère», d’où le titre du roman.
Cette harmonie est rompue par l’assassinat dans le jardin réservé à son abbé, du chef de chœur, le prieur de l’abbaye et l’intrusion de l’inspecteur Armand Gamache et de son adjoint Jean-Guy Beauvoir.
Aucune route ne desservant le moutier, c’est en barque que nos enquêteurs s’y rendent.
Les enquêteurs cherchent l’accroc dans ces vies consacrées à l’amour de Dieu, mais cette retraite forcée les place aussi face à leurs propres failles. Pour trouver le coupable, Gamache devra d’abord contempler le divin, l’humain, et la distance qui les sépare.
L’inspecteur et son adjoint assistent aux prières des moines (matines, laudes, vêpres, etc.) et les entendent chanter «les mots de Dieu avec la voix de Dieu». Pourtant, l’un de ces moines est un assassin. Pour faire leur travail, les moines ont seulement besoin de croire; Gamache, lui, a besoin de preuves.
Gamache trouve étrange le nom «Saint-Gilbert-entre-les-Loups» un peu étrange. Est-ce parmi les loups ou entre deux loups? Y aurait-il deux loups dans la bergerie? En questionnant chaque moine, un vieux principe refait surface: quand une personne dit «honnêtement», cela annonce souvent un mensonge.
L’inspecteur Gamache trouve mystérieux qu’un dominicain arrive soudainement du Vatican en pleine enquête. Il ne s’intéresse pas au meurtre qui a eu lieu à Saint-Gilbert-entre-les-Loups mais au trésor qu’on dit caché dans le monastère. Les moines ont depuis longtemps exploré et fouillé chaque coin et recoin, toujours en vain. Mais si ledit trésor «n’était pas du tout caché, mais à la vue de tous»…
La musique a une immense importance dans cette nouvelle. Le premier enregistrement des chants du monastère a eu un énorme succès commercial permettant une nette amélioration de la vie des moines, mais provoquant aussi une scission au sein de la communauté. Certains approuvaient l’idée du prieur de faire un deuxième enregistrement, tandis que d’autres demeuraient fidèles à leur abbé qui s’y opposait. Cette dissidence dans un lieu de prières a-t-elle provoqué le geste fatal qui coûta la vie à un de ses membres ?
Dans ce roman, l’inspecteur-chef Gamache et l’inspecteur Beauvoir démasquent encore une fois le meurtrier, mais ils élucident également le « beau mystère » lié aux chants grégoriens et au monastère. Malgré leur succès professionnel, on découvre de plus en plus de failles dans l’armure des deux enquêteurs… et de souffrance dans leur vie personnelle. Plus humains que jamais, ils entrainent le lecteur avec eux dans une descente aux enfers qui se poursuivra jusque dans le roman suivant intitulé « La faille en toute chose ».
Depuis le début de cette série, nous savons que les supérieurs de Gamache, responsable de l’arrestation et de la condamnation d’un des leurs, veulent le détruire. C’est à travers Beaudoin, profitant de sa faiblesse physique et de son sentiment de culpabilité pour ne pas encore avoir avoué à son mentor qu’il entretient des relations avec sa fille, que le directeur Francoeur va porter de nouveaux coups.
Le beau mystère vous en apprendra beaucoup sur les origines du plain-chant qui fut par la suite appelé chant grégorien. Ce chant a été composé avant même l’invention des notes de musique. On utilisait alors des neumes (du grec pneuma: souffle, émission de voix).
L’auteur :
Louise Penny, née le 1er juillet 1958 à Toronto, dans la province de l’Ontario, est une femme de lettres canadienne surtout connue pour ses romans policiers. Son père exerce la fonction de gestionnaire de fonds. Sa mère était une fervente lectrice de fiction et de non-fiction, avec un goût particulier pour la fiction policière et Louise a grandi en lisant des auteurs de mystères tels qu’Agatha Christie. , Georges Simenon , Dorothy L. Sayers et Michael Innes.
Elle fait des études à l’Université Ryerson, où elle obtient un diplôme en 1979, avant de faire une carrière de 18 ans comme animatrice radio pour la CBC.
