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Léon Donna ♦ les masques éphémères

Les Masques éphémères (Transient Desires, dans les éditions originales en anglais) est un roman policier américain de Donna Leon, publié en 2021 et paru en France le 24 août 2022.

‘est le 30ème roman de la série mettant en scène le personnage de Guido Brunetti. La trentième enquête du commissaire Brunetti est un véritable tour de force sur le crime organisé vénitien. Pour la trentième fois, Donna Leon nous emmène à Venise, avec sa multitude de canaux pittoresques et de grands palais, mais aussi ses dessous criminels quelque peu cachés.

C’est le terrain de travail du commissaire Guido Brunetti, un policier chevronné qui a grandi dans ce lieu unique et qui vit et travaille toujours dans la ville.

Cette fois, il est alerté par le fait que deux jeunes étudiantes américaines blessées et inconscientes ont été abandonnées sur le quai de l’hôpital de la ville en pleine nuit d’un doux soir d’été. Elles résident Au Campo Santa Margherita et étaient parties en balade avec deux beaux vénitiens et ont été grièvement blessées dans un accident de bateau.

Les caméras de l’hôpital ont filmé l’acte d’abandon sur le quai de l’hôpital et il ne faut pas longtemps pour que deux jeunes hommes de la région soient identifiés comme les auteurs du crime.

L’incident semble anodin mais la curiosité du commissaire Guido Brunetti est piquée par le comportement des garçons, qui ont abandonné les victimes à l’entrée de l’hôpital. Le commissaire en est certain, ces deux suspects ont un secret à protéger. Pourquoi ont-ils fait une telle chose ? Est-ce simplement le résultat d’un accident de voiture ou y a-t-il quelque chose de plus sombre ?

Aidé par sa collègue Claudia Griffoni, Brunetti découvre un vaste réseau de corruption où des bateliers véreux sont impliqués dans un sinistre trafic nocturne. Brunetti va devoir travailler de pair avec la Gardia Costeria en sillonnant les canaux sombres et sinueux de la ville pour faire éclater cette affaire au grand jour.

 

L’auteur :

Donna Léon, née le 28 septembre 1942 à Montclair dans le New Jersey, est une écrivaine américaine passionnée d’opéras.

Donna Leon est élevée dans une famille catholique proche du parti démocrate. Ses grands-parents paternels étaient espagnols et ses grands-parents maternels irlandais et allemands. Elle grandit à Bloomfield, dans le New Jersey. Ses parents mettent fortement l’accent sur l’éducation de leur fille. Mais, comme les héros de ses livres Guido Brunetti, Paola Falier et leurs enfants Raffaele et Chiara, qui « forment une sorte de famille idéale », Donna Leon se rappelle avoir été élevée dans une famille « très heureuse ».

Elle soutient une thèse sur Jane Austen. D’après le Guardian : « Donna Leon enseignait en Iran et terminait une thèse sur Jane Austen lorsque la révolution de 1978-79 a interrompu ses études. Après son évacuation précipitée (elle quitta l’Iran en bus, sous la menace d’hommes armés), lorsque ses malles lui ont été rendues plusieurs mois après, ses papiers ne s’y trouvaient plus. ».

Elle a exercé plusieurs métiers comme guide de voyage à Rome, rédactrice publicitaire à Londres et enseignante de littérature, notamment en Suisse, en Iran, en Arabie saoudite, en Chine et, de 1981 à 1999, sur une des plus grosses bases européennes de l’armée américaine, celle de Caserma Ederle à Vicence, près de la Cité des Doges. En 1981, alors qu’elle était en Arabie Saoudite, elle a décidé qu’elle en avait assez d’enseigner dans des endroits étranges, et elle est revenue s’installer à Venise et décide de s’y fixer définitivement. Lors de son premier voyage en 1965, Donna Léon avait eu le coup de foudre pour l’Italie.

