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… vu par Arlette

Giraud Brigitte ♦ Vivre vite

Prix Goncourt 2022  – Dans Vivre vite, Brigitte Giraud nous entraîne dans une cascade de « Si », une formidable introspection, un terrible retour en arrière pour tenter d’exorciser le terrible drame qu’elle a vécu.

Elle conjure le sort à l’envers avec des « si », pour tenter de comprendre ce qui a conduit à la mort accidentelle de Claude, il y a vingt ans.

La liste des « si » s’étend à l’infini, comme si tous les événements, des plus proches d’elle-même aux plus éloignés, avaient un lien avec le drame. En remontant le temps pour trouver des explications à la mort, la romancière déplie les petits détails qui constituent une vie. Une vie « anodine », faite de projets, d’amour, de petits tracas, d’enthousiasmes. Une vie qui n’intègre pas une seconde l’éventualité d’un stop en plein vol, consécutif à l’emballement inattendu d’une moto au démarrage. Un arrêt brutal sans explications, sinon un concours de circonstances fouillées jusqu’à la maniaquerie par la romancière, qui ne se trouvera apaisée, prête à « rendre les armes », qu’après en avoir exploré les moindres méandres.

22 juin 1999 : c’est le jour qui coupe en deux la vie de Brigitte Giraud. Son mari Claude (41 ans) meurt brutalement, tué lors d’un accident de moto, à 16h25, au coin de la rue Félix-Jacquier et du boulevard des Belges, au pied de l’hôtel cinq étoiles Reine Astrid, dans le 6ème arrondissement de Lyon, en accélérant sur une moto de compétition Honda 900 CBR Fireblade, dite Lame de feu qui n’était pas la sienne. Elle a 36 ans, un petit garçon, Théo, une maison fraîchement achetée en couple mais qu’elle habitera seule avec son fils. Elle a déjà écrit sur son deuil dans A présent (2001), un court récit à chaud, bouleversant, sur les émotions urgentes qui l’ont assaillies immédiatement après la perte.

Vivre vite est très différent, dans sa forme comme dans son fond. « Ça fait vingt ans et ma mémoire est trouée » dit-elle.

Vingt ans après, alors qu’elle s’apprête à revendre cette maison qui est inévitablement liée à la tragédie, Brigitte Giraud a eu le courage d’écrire sur ce drame qui a bouleversé sa vie. Son récit est une terrible introspection, un déroulé de toutes les possibilités, de tous les hasards, de toutes les maladresses qui n’ont pas empêché l’accident. Si certaines sont très graves, d’autres sont plus superficielles tout en ayant une importance qui aurait pu faire dérailler l’inéluctable. Elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre, avec une obsession méthodique, ce qui a conduit à l’accident de moto

Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s’étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu’à produire l’inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux.

Brigitte Giraud mène l’enquête et met en scène la vie de Claude, et la leur, miraculeusement ranimées.

Brigitte Giraud avec cette autofiction dépasse largement l’histoire personnelle, offre un récit superbe de portée universelle sur la perte d’un être cher et la difficulté de la reconstruction.

Elle parle de son métier d’écrivaine car, au moment de l’accident, elle revenait de Paris où elle était allée rencontrer son éditrice pour parler de la parution de son prochain roman. Là encore, si…

 

L’auteur :

Brigitte Giraud est une écrivaine française, née en 1960 à Sidi-Bel-Abbès en Algérie. Elle grandit à Rillieux-la-Pape avant de s’installer à Lyon.

Après avoir étudié l’allemand, l’anglais et l’arabe qui auraient dû la qualifier de traductrice, elle s’oriente en premier lieu vers les métiers en librairie. Ensuite elle devient journaliste et critique littéraire, puis devient programmatrice pour la Fête du Livre de Bron, importante manifestation littéraire de la région lyonnaise dont elle est aujourd’hui encore conseillère littéraire.

Elle publie des nouvelles dans divers revues comme « NRF », « Aude Magazine »…

Libraire, journaliste, elle écrit et commence à publier à la fin des années 1990.

En 1997, elle publie son premier roman, « La chambre des parents » qui illustre un parricide. Plusieurs livres suivront, romans, récits ou recueils de nouvelles.

Elle reçoit en 2001 la mention spéciale du prix Wepler pour À présent.

Elle est lauréate du prix Goncourt de la nouvelle en 2007 pour son recueil L’amour est très surestimé, puis du prix Jean-Giono pour Une année étrangère en 2009 et la mention spéciale du prix Wepler pour « À présent » (Stock 2001). Ses livres sont traduits dans une vingtaine de pays.

Elle a notamment créé :

  • en 2008, une lecture musicale de Avec les garçons, avec le musicien Fabio Viscogliosi ;
  • en 2011, la lecture dansée BG/BG Parce que je suis une fille, avec la chorégraphe Bernadette Gaillard ;
  • en 2014, une lecture musicale, L’Amour ping-pong, avec le musicien Albin de la Simone.

Brigitte Giraud, auteure notamment de Nico (1999), écrit simplement, sans emphase ni grande tournure de phrase, sur ce qu’elle connait avec des mots justes et précis qui donnent à son récit une force et une vérité humaine déchirantes.

Elle est l’écrivaine de dix romans dont À présent, un récit des plus bouleversants sur la perte brutale d’un être cher et les démarches à effectuer tant administratives qu’émotionnelles à la suite de cette mort. Elle reçoit en 2001 la mention spéciale de Prix Wepler pour ce livre.

