Premier roman d’une trilogie. Avec La Symphonie du hasard, le romancier se lance dans un ample projet : un roman fleuve couvrant une vingtaine d’années.
Unissant petite et grande histoire, autobiographie et fiction, Douglas Kennedy réussit une fresque sociale et familiale pleine de trahisons, de mensonges et de culpabilité. Il choisit pour héroïne Alice, éditrice à New York, qui se souvient de son adolescence, dans les années 1970. Par son entremise, il plonge dans une famille middle class de banlieue, une fratrie de trois enfants nés des amours d’une mère dépressive et d’un père catholique irlandais rigide et souvent absent.
Racisme, antisémitisme, homophobie, mais aussi éveil politique, coups d’Etat au Chili ou libération sexuelle…
Comme chaque semaine, Alice Burns, éditrice new-yorkaise, s’apprête à rendre visite à son jeune frère Adam. Jadis jeune loup de Wall Street en pleine ascension, ce dernier croupit désormais en prison.
Mais cette rencontre hebdomadaire va prendre un tour inattendu. Bien décidé à soulager sa conscience, Adam révèle un secret qui pourrait bien venir rompre les derniers liens qui unissent encore leur famille et qui l’entrainent dans un flashback des années 70, ses années de fac, encombrées de la quête de soi, de la charge d’une famille aussi ordinaire que conflictuelle, avec des secrets et des trahisons qui ne demandent qu’à émerger pour troubler l’équilibre apparent d’un photo instantanée. Sur le papier, une famille comme tant d’autres au pays de l’Oncle Sam, un bonheur propret, une vie plutôt confortable.
Et Alice de replonger dans l’histoire des siens, celle d’un clan à l’image de l’Amérique : volontaire, ambitieux, assoiffé de réussite, souvent attaqué, blessé parfois, en butte à ses propres démons, mais inlassablement en quête de rachat…
Son père a plutôt la main lourde sur l’alcool, un mauvais caractère, ne rêve que de s’installer au Chili où il dirige une mine. Méprise ses garçons, se querelle avec sa femme sans pourtant vouloir la quitter.
Sa mère est plutôt autoritaire, intrusive (elle lit le journal intime de sa fille), egocentrique, querelleuse.
Son grand frère Peter, plutôt sympa, mais assez secret et distant qu’Alice admire.
Son deuxième frère, Adam qui a subitement changé suite à un accident. D’ex grand sportif, il devient triste et suit son père au Chili.
Alice se souvient. Les années 70 où elle rêvait de quitter la petite ville d’Old Greenwich pour étudier l’histoire américaine dans l’une des meilleures universités de la côte est des Etats-Unis: Bowdoin. C’est une jeune fille intelligente et ambitieuse qui agit en conscience de ce qu’elle veut devenir plus tard, mais qui est aussi préoccupée par les actes de violence engendrés par les discriminations. En effet, on commence tout juste à mettre fin à la ségrégation raciale aux Etats-Unis, mais cela ne se fait pas sans heurts. Le rejet de l’homosexualité est lui aussi de plus en plus répressif. Et rien ne la rattache à sa vie d’alors : des parents dont elle se demande s’ils vont divorcer un jour, une mère très dure avec elle, la sensation d’être inutile, inintéressante, des camarades de lycée odieuses.
Dans ce premier opus d’une trilogie annoncée, c’est l’histoire d’Alice qui nous est contée, par Alice elle-même, sur son enfance, sur son adolescence, principalement ses années universitaires, ses premières amours en la personne de Bob, sa rencontre décisive et marquante avec le Pr Hancock… dans le contexte de l’histoire des États-Unis de la fin des années soixante aux années soixante-dix (la présidence Nixon, l’affaire du Watergate, la guerre du Vietnam, le soutien « secret » à Pinochet contre Allende au Chili…) qui sert de toile de fond et c’est plutôt intéressant. La part belle est également donnée au monde universitaire américain avec toutes ces spécificités propres (les sororités et fraternités, le sport élevé au rang de valeur majeure…).
Les années 70 à New-York étaient teintées des échos de la révolution pacifique californienne. Les années de la revendication d’une tolérance universelle pour les choix de vie, n’avaient pas encore libéré totalement les esprits. Homosexualité, libération sexuelle, racisme, la jeunesse avait fort à faire pour s’affranchir des conceptions traditionnelles d’avant mai 68.
La Symphonie du hasard marque le grand retour de Douglas Kennedy. Dans le bouillonnement social, culturel et politique des sixties-seventies, de New York à Dublin, en passant par l’Amérique latine, un roman-fleuve, porté par un souffle puissant.
L’auteur :
Douglas Kennedy, né le 1er janvier 1955 à Manhattan, New York, est un écrivain américain qui décrit d’un œil acerbe certains côtés des États-Unis d’Amérique, dénonçant notamment le paradoxe du puritanisme religieux.
