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… vu par Arlette

Khadra Yasmina ♦ Les anges meurent de nos blessures

Les anges meurent de nos blessuresIl s’agit du récit de la grandeur et de la décadence d’un boxeur algérien entre les deux guerres, sorte de Raging Bull du Maghreb, qui sera la victime de la mafia locale, du racisme, des trahisons mais surtout de lui-même. Le roman est le récit d’une vie gâchée et d’une carrière arrêtée en pleine ascension.

Il se faisait appeler Turambo, du nom du village misérable où il était né et qu’un glissement de terrain avait rayé de la carte. Il était né dans l’Algérie coloniale des années 20, à Turambo qui  n’est d’ailleurs pas répertorié sur les cartes. Il apprendra plus tard que son village natal s’appelait Arthur Rimbaud et que son nom est en fait une contraction de cet illustre nom. Ses parents étant analphabètes, ils ont dû faire l’amalgame phonétique…

Son destin était écrit d’avance : il serait misérable. Livré à lui même sans avenir et sans instruction, il allait tout faire pour s’en sortir. Il persévérait et savait qu’il ne devra sa réussite qu’à lui même. Il cherchait des petits boulots dès le plus jeune âge pour participer à la vie de famille. Ce n’était pas un mauvais gamin, il était même plutôt courageux et déjà, il lorgnait du côté des européens, d’un autre mode de vie. Et il était beau, vigoureux, ardent et doté d’un trait de caractère assez rare : la candeur. Cette fraîcheur lui attirait des sympathies immédiates et, grâce à ce don, il put franchir les portes du monde des Français, interdit aux Arabes. Car il possédait de plus une force surprenante dans le poing gauche, capable d’allonger d’un coup ceux qui se trouvaient sur son passage. C’est ainsi qu’il attira l’attention des professionnels de la boxe. Il fréquenta le monde des Occidentaux, connut la gloire, l’argent et la fièvre des rings, pourtant aucun trophée ne faisait frémir son âme mieux que le regard d’une femme. Dans sa culture, une femme heureuse était une épouse fidèle, féconde et dévouée. Il nourrit d’abord une passion secrète pour sa cousine Nora, la première femme de sa vie. La deuxième, Aïda, une prostituée, l’initia aux plaisirs de la chair. La troisième, Louise, était la fille de l’homme d’affaires qui comptait l’emmener jusqu’au titre de champion de France de sa catégorie. Puis surgit Irène. Femme libre, indépendante et fière. Elle lui apprit que la vraie passion ne pouvait s’épanouir que dans la confiance absolue et le respect mutuel.

De Nora à Louise, d’Aïda à Irène, il cherchait un sens à sa vie. Mais dans un monde où la cupidité et le prestige règnent en maîtres absolus, l’amour se met parfois en grand danger.

Et comme toujours chez Yasmina Khadra, la vie ne rend pas toujours justice à ceux qui s’aiment… Dans une superbe évocation de l’Algérie de l’entre-deux-guerres, Yasmina Khadra met en scène, plus qu’une éducation sentimentale, le parcours obstiné d’un homme qui n’aura jamais cessé de rester fidèle à ses principes, et qui ne souhaitait rien de plus, au fond, que maîtriser son destin.

À travers une splendide évocation de l’Algérie de l’entre-deux-guerres, Yasmina Khadra met en scène, plus qu’une éducation sentimentale, le parcours obstiné – de l’ascension à la chute – d’un jeune prodige adulé par les foules, fidèle à ses principes, et qui ne souhaitait rien de plus, au fond, que maîtriser son destin.

 

L’auteur :

Yasmina KhadraOn sait depuis peu que Yasmina Khadra est un pseudonyme : derrière ce double prénom féminin se cache un homme, commandant de l’armée algérienne : Mohamed Moulessehoul.

Il choisit ce pseudonyme pour rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en particulier, en prenant ses deux prénoms, Yasmina Khadra, laquelle en porte un troisième, Amel en hommage à Amel Eldjazaïri, petite-fille de l’Emir Abdelkader. Il explique ce choix : « Mon épouse m’a soutenu et m’a permis de surmonter toutes les épreuves qui ont jalonné ma vie. En portant ses prénoms comme des lauriers, c’est ma façon de lui rester redevable. Sans elle, j’aurais abandonné. C’est elle qui m’a donné le courage de transgresser les interdits. Lorsque je lui ai parlé de la censure militaire, elle s’est portée volontaire pour signer à ma place mes contrats d’édition et m’a dit cette phrase qui restera biblique pour moi : « Tu m’as donné ton nom pour la vie. Je te donne le mien pour la postérité ». Pour l’anecdote, le pseudonyme de l’écrivain est dû à une bévue d’un éditeur qui a déformé le prénom Yamina en Yasmina, croyant que l’épouse de l’écrivain avait omis un s.