C’est là qu’elle a commencé à écrire des romans policiers, qui prennent la même Sérénissime pour toile de fond. C’est une soirée à l’Opéra de Venise qui lui a inspiré son premier roman : Mort à La Fenice, qui a été couronné par le prestigieux prix japonais Suntory, qui récompense les meilleurs suspenses.

Sa vocation d’écrivain jaillit d’une conversation entre amis pendant cette soirée à l’Opéra de Venise au cours de laquelle quelqu’un suggéra, sur le ton de la plaisanterie, d’éliminer un chef d’orchestre que leur petit groupe de mélomanes détestait cordialement. L’idée d’une intrigue fit alors son chemin dans l’esprit de Donna Léon. Publié en 1992, Mort à La Fenice mettait en scène le commissaire Guido Brunetti, policier vénitien mélancolique qui devint le héros de romans intelligents, bien construits et salués par les critiques du monde entier.

Elle parle l’italien et comprend le vénitien. Elle a vécu à l’italienne et a pris tous les jours le café avec Roberta, l’amie rencontrée à son premier séjour à Venise, dont la famille est devenue la sienne et à qui elle doit en partie son extraordinaire connaissance de la ville.

Elle est une célibataire endurcie et par choix. Néanmoins, dans ses interviews, elle avoue avec humour qu’elle partage sa vie avec un homme depuis plus de 30 ans : le commissaire Brunetti.

Une plume élégante, des portraits habilement brossés, un décor incomparable, tels sont les ingrédients du succès de celle qu’on surnomme le Simenon de Venise, qui croît de livre en livre. À travers les yeux de son commissaire, elle éclaire les paradoxes de La Sérénissime : la beauté et le raffinement forment la coquille d’un fruit gâté par une insidieuse corruption…

Donna Leon explique avoir besoin d’un an pour écrire une nouvelle enquête de Brunetti. Toutes comportent à peu près trois cent soixante pages, « c’est inconscient et automatique ! ». Elle indique qu’elle commence en ne sachant rien de l’intrigue hormis une vague idée de départ ! Elle affirme qu’elle arrêtera les aventures de Brunetti lorsque les inventer l’ennuiera. Quand elle n’aura plus envie de montrer l’envers du décor d’une ville « où tout a l’air si beau à première vue ».

Alors que ses romans sont traduits dans une vingtaine de langues, elle refuse, selon un article reproduit sur le site géré par son éditeur français, qu’ils soient traduits en italien par souci de protection de son anonymat à Venise où elle vit toujours une semaine par mois. « Je ne prends aucun plaisir à être une personne célèbre, a-t-elle déclaré sur une chaîne de radio américaine. La teneur de ma vie changerait du tout au tout si mes romans étaient traduits en italien, car je suis complètement anonyme ici ! » Anonyme à Venise, peut-être. Ailleurs, Donna Léon est une star.

Elle cite également les profonds décalages culturels avec son pays d’adoption, qui ferait qu’elle serait forcément mal comprise : « J’adore les Italiens, mais je ne me fais aucune illusion sur leur sens moral. De ce point de vue, je suis très anglo-saxonne ! Les journalistes, en particulier, font leur travail par-dessus la jambe. Je suis persuadée que je ne m’attirerais que des critiques. De la part de gens qui, de toutes façons, ne m’auront pas lue.» Les critiques, notamment italiens expliquent également que les personnages et les intrigues du commissaire Brunetti ont tendance à jouer avec les stéréotypes péninsulaires en forçant le trait, rendant le lectorat italien de toute façon mal à l’aise.

Parfois critiquée pour donner une vision stéréotypée de la Péninsule italienne par la voix de ses personnages (d’où son refus d’être traduite en italien), Donna Leon est à l’inverse reconnue pour construire ses intrigues autour de thèmes de société contemporains et progressistes :

  • place de la femme
  • difficulté de reconnaissance de l’homosexualité (Mort à la Fenice)
  • atteintes à l’environnement (Mort en terre étrangère)
  • gestion mafieuse des déchets, post-colonialisme
  • atteintes à l’humanitaire
  • fascisme (Mort à la Fenice)
  • place des handicapés (L’homme qui ne parlait pas, Minuit sur le canal San Boldo)
  • dénonciation du tourisme sexuel (L’affaire Paola)
  • racisme (Mort en terre étrangère)
  • passe-droits que détiennent les classes aisées et que n’ont pas les classes fragiles par rapport aux nombreuses tracasseries administratives (Des amis haut placés).

