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… vu par Arlette

Ovaldé Véronique ♦ Personne n’a peur des gens qui sourient

Jusqu’où peut-on protéger ses enfants ? Dans ce roman tendu à l’extrême, Véronique Ovaldé met en scène un fascinant personnage de mère dont l’inquiétude face au monde se mue en un implacable sang-froid pour l’affronter.

Un matin de juin, Gloria Marcaggi décide de partir, de quitter son appartement de Vallenargue dans le sud de la France. Elle file récupérer ses filles, Analuisa dite Loulou à la maternelle et Stella, une ado en pleine rébellion, à son collège et les embarque sans préavis pour un long voyage. Toutes trois quittent les rives de la Méditerranée en direction de la maison alsacienne de feu sa grand-mère près d’un lac, dans la forêt de Kayserheim où Gloria, enfant, passait ses vacances.

Tout ressemble à une fuite. Pourquoi cette désertion soudaine ? Quelle menace fuit-elle ? De qui cherche-t-elle à s’éloigner avec autant d’empressement et de crainte ? Au fur et à mesure qu’elle y prend ses marques, elle déroule le fil de son existence.

Elle n’avait que 16 ans quand son père esseulé, jetant son chagrin dans la fumée de cigarette, est décédé d’un cancer. Sa mère était partie depuis quelques temps avec son dentiste. Gloria a alors décidé de quitter le lycée pour s’assumer. Elle a d’abord travaillé au bar « La Traînée ». Tonton Gio – Giovannangeli – qui était l’associé de son père dans l’affaire veillait sur elle.

Et puis il y a eu cette histoire d’amour avec Samuel, le père de ses deux filles, le bad boy amoureux, un garçon séduisant mais qui vivait de trafics en tous genres.  Ils sont jeunes, beaux et heureux. Mais le père de ses filles finit par périr dans des conditions mystérieuses. Où était Gloria ce soir-là ? ?, et comprendre enfin quel rôle l’avocat Santini a pu jouer dans toute cette histoire.

Dans une alternance de chapitres entre le passé et le présent, on découvre peu à peu la jeunesse de Gloria : la façon dont, alors qu’elle était serveuse dans un bar, elle a rencontré Samuel, le père de ses deux filles, le coup de foudre qui s’ensuivit et la colère de celui qui s’occupait d’elle depuis la mort de son père et le départ de sa mère. C’est lui qui avait fait venir Samuel pour un trafic tenu secret…

Parallèlement au passé de Gloria, nous suivons les trois filles s’installant en Alsace, à Kayserheim, dans la maison quasi hantée d’Antoinette Demongeot, au cœur d’une sombre forêt et d’un lac d’une profondeur insondable. C’est l’été et chacune s’adonne à ses occupations au cœur de la nature. Gloria observe ses filles s’adapter à ce nouvel environnement tout en gardant son Beretta sous la main. Elle semble avoir peur, très peur même. Mais de quoi ?

 

« Si Personne n’a peur des gens qui sourient » raconte les souvenirs et les secrets enfouis de son héroïne, Véronique Ovaldé prend bien soin d’éviter tout voyeurisme. En effet, le passé refait surface mais avec subtilité, comme pour observer les événements avec pudeur. La force du roman réside dans son infinie délicatesse à nous faire partager le drame de l’intime.

« Personne n’a peur des gens qui sourient » se situe dans une certaine tendance actuelle du roman français où l’on privilégie le suspense en orientant le lecteur dans une certaine direction avant de lui montrer qu’il faut se méfier des apparences. C’est une manipulation qui peut se révéler exquise si l’histoire est à la hauteur des attentes.

 

L’auteur :

Née le 12 avril 1972 au Perreux-sur-Marne, Véronique Ovaldé est une écrivaine à l’imaginaire particulièrement fertile.

Quand elle évoque son enfance, elle la décrit comme étant « moche », et explique que c’est pour cela qu’elle aime se raconter des histoires.

Après le bac, elle entre à l’école Estienne à Paris (Ecole Supérieure des Arts et industries graphiques) où elle passe un BTS édition, une façon comme une autre d’entrer dans le milieu littéraire pour celle qui n’a pas eu la chance de naître au sein de ce cercle très fermé. Elle reprend ensuite ses études et se lance dans des études de lettres par correspondance, alors qu’elle travaille comme chef de fabrication.

Parallèlement, elle publie en 2000 un premier roman, « Le Sommeil des poissons », aux éditions du Seuil.

Au fur et à mesure de la parution de ses romans, l’écrivaine se fait remarquer dans l’univers littéraire.

En 2002, paraît « Toutes choses scintillant » aux éditions L’Ampoule, une deuxième œuvre remarquée.

L’année suivante, elle signe chez Actes Sud « Les hommes en général me plaisent beaucoup ». Suit « Déloger l’animal », l’un des romans incontournables de la rentrée littéraire 2005.