Il ne révèle son identité masculine qu’en 2001 avec la parution de son roman autobiographique L’Écrivain et son identité tout entière dans L’imposture des mots en 2002. Or à cette époque, ses romans ont déjà touché un grand nombre de lecteurs et de critiques.

Né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Bechar, dans le Sahara algérien, d’un père infirmier et d’une mère nomade, Yasmina Khadra est confié dès l’âge de neuf ans à une école militaire. Son père, un officier de l’ALN blessé en 1958, voulait faire de lui un soldat. Il en ressort sous-lieutenant en 1978 pour rejoindre les unités de combat.

Durant la période sombre de la guerre civile algérienne dans les années 1990, il fut l’un des principaux responsables de la lutte contre l’AIS puis le GIA, en particulier en Oranie.

Durant son engagement dans l’armée algérienne, il publie en Algérie et sous son vrai nom des nouvelles et des romans. En 2000, après trente-six ans de vie militaire, il décide de quitter l’armée pour se consacrer à la littérature et vient s’installer en France avec sa famille.

L’année suivante, il publie L’Ecrivain où il révèle sa véritable identité, puis L’imposture des mots, livre dans lequel il justifie sa démarche.

Auteur notamment de nombreux polars, Yasmina Khadra est internationalement reconnu ; ses romans sont traduits dans vingt-cinq pays.

Yasmina Khadra bouleverse les points de vue purement occidentaux sur la réalité du monde arabe, dans des romans qui critiquent la bêtise humaine et la culture de la violence. Il évoque son Algérie natale, sa beauté et sa démesure, mais aussi la fureur qui y sévit au nom de Dieu, les lâchetés et les inadmissibles compromissions.

Les hirondelles de Kaboul, sur l’Afghanistan, Les sirènes de Bagdad (2006), sur la guerre en Irak, ou encore L’attentat (2005), sur la descente aux enfers d’une Palestinienne entraînée vers le terrorisme, abordent eux aussi le problème de la violence, dans une écriture lyrique et dépouillée, alliant la beauté et l’insoutenable.

Yasmina Khadra, qui signifie « jasmin vert » en arabe, est le pseudonyme de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Bechar dans le Sahara algérien .

Mohammed Moulessehoul choisit en 1997, avec le roman Morituri, d’écrire sous pseudonyme. Diverses raisons l’y poussent, mais la première que donne Moulessehoul est la clandestinité. Elle lui permet de prendre ses distances par rapport à sa vie militaire et de mieux approcher son thème cher : l’intolérance.

Il acquiert sa renommée internationale avec les romans noirs du commissaire Brahim Llob : Morituri, adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita, Double Blanc et L’Automne des chimères. Llob est un incorruptible, dans un Alger dévoré par le fanatisme et les luttes de pouvoir. Son Algérie saigne à plaies ouvertes et cela révolte le commissaire. Llob n’hésite donc pas à prendre le risque de fouiner dans les hautes sphères de la société, ce qui lui vaut bien vite la sympathie du lecteur malgré sa vulgarité ou ses côtés parfois misogynes, voire homophobes. Cette série s’enrichit en 2004 d’un autre roman La Part du mort.

Khadra illustre également « le dialogue de sourds qui oppose l’Orient et l’Occident » avec les trois romans : Les Hirondelles de Kaboul, qui raconte l’histoire de deux couples Afghans sous le régime des Talibans ; L’Attentat, roman dans lequel un médecin arabe, Amine, intégré en Israël, recherche la vérité sur sa femme kamikaze ; Les Sirènes de Bagdad relate le désarroi d’un jeune bédouin irakien poussé à bout par l’accumulation de bavures commises par les troupes américaines.

Yasmina Khadra est traduit dans quarante-et-un (41) pays : Abou Dhabi, Albanie, Algérie (en arabe pour le Maghreb), Allemagne, Autriche, Brésil, Bulgarie, Corée, Croatie, Danemark, Estonie, États-Unis, Finlande, Grande-Bretagne, Grèce, Espagne (castillan et catalan),Hongrie, Inde, Indonésie, Islande, Italie, Israël, Japon, Liban (en arabe pour le Machrek), Lituanie, Macédoine, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Qatar, Roumanie, Russie, Serbie, Slovénie, Suède, Suisse, Taïwan, République tchèque, Turquie, Vietnam.

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