En 2015, en raison notamment, dit-elle, du flot incessant de touristes et le fait qu’elle ne supporte pas le tourisme de masse, elle quitte Venise comme domicile à plein temps, et se met à partager son temps entre ses deux domiciles de Suisse, l’un à Zurich et l’autre à Val Müstair dans les montagnes grisonnes, et Venise, où elle séjourne environ une semaine par mois.

Seulement 20 % des maisons de Venise sont habitées par des Vénitiens. « Le problème ne tient pas nécessairement au fait que beaucoup d’étrangers y vivent, mais comme ils n’y vivent pas toute l’année et n’y font pas réparer leurs chaussures, n’achètent jamais de boutons et ne vont pas chercher leur pain tous les jours, les commerces de proximité cèdent lentement mais sûrement la place aux boutiques de souvenirs.» Pour éviter les hordes de touristes, elle a choisi d’habiter un quartier où ils s’aventurent rarement et elle fait ses courses tôt le matin. Pendant le carnaval, elle fuit à l’étranger. Malgré cela, elle ne vivrait pas ailleurs qu’à Venise, ne serait-ce que pour l’absence de voitures….

Bien qu’elle ne réside plus aux Etats-Unis, la reine du crime populaire dans vingt-neuf pays aime revenir régulièrement à New York. L’élection d’Obama lui a fait plaisir mais elle estime que peu de chose a changé, que la démocratie est en danger puisqu’une loi de la Cour suprême autorise des compagnies comme Monsanto ou Union Carbide à financer les campagnes des partis politiques.

Il fallait s’y attendre, Donna Leon partage les idées de Brunetti sur la dégradation de la vie des Vénitiens. «Les commerces alimentaires ferment et nous obligent à aller sans cesse plus loin acheter notre lait. Ils sont remplacés par des boutiques de souvenirs», déplore-t-elle.

Lorsqu’elle ne travaille pas, une seule chose ou presque l’occupe : Il Complesso Barocco. Un orchestre classique qu’elle suit en tournée et qu’elle aide à enregistrer des disques. Férue de la période baroque, Donna Leon dit vénérer Haendel, « l’un des dieux de la musique » à ses yeux, surtout ses opéras et ses arias. Dans le bureau, difficile de ne pas être intrigué par la présence d’animaux en verre. « J’aime beaucoup les animaux », reconnaît volontiers Donna Leon qui arbore au poignet une montre avec un chat, offerte par son éditeur allemand Dioge-nes. Pour elle, rien ne vaut pourtant un « badger », un blaireau, son mammifère fétiche !

Pour son travail d’écriture, elle rédige une page par jour, tous les jours de l’année.

Passionnée d’opéra baroque, elle mécène depuis sa création l’ensemble « Il Pomo d’Oro » et participe à des enregistrements et à des répétitions.

Elle aime
Les traits d’esprit
La générosité
Jane Austen
Les cantates de Bach
Quiconque m’apporte un café au lit
Les chiens
Les feux d’artifices
Les blaireaux
Les promenades en montagne
Les tâches automatiques, répétitives telles que tondre sa pelouse
Lire au lit
Les opéras et oratorios de Haendel
La crème glacée – après tout, je suis américaine
Les mezzo-sopranos et les contre-ténors
Les tapis Kachkaïs
La céramique d’Iznik
Ruth Rendell
New York
Le lilas
Elle n’aime pas
Les questions rhétoriques
Le rose
La ferveur religieuse
La psychanalyse
Les livres de développement personnel
Ernest Hemingway
Ce que Pavarotti est devenu
Les phrases qui commencent par « Je suis le genre de personne qui… »
Les boissons glacées ou gazeuses
Les universitaires d’âge moyen
Les livres de chroniques judiciaires
Les brutes
Telefonini
Le gaspillage
Les films et la télévision
Qu’on me dise quoi faire
Le vacarme
Le tourisme de masse
Les conversations salaces ou les blagues graveleuses