Il grandit dans l’Upper West Side, étudie à la Collegiate School (le plus vieux lycée de New York) et au Bowdoin College dans l’État du Maine, avant de partir un an au Trinity College de Dublin en 1974.
De retour à New York, il passe plusieurs mois à travailler, sans succès comme régisseur dans des théâtres de Broadway.
En mars 1977, entre deux productions, il décide de partir à Dublin pour rendre visite à des amis. Vingt-six ans plus tard, il habite toujours de ce côté-ci de l’Atlantique.
À Dublin, il devient cofondateur d’une compagnie de théâtre. Il rejoint ensuite le National Théâtre of Ireland en tant qu’administrateur de la branche expérimentale. Il y passe cinq années (1978-1983), pendant lesquelles il commence à écrire, la nuit.
En 1980, il vend sa première pièce à la chaîne de radio britannique BBC Radio 4 qui lui en commandera deux autres. La pièce est aussi diffusée en Irlande et en Australie. Suivent deux autres pièces radiophoniques, également diffusées sur Radio 4.
En 1983, il démissionne de son poste au National Théâtre of Ireland pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Pour survivre, il devient journaliste indépendant, notamment pour l’Irish Times où il tient une rubrique de 1984 à 1986.
En 1986, sa première pièce pour la scène est un échec désastreux, tant critique que public. Peu de temps après, l’Irish Times supprime sa rubrique.
En mars 1988, il déménage à Londres, au moment où son premier livre, un récit de voyage, est publié. Deux autres suivront. Ces trois livres reçoivent un très bon accueil critique. Parallèlement, sa carrière de journaliste indépendant connaît également un essor. Il demeure à Londres pendant vingt ans.
En 1994, paraît son premier roman « Cul-de-sac ». En 1997, il est porté à l’écran par Stephan Elliott, le réalisateur de « Priscilla, folle du désert ».
Son deuxième roman, « L’Homme qui voulait vivre sa vie », connaît un succès international. Il est traduit en seize langues et fait partie de la liste des meilleures ventes.
Son troisième roman, « Les Désarrois de Ned Allen » est aussi un bestseller et un succès critique, traduit en quatorze langues.
« La Poursuite du bonheur » marque un changement radical. Après trois romans que l’on pourrait décrire comme des thrillers psychologiques, il opte pour une histoire d’amour tragique. Il reçoit un excellent accueil critique. « La Poursuite du bonheur » est traduit en douze langues et se retrouve en course pour le Prix des Lectrices de Elle.
Ont suivi « Rien ne va plus » (Belfond, 2002 ; Pocket, 2004), Prix littéraire du Festival du cinéma américain de Deauville 2003, « Une relation dangereuse » (Belfond, 2003 ; Pocket, 2005) qui confirme son succès critique et public, « Au pays de Dieu » (Belfond, 2004 ; Pocket, 2006), l’un de ses trois récits de voyage, « Les Charmes discrets de la vie conjugale » (Belfond, 2005 ; Pocket, 2007), « La Femme du Vème » (Belfond, 2007 ; Pocket, 2009), adapté au cinéma en 2011 par Pawel Pawlikowski, avec Kristin Scott Thomas et Ethan Hawke – « Quitter le monde » (Belfond, 2009 ; Pocket, 2010), « Au-delà des pyramides » (Belfond, 2010 ; Pocket, 2011) et « Cet instant-là » (Belfond, 2011 ; Pocket, 2012).
Son troisième récit de voyage « Combien ? » est paru aux éditions Belfond en mai 2012, suivi de « Cinq jours » (Belfond, 2013 ; Pocket, 2014), de « Murmurer à l’oreille des femmes » (Belfond, 2014 ; Pocket, 2015), de « Mirage » (Belfond, 2015), puis de « Toutes ces grandes questions sans réponse » (octobre 2016). Aujourd’hui, il publie « La Symphonie du hasard – livre 1, 2, et 3, d’une trilogie dont le premier tome est paru en novembre 2017.
Parfaitement francophone, divorcé (il a été marié de 1985 à 2009 à Grace Carley, conseillère politique au Royaume-Uni, au ministère de la Culture) et père de deux adolescents, Max et Amelia, Douglas Kennedy vit entre Londres, Paris, Berlin et Wiscasset dans l’État du Maine où il a acheté une maison.
Il est aujourd’hui un des auteurs favoris des Français, avec plus de 5 millions d’exemplaires vendus pour l’ensemble de son œuvre (toutes éditions confondues), dont plusieurs romans sont en cours d‘adaptation cinématographique.
Aujourd’hui, après un divorce houleux, «douze mois d’enfer», le romancier retrouve un peu de sérénité. Si tant est que ce mot signifie quelque chose pour « Mr 100 000 Volts».