Grace à son recueil L’amour est très surestimé, elle est lauréate du Prix Goncourt de la nouvelle en 2007. Onze histoires d’amour meurtri, contusionné, histoires de divorces, de solitude, de manque. Elles sont écrites à la première personne du singulier parce que ces émotions se vivent plus qu’elles se décrivent.

En 2009 elle remporte le Prix du jury Jean-Giono pour son livre Une année étrangère. Brigitte Giraud nous immerge dans une atmosphère pesante et déconcertante afin de nous dépeindre le portrait d’une adolescente dépaysée, déboussolée par son deuil et déconnectée des siens.

Son roman Pas d’inquiétude fait l’objet d’une adaptation par France 2 (diffusée en 2014), réalisée par Thierry Binisti, avec Isabelle Carré et Grégory Fitoussi dans les rôles principaux.

Son roman publié en 2015 Nous serons des héros est mis en scène par le comédien Hippolyte Girardot et le musicien Bastien Lallemant.

Elle est l’auteure d’une pièce de théâtre, Le jour où Maud a sauté, publiée dans le recueil Scandale aux éditions L’avant-scène théâtre en 2016, et jouée au théâtre des Mathurins, à Paris, en janvier 2017, dans le cadre du « Paris des femmes ».

De 2010 à 2016, elle dirige la collection de littérature « La Forêt » aux éditions Stock, où elle publie Fabio Viscogliosi, Dominique A, Sébastien Berlendis, Mona Thomas, Carole Allamand, Karin Serres, Anne Savelli, Lionel Tran ou Denis Michelis.

Son roman Un loup pour l’homme sort chez Flammarion en 2017 et fait l’objet d’une lecture musicale avec les musiciens Bastien Lallemant et Sébastien Souchois. Il est en cours d’adaptation au cinéma.

Le 3 novembre 2022, elle obtient le prix Goncourt 2022, avec son récit Vivre vite, qui revient sur l’accident de moto qui a emporté son mari, en 1999, à l’âge de 41 ans. Elle est la treizième femme à recevoir ce prix en cent vingt ans (depuis 1903). Elle est sacrée au quatorzième tour du scrutin, du fait d’une confrontation disputée avec l’ouvrage très différent de Giuliano da Empoli Le Mage du Kremlin.

Dans Vivre vite, la romancière tente de comprendre, avec une obsession méthodique, ce qui conduit à l’accident de moto qui a coûté la vie à son mari il y a deux décennies. Ce roman obtient le Prix Goncourt 2022.

Elle a été nommée « Officière de l’ordre des Arts et des Lettres le 16 janvier 2014.

 

 

Œuvre :

         Romans :

            – La Chambre des parents, Fayard, 1997

            – Nico, Stock, 1999

            – Marée noire, Stock, 2004

            – J’apprends, Stock, 2005

            – Une année étrangère, Stock, 2009 – Prix du jury Jean-Giono 2009

            – Pas d’inquiétude, Stock, 2011

            – Avoir un corps, Stock, 2013

            – Nous serons des héros, Stock, 2015

            – Un loup pour l’homme, Flammarion, 2017

            – Jour de courage, Flammarion, 2019

            – Porté disparu, l’École des loisirs, 2022

 

         Récits :

            – À présent, Stock, 2001 — « Mention spéciale » du prix Wepler 2001

            – Vivre vite, Flammarion, 2022 – Prix Goncourt 2022

 

Nouvelles :

            Recueils :

            – L’amour est très surestimé, Stock, 2007 –  Prix Goncourt de la nouvelle 2007

            – Avec les garçons, suivi de Le Garçon, J’ai lu, 2010

 

Participation et collaborations :

                  – « Bowling » in Tout sera comme avant, collectif, Verticales, 2004 – d’après l’album homonyme de Dominique A

            – Une nouvelle dans Dix ans sous la Bleue, collectif, Éditions Stock, 2004

            – « Beau repaire », collectif avec Jacques Higelin, Sony Music 2013

            – « Bienvenue ! 34 auteurs pour les réfugiés », collectif, éditions Point Seuil 2015

                  – « Se brûler sur ta lampe » in Vacances à Véga, journal de l’enregistrement de La maison haute, album de Bastien Lallemant, Zamora records 2015

 

Prix et sélections :

         Récompenses :

            – Prix littéraire des étudiants 1997 pour La Chambre des parents

            – Mention spéciale du prix Wepler 2001 pour À présent

            – Prix Goncourt de la nouvelle 2007 pour L’amour est très surestimé

            – Prix du jury Jean-Giono 2009 pour Une année étrangère

            – Prix Goncourt 2022 pour son récit Vivre vite

 

            – Sélection prix Femina 2001 pour À présent

            – Sélection prix du Livre Inter 2001 pour À présent

            – Sélection prix du Livre Inter 2004 pour Marée noire

            – Finaliste du prix Fémina 2009 pour Une année étrangère

            – Finaliste du prix Medicis 2011 pour Pas d’inquiétude

            – Sélection prix Femina 2013 pour Avoir un corps

            – Finaliste du prix Fémina 2015 pour Nous serons des héros

            – Finaliste du prix Goncourt des lycéens 2017 pour Un loup pour l’homme

            – Sélection prix Goncourt 2017 pour Un loup pour l’homme

            – Sélection prix Femina 2017 pour Un loup pour l’homme

            – Sélection prix Médicis 2017 pour Un loup pour l’homme

            – Sélection Prix du style 2017 pour Un loup pour l’homme

            – Sélection prix des Deux Magots 2017 pour Un loup pour l’homme

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