Œuvre :

Les Enquêtes du Commissaire Brunetti :

Toutes les traductions françaises sont de William Olivier Desmond, puis de Gabriella Zimmermann à partir de L’Inconnu du Grand Canal, suite au décès de William Olivier Desmond.

  1. Mort à La Fenice – 1997 (Death at La Fenice, 1992)
  2. Mort en terre étrangère 1997 (Death in a Strange Country, 1993)
  3. Un Vénitien anonyme – 1998 (Dressed for Death, 1994)
  4. Le Prix de la chair – 1998 (Death and Judgment, 1995)
  5. Entre deux eaux – 1999 (Acqua Alta, 1996)
  6. Péchés mortels – 2000 (The Death of Faith, 1997)
  7. Noblesse oblige – 2001 (A Noble Radiance, 1997)
  8. L’Affaire Paola – 2002 (Fatal Remedies, 1999)
  9. Des amis haut placés – 2003 (Friends in High Places, 2000)
  10. Mortes-eaux – 2004 (A Sea of Troubles, 2001)
  11. Une question d’honneur – 2005 (Wilful Behaviour, 2002)
  12. Le Meilleur de nos fils – 2006 (Uniform Justice, 2003)
  13. Dissimulation de preuves – 2007 (Doctored Evidence, 2004)
  14. De sang et d’ébène – 2008 (Blood from a Stone, 2005)
  15. Requiem pour une cité de verre – 2009 (Through a Glass Darkly, 2006)
  16. Le Cantique des innocents – 2010 (Suffer the Little Children, 2007)
  17. La Petite Fille de ses rêves – 2011 (The Girl of His Dreams, 2008)
  18. La Femme au masque de chair – 2012 (About Face, 2009) –
  19. Brunetti et le Mauvais Augure – 2013 (A Question of Belief, 2010)
  20. Deux veuves pour un testament – 2014 (Drawing Conclusions, 2011)
  21. L’Inconnu du Grand Canal – 2014 (Beastly Things, 2012)
  22. Le Garçon qui ne parlait pas – 2015 (The Golden Egg, 2013)
  23. Brunetti entre les lignes – 2016 (By its Cover – 2014)
  24. Brunetti en trois actes2016 (Falling in Love 2015)
  25. Minuit sur le canal San Boldo – 2017 (The Waters of Eternal Youth 2016)
  26. Les disparus de la lagune – 2018 – (Earthly Remains 2017)
  27. La tentation du pardon – 2019 – (The Temptation of Forgiveness 2018)
  28. Quand un fils nous est donné – 2020 – (Unto Us a Son Is Given 2019)
  29. En eaux dangereuses – 2021 – (Trace Elements 2020)
  30. Les masques éphémères 2021 – (Transient Desires – 2021)
  31. (en) Give Unto Others 2022

            Les aventures du commissaire Brunetti rencontrant un grand succès en Allemagne, des producteurs allemands de la chaine de télévision nationale ARD lancent une série télévisée, Donna Leon, adaptée des romans, tournée sur place à Venise, principalement avec des acteurs allemands. Ils seront diffusés en France dès 2010.

            À la différence des 26 premiers romans de la série mettant en scène le commissaire Brunetti, Unto Us a Son Is Given n’a pas encore fait l’objet d’une adaptation télévisée, dans le cadre de la série Commissaire Brunetti, produite par le réseau ARD.

Autres ouvrages :

  • Sans Brunetti – Essais 1972-2006 – (2007)
  • Brunetti passe à table (2011) – Livre de recettes de cuisine en collaboration avec Roberta Pianaro.
  • Les joyaux du paradis (2012)

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