Son éloignement dans des postes loin de sa famille et de ses amis lui valent de sombrer dans l’alcool. C’est un appel aux Alcooliques Anonymes et la rencontre avec son défunt mari Michael Whitehead, né le 10 avril 1934, cardiologue et chef du service d’hématologie à l’Hôpital de Montréal pour enfants dont la femme est décédée deux ans plus tôt, qui, selon l’écrivaine, lui ont permis de surmonter ses démons après un long et douloureux processus. À 35 ans, elle reconnaît publiquement avoir un problème d’alcool dépendance qu’elle parvient à résoudre en suivant une cure.
Après son mariage, elle démissionne de son poste à la CBC et se lance dans l’écriture d’une série policière ayant pour héros Armand Gamache, un inspecteur-chef responsable des homicides à la Sûreté du Québec, dont plusieurs des enquêtes se déroulent dans les Cantons de l’Est. C’est un homme charmant, qui sait écouter poliment mais aussi être ferme. On a beau aimer grandement les commissaires grincheux, ayant un passé trouble, des démons intérieurs qui les grugent, des histoires familiales envahissantes, des défauts énormes qui nous les rendent quand même très sympathiques, il est bon de temps en temps d’en rencontrer un qui ait quelques qualités et surtout qui soit sympathique. Le policier de Louise Penny, Armand Gamache, possède toutes les qualités que Louise Penny admire chez un homme : il est charmant, gentil, attentionné, poli, intègre, plein d’humour, préoccupé du sort de ses policiers, non violent, capable de se défendre – une sorte de Guido Brunetti québécois (personnage des romans de Donna Leon) … C’est un adulte, un homme bon. Il sait aimer et il est aimé. Son adjoint Jean-Guy Beauvoir a une admiration sans limite pour lui.
Ce personnage lui a été inspiré par son mari. Son nom lui a été inspiré par une rencontre chez son tailleur, où elle aperçoit un homme aux grands yeux marron ayant pour nom de famille « Gamache ». Elle a su tout de suite que c’était le nom de son personnage.
La série, traduit en plusieurs langues, rafle plusieurs prix et obtient un succès critique et public.
En 1999, elle et son mari décident d’aller vivre dans les Cantons-de-l’est québécois, à Knowlton. De tous les écrivains anglophones de cette province où les tensions linguistiques entre la majorité francophone et la minorité anglophone ne sont jamais loin, Louise Penny est l’une des rares dont le personnage principal est un Canadien francophone.
Louise Penny a eu le succès littéraire très tard. Elle a 46 ans lorsque son premier roman « Nature morte », (En plein cœur) a été publié, après avoir été refusé et ignoré par cinquante maisons d’édition.
Encouragée par son mari, elle a écrit une première version de son roman, dans lequel le lecteur rencontre pour la première fois le célèbre inspecteur alors qu’il enquête sur le meurtre d’une artiste du petit village Three Pines. Elle a créé un village où elle aimerait vivre, peuplé de gens dont elle voudrait être l’amie, et un personnage principal qu’elle serait prête à épouser. »
Ce roman a remporté les prix les plus prestigieux : du Creasy Dagger en Grande-Bretagne à l’Arthur-Ellis Award au Canada, en passant par les Anthony et Barry Awards aux États-Unis, tous destinés à récompenser un premier roman.
Les livres de cette série lui ont valu quatre fois de suite (2007–2010) le prix Agatha pour le roman policier de l’année qui se conforme au style d’Agatha Christie. Ils lui ont valu d’être nominée aux côtés de Harlan Coben, Michael Connelly et Stieg Larsson dans de nombreux prix internationaux.
Ses romans ont été publiés en 23 langues.
Pendant plusieurs années, Penny a résisté à la vente des droits de télévision ou de cinéma sur ses livres, craignant de perdre le contrôle créatif de ses personnages. Cependant, lorsqu’elle a été approchée par PDM Entertainment et Attraction Images qui lui a offert un poste de productrice exécutive pendant la production du film, elle a changé d’avis et a accepté de leur vendre les droits sur ses deux premiers romans. Still Life est entré en production à l’automne 2012, avec l’acteur britannique Nathaniel Parker en tant que chef inspecteur Gamache. Le film a été diffusé sur CBC TV en 2013.
Louise Penny est nommée membre de l’Ordre du Canada en 2013 et Officière de l’Ordre National du Québec en 2017.
En août 2017, amie du couple, elle invite à North Hatley, en Estrie, l’ancien président américain Bill Clinton, son épouse et ex-candidate à la présidence Hillary Clinton, de même que leur fille Chelsea et ses deux enfants.