Interrogée sur ce roman, un peu différent du courant littéraire du moment (ce roman n’est pas vraiment dans l’air du temps, dans la vie germanopratine = de saint Germain des prés), elle répond que ce qu’elle écrit est toujours un peu décalé par rapport au champ romanesque contemporain, principalement en raison de l’univers imaginaire et symbolique du roman.

En 2006, elle publie « La très petite Zébuline », un livre jeunesse avec l’illustratrice Joëlle Jolivet, toujours chez Actes Sud.

Dans son roman à la fois sombre et merveilleux « Et mon cœur transparent » aux Éditions de l’Olivier, publié en 2007, elle réussit une nouvelle fois à créer un univers singulier et reçoit le Prix France Culture/Télérama.

En 2009, elle publie son septième roman au sein de la même maison d’édition : « Ce que je sais de Vera Candida », qui devient un nouveau succès. Pour Véronique Ovaldé, c’est la consécration. Ce roman reçoit les trois récompenses : le prix Renaudot des lycéens, le prix France Télévisions et le grand prix des lectrices de « Elle ».

Véronique Ovaldé partage également son talent de conteuse avec les enfants.

En 2006, elle reçoit la Bourse Goncourt du livre jeunesse avec la dessinatrice Joëlle Jolivet pour leur album « La Très Petite Zibuline » (Actes Sud Junior).

Elle signe aussi un recueil de nouvelles, intitulé « La Salle de bains du Titanic » en 2009. « Paloma et le vaste monde », illustré par Jeanne Detallante, obtient le Pépite du livre 2015, Catégorie Album.

Ses ouvrages connaissent un succès grandissant et, depuis le début de sa carrière littéraire elle bénéficie d’une reconnaissance de la librairie et de la critique. Ses romans sont traduits dans de nombreuses langues (italien, espagnol, allemand, roumain, portugais, anglais, coréen, chinois, finnois, etc.).

Véronique Ovaldé est éditrice chez Points, responsable du roman noir, de la poésie et de la collection Signatures (groupe La Martinière). Auparavant chez Albin Michel, elle a notamment travaillé sur « Le club des incorrigibles optimistes » de Jean-Michel Guenassia (Prix Goncourt des lycéens 2009) et de « Jusque dans nos bras » d’Alice Zeniter.

En 2016, elle est nommée présidente de la commission Vie littéraire du CNL pour un mandat de trois ans.

Elle est nommée Officier des Arts et Lettres en 2017.

 

Œuvres

  • 2000 : Le Sommeil des poissons
  • 2002 : Toutes choses scintillant
  • 2003 : Les hommes en général me plaisent beaucoup
  • 2005 : Déloger l’animal
  • 2006 : La Très Petite Zébuline avec Joëlle Jolivet
  • 2008 : Et mon cœur transparent – Prix France Culture-Télérama 2008
  • 2009 : Ce que je sais de Vera Candida – Prix Renaudot des lycéens 2009 – Prix Roman France Télévisions 2009 – Grand prix des lectrices de Elle 2010
  • 2009 : La Salle de bains du Titanic, recueil de nouvelles hors-commerce
  • 2011 : Des vies d’oiseaux
  • 2012 : La Salle de bains du Titanic, recueil de nouvelles, édition augmentée et illustrée
  • 2013 : La Grâce des brigands
  • 2015 : Paloma et le vaste monde, avec Jeanne Detallante  – Pépite du livre 2015, Catégorie Album (Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil)
  • 2015 : Quatre cœurs imparfaits, avec Véronique Dorey
  • 2016 : Soyez imprudents les enfants
  • 2017 : A cause de la vie, avec Joann Sfar

Narratrice de livres audio

Véronique Ovaldé a assuré elle-même la narration de trois de ses romans, aux éditions Thélème :

  • Des vies d’oiseaux, paru en octobre 2011,
  • La Grâce des brigands, paru en novembre 2013.
  • Soyez imprudents les enfants, à paraître.

Prix et distinctions

  • Prix Gironde 2002 pour Toutes choses scintillant.
  • Bourse Goncourt du livre jeunesse 2006 pour La très petite Zébuline.
  • Prix France Culture-Télérama 2008 pour Et mon cœur transparent.
  • Prix Renaudot des lycéens 2009 pour Ce que je sais de Vera Candida.
  • Prix Roman France Télévisions 2009 pour Ce que je sais de Vera Candida.
  • Grand prix des lectrices de Elle 2010 pour Ce que je sais de Vera Candida.
  • Prix Café littéraire [archive] de Sainte-Cécile-les-Vignes (PRIX CALIBO) 2012 pour Des vies d’oiseaux.
  • Prix Val d’Isère 2013 pour Des vies d’oiseaux.
  • Pépite du livre 2015, Catégorie Album (ex- Prix Baobab) (Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil), pour Paloma et le vaste monde, illustré par Jeanne Detallante.
  • Officier des Arts et Lettres 2017

Jurys

  • Présidente du jury du Prix Landerneau Jeunesse 2017

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