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… vu par Arlette

Homs Brice ♦ Sans compter la neige

.« Sans compter la neige », le beau roman initiatique de Brice Homs, un road-trip enneigé, mais surtout, un récit sur une relation père-fils bien singulière.

Une nuit, une vie. Oui, le roman se déroule sur vingt-quatre heures : vingt-quatre heures et un épilogue qui permet de nous emmener un peu vers l’avenir

Tant d’éléments universels se mêlent dans ce très beau texte ! La paternité, la filiation, la difficulté de pardonner, de se pardonner, de s’aimer ; la douleur de grandir, aussi, et d’abandonner certains aspects de soi-même.

Appelé pour rejoindre précipitamment sa compagne Jennie qui va accoucher de leur premier enfant, Russel Fontenot – surnommé Frenchie Boy – doit quitter précipitamment une réunion de travail à Washington pour rejoindre en voiture Charlottesville. Un trajet, en principe de quelques heures, mais qui, sous l’effet d’une soudaine tempête de neige, va s’éterniser.

Ce road trip, de nuit, sous la neige et sans portable (!), va permettre au héros de se remémorer ce qui a fait de lui l’homme qui se prépare à devenir père. On suit ses réflexions voire ses peurs et interrogations, à travers trois périodes : le présent, l’enfance seul avec un père taiseux, ancré dans la culture cajun, et les années de fac avec leur lot d’amitié, de dérives en tout genre, d’amour aussi.

Au fil de cette nuit riche en rencontres, alors que la nuit tombe sur les Appalaches, Russell, hanté par le secret de sa propre naissance, est assailli par le doute. Hanté par l’idée de devenir père, Russell va se remémorer son enfance auprès d’un père Courville Fontenot, Cajun, francophone de Louisiane, étrange et distant, qui lui a pourtant tout donné, ses années universitaires où le rock, l’amitié avec son colocataire de chambrée Koz aussi fêlé qu’il est drogué, forment un puissant cocktail. Un profil fascinant. Il jouera presque un rôle de frère (sachant que lui-même entretient un rapport particulier à la gémellité et à ses propres origines) et qui sera son mentor en lui transmettant son amour de la musique et fort heureusement pas sa passion pour les drogues.

Avec lui, point d’ennui. On sort, on écoute des groupes, on flirte à tout va. Russell participe, mais en gardant ses distances. Il a déjà comme une espèce de maturité qui coule dans ses veines et qui l’empêche de franchir des limites dont on ne revient pas toujours.

Surtout, il va devoir se confronter au secret lié à sa propre naissance et à la disparition de sa mère. Russell arrivera-t-il à temps pour l’accouchement? Et pourquoi vient-il de bifurquer et de prendre une autre direction… celle qui fuit vers le nord ?

 

Le texte est construit sur trois niveaux, trois périodes distinctes ; le passé, avec un père énigmatique dénué d’émotions, avec le texte imprimé dans une autre police. Le présent qui raconte le chemin parcouru lors d’une tempête de neige par un futur papa pour rejoindre à la clinique sa femme qui accouche. Et une période intermédiaire, la vie d’étudiant du narrateur, racontant des mauvaises rencontres et des périodes peu studieuses.

Brice Homs reconnaît avoir mis beaucoup de lui dans le héros de son livre. Ce Russel s’avère vivant, incarné et tellement attachant ! Gauche, spontané, inattendu, attendrissant. Il ressemble à tant d’hommes qui deviennent pères avec une immense émotion et une intense maladresse.

Ce premier roman très abouti, écrit par un professionnel des mots (auteur de nombreuses chansons et scripts) possède le rythme de la musique, le tempo des films et la profondeur d’un livre. Il traverse les cultures avec brio, entre France et Amérique. Le rock’n roll s’entend constamment en fonds sonore et le roman est émaillé de références musicales. Sans surprise quand on sait que Brice Homs a été guitariste de nombreux groupes et artistes en France, en Angleterre et aux Etats-Unis. Il a écrit des chansons sur plus d’une trentaine d’albums pour des chanteurs tels que Michel Fugain, Florent Pagny, Isabelle Boulay, Hélène Ségara, Hugues Aufray, Sylvie Vartan …

Ce roman est plein de magnifiques portraits, et les femmes sont gâtées, que ce soit Jennie, Chilli la chanteuse brisée par l’inceste de son enfance, mais qui relève la tête,  Erin la jeune boiteuse, ou les caissières de supermarché. Oui, les femmes sont choyées par Brice Homs. Quelles qu’elles soient, il leur distille chaleur, compréhension et amour.

« Sans compter la neige » est aussi une belle découverte de la culture cajun, irriguée de musique.

Brice Homs connait bien la Louisiane où il collabore depuis une dizaine d’années à l’organisation d’un festival international de Louisiane (sur 5 scènes accueillant plus de 300 000 spectateurs). De nombreux groupes francophones lui doivent de s’être produits pour la première fois aux USA. Tout ce qu’il écrit est donc en toute logique parfaitement juste à propos de cette culture cajun rendue populaire par la chanson Jambalaya qui est le grand classique de la country de Hank Williams. On ne sera pas surpris de découvrir une recette de gumbo de poulet, plat emblématique de la Nouvelle-Orléans que l’on doit à des cuisiniers français du XVIIème siècle, ni de lire les savoureux exemples de conversation que les caissières lancent dans le Sud aux clients en commentant leur dégaine et leurs achats.