Penny vit actuellement à Knowlton , un petit village des Cantons- de -l’Est, à environ 100 km de Montréal, au Québec, dans une maison regorgeant d’œuvres d’art. Sur les murs sont accrochées des toiles représentant une femme mystérieuse parée de bijoux et le roi Léopold de Belgique. Un coussin sur lequel on lit les mots Goodness exists (« La bonté existe ») est déposé sur un fauteuil.
Son mari Michael est décédé le 18 septembre 2016, à l’âge de 82 ans, atteint de démence diagnostiquée en 2014. La notice nécrologique de l’Université McGill sur le Dr Whitehead l’a décrit comme «un excellent clinicien, clinicien-chercheur et administrateur, qui était aimé des enfants, de leurs familles et de ses collègues. Sa chaleur, sa gentillesse et sa générosité manqueront beaucoup.
ROMANS :
Série : Une enquête de l’inspecteur-chef Armand Gamache
- En plein Cœur, 2010 – Still Life 2005 – Réédité sous le titre Nature morte, 2011
- Sous la glace, 2011 – A Fatal Grace, 2007
- Le Mois le plus cruel, 2012 – The Cruelest Month, 2008
- Défense de tuer, 2013 – The Murder Stone, 2009
- Révélation brutale, 2014 –The Brutal Telling, 2009
- Enterrez vos morts, 2013 – Bury Your Dead, 2010
- Illusion de lumière, 2013 – A Trick of the Light, 2011
- Le Beau Mystère, 2014 – The Beautiful Mystery, 2012
- La Faille en toute chose, 2014 – How the Light Gets In, 2013
- Un long retour, 2015 – The Long Way Home, 2014
- La Nature de la bête, 2016 – The Nature of the Beast, 2015
- Un outrage mortel, 2017 – A Great Reckoning, 2016
- Maisons de verre, 2018 – Glass houses, 2016 – Déjà n°1 sur les listes du New York Times et du Globe and Mail. Ce qui en fait le livre le plus populaire en Amérique du Nord.
Nouvelle :
Série : Une enquête de l’inspecteur-chef Armand Gamache
- The Hangman, 2010
Récompenses et distinctions
- Ordre national du Québec pour sa contribution exceptionnelle au rayonnement du Québec et de ses régions.
- Ordre du Canada pour sa contribution à la culture canadienne en tant qu’auteure mettant en lumière les Cantons-de-l’Est, au Québec.
- Prix Agatha
- Meilleur roman en 2007 pour Sous la glace
- Meilleur roman en 2008 pour Le Mois le plus cruel
- Meilleur roman en 2009 pour Révélation brutale
- Meilleur roman en 2010 pour Enterrez vos morts
- Meilleur roman en 2012 pour Le Beau Mystère
- Meilleur roman contemporain 2016 pour Un outrage mortel
- Meilleur roman contemporain 2017 pour Glass Houses
- New Blood Dagger award du Crime Writers’ Association (Royaume-Uni)
- Meilleur premier roman policier pour Nature morte
- Prix Arthur-Ellis (Canada)
- Meilleur roman pour Enterrez vos morts
- Meilleur premier roman policier pour Nature morte
- Nommé pour le meilleur roman pour Défense de tuer
- Prix Dilys
- Meilleur roman policier pour Nature morte
- Prix Anthony (États-Unis)
- Meilleur premier roman pour Nature morte en 2007
- Nommé pour le meilleur roman pour Le Mois le plus cruel en 2008
- Nommé pour le meilleur roman pour La Nature et la bête
- Meilleur roman pour Un outrage mortel en 2017
- Prix Barry (États-Unis)
- Meilleur premier roman pour Nature morte
- Nommé pour le meilleur roman pour Le Mois le plus cruel en 2008
- Prix Macavity
- Nommé pour le meilleur roman pour Le Mois le plus cruel en 2008
- Meilleur roman pour Enterrez vos morts en 2011
- Meilleur roman pour Le Beau Mystère en 2013
- Meilleur roman pour Un outrage mortel en 2017
Adaptation à la télévision
- 2013 : Nature morte – téléfilm canadien réalisé par Peter Moss, d’après le roman éponyme, avec Nathaniel Parker dans le rôle du l’inspecteur-chef Armand Gamache, Anthony Lemke et Kate Hewlett.