 

L’auteur :

Brice Homs, scénariste et réalisateur de formation est né le 27 novembre 1958 à Fontainebleau, dans une famille catholique, d’un père officier supérieur et d’une mère violoniste.

Il a fait des études supérieures de Philosophie, de logique et d’histoire, à l’université de Paris1 Panthéon-Sorbonne.

Il a fait une formation de scénariste et de réalisateur avec des réalisateurs et scénaristes américains (Shane Black, Randa Haines, Brent Maddock, Ron Underwood) avec qui il a ensuite collaboré.

En France, ses talents de script-doctor sont régulièrement sollicités. Il est notamment intervenu sur le scénario d’Olivier Lorelle et Rachid Bouchareb «Indigènes» – (César 2007 du meilleur scenario original – prix d’interprétation masculine collectif au festival de cannes 2006 – nomination aux Oscars americains catégorie meilleur film en langue étrangère) ou sur le film «Mister Bob» (Canal+) prix du meilleur réalisateur (Thomas Vincent), prix du meilleur acteur (Clovis Cornillac) au festival de la fiction télévisée de La Rochelle…

Il est le co-créateur et co-scénariste avec Alexis « Matz » Nolent de la série télévisée policière de Prime time «Antigone 34» diffusée sur France 2 (2012).

Consultant pour l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft et sa filiale cinéma Ubiworld Studio pour des projets de films issus des franchises de jeu de la marque, à Los Angeles (USA) et Montréal (Canada).

Il s’illustre également dans l’écriture romanesque dès 1993 avec »Blue », premier roman bien accueilli par la critique et nominé à trois prix du premier roman.

Brice Homs adapte principalement des romans pour le cinéma et la télévision.

Il a également participé à plusieurs ouvrages collectifs en France et aux États-Unis (Cajun Families of the Atchafalaya, « De l’eau, de-ci de-là ».

Mais son CV ne s’arrête pas là, puisqu’il est aussi guitariste et parolier. Il a écrit de nombreuses chansons pour divers artistes variété. Il a été guitariste de nombreux groupes et artistes en France, en Angleterre et aux Etats-Unis. Il a écrit des chansons sur plus d’une trentaine d’albums pour des chanteurs tels que Michel Fugain, Florent Pagny, Isabelle Boulay, Hélène Ségara, Hugues Aufray, Sylvie Vartan, Daniel Lavoie…

Ses  chansons apparaissent dans la B.O de plusieurs films aux USA: «French Kiss» de Lawrence Kasdan, «Le diable s’habille en Prada» de David Frankel, et en France.

Brice Homs a collaboré à l’organisation du festival International de Louisiane ainsi qu’à la programmation World Music de grands festivals Américains (Houston international festival, Jazz festival de New Orleans). Une contribution qui a permis à de nombreux groupes Francophones de se produire pour la première fois aux USA (Paris Combo, Sergent Garcia, Amadou et Mariam, Angelique Kidjo, Les yeux noirs, Marousse, Sally Nyolo, Rokia Traore, La rue Kétanou, Ceux qui marchent debout, Lodjo, Dobacaracol etc..)

Brice Homs a reçu la distinction de « lieutenant honoraire » du bureau du Lieutenant-gouverneur de l’État de Louisiane le 22 avril 1999 par la Lt-gouverneur puis gouverneur Kathryn Babineau-Blanco.

Il a reçu le J. Edward Lofton award, ainsi que les clés de la ville de Lafayette (Louisiane).

Brice Homs est à l’origine avec Francis Cabrel et Zachary Richard de l’organisation du concert «SOS musiciens de la Nouvelle-Orléans» le 7 novembre 2005, destiné à venir en aide aux musiciens et leurs famille touchés par l’ouragan Katrina.

Membre fondateur et membre du conseil d’administration de la radio associative Radio Néo 95.2 qui diffuse les «nouveaux talents» français, principalement issus de la scène alternative.

Prix SACEM 1991 pour la chanson « Chaque jour de plus » (Michel Fugain).

Prix SOCANet FELIX 2012 (Canada) pour la chanson « Kérosène » (Laurence Hélie).

Il a siégé à la commission des musiques actuelles (ministère de la culture, La commission des variétés de la SACEM, la commission disque du FCM.

Il est actuellement expert nommé à la commission des nouveaux médias du CNC (centre national de la cinématographie).

Tout ceci n’empêche pas ce père de famille nombreuse (5 enfants) de s’investir depuis des années dans des activités associatives et humanitaires. Il a notamment œuvré à la diffusion du premier livre sur le VIH à destination des enfants «Brenda a un petit dragon dans le sang» à travers un réseau de plus de 300 associations en Afrique Francophone (avec Biblionef et le CRIPS), ainsi qu’à l’envoi de plus de dix mille livres neufs pour les écoles de Louisiane sinistrées par les Ouragans Katrina et Rita ou pour les écoles primaires du Bronx et de Harlem (avec la ville de NY).

Il réside actuellement près de Paris.

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