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… vu par Arlette

Djavann Chahdortt ♦ Les putes voilées n’iront jamais au paradis

Ce livre, au titre fort, est une sorte d’essai politique, mélange de réalité et de fiction, dans lequel l’auteur dénonce le sort réservé aux femmes en Iran, pays où la prostitution est partout.

Chahdortt Djavann part d’un fait divers réel : dans plusieurs grandes villes iraniennes, des prostituées sont retrouvées mortes, étranglées avec leur propre tchador. Dans ce pays où les mollahs rendent la justice, pour la plupart des gens les assassins de prostituées sont de bons musulmans, des éradicateurs de femmes au « sang sans valeur« , des purificateurs. Nous sommes dans un pays où, selon l’islam, les femmes mariées qui se prostituent sont condamnées à la lapidation.

Ce roman vrai, puissant à couper le souffle, fait alterner le destin parallèle de deux gamines extraordinairement belles, séparées à l’âge de douze ans, et les témoignages d’outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran.

Leurs voix authentiques, parfois crues et teintées d’humour noir, surprennent, choquent, bousculent préjugés et émotions, bouleversent. Ces femmes sont si vivantes qu’elles resteront à jamais dans notre mémoire.

À travers ce voyage au bout de l’enfer des mollahs, on comprend le non-dit de la folie islamiste : la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir. L’obsession mâle de la sexualité et la tartufferie de ceux qui célèbrent la mort en criant « Allah Akbar ! » pour mieux lui imputer leurs crimes.

Ici, la frontière entre la réalité et la fiction est aussi fine qu’un cheveu de femme.

Un livre des plus dérangeants qui, au-delà de la dénonciation des maltraitances faites par les intégristes et les mollahs aux iraniennes  depuis 1979…met à mal également tous les préjugés, comportements déviants quant à  la sexualité est rejetée, transformée en péché, en une « chose » répugnante »… où le Féminin devient « unique objet de  persécution »… et ceci dans trop de pays et d’époques. !!!!..

L’auteur :

Chahdortt Djavann est née en 1967 en Iran et vit depuis 1993 à Paris où elle a étudié l’anthropologie. Elle est romancière et essayiste de langue française, et de nationalité française.

Elle grandit à Téhéran où elle vit avec sa mère et ses quatre frères et sœurs aînés. Son père, Pacha Khan, un grand seigneur d’Azerbaïdjan, est emprisonné par le shah, puis par les mollahs arrivés au pouvoir après la révolution de 1979 et tous ses biens furent confisqués. Il a élevé sa fille « dans l’amour des livres et la détestation des mollahs ».

Après la Révolution islamiste iranienne, elle est forcée d’arrêter de lire de grands auteurs français pour étudier le Coran et elle est voilée de force.

En juin 1980, alors qu’elle a 13 ans, elle est incarcérée trois semaines pour avoir manifesté contre le régime. Elle est tabassée et a deux côtes cassées.

Elle arrive en France en 1993, après être passée par Istanbul en 1991, sans être francophone. Elle connait des conditions de vie difficile, enchaînant les jobs précaires, avant de rentrer à l’École des Hautes études en sciences sociales, où elle étudie l’anthropologie. Elle fait l’auto-apprentissage du français (en étudiant les manuels de Lagarde et Michard, en lisant d’un bout à l’autre le Robert et les œuvres d’André Gide, de Maupassant, de Camus, de Gide, de Romain Gary. Le français est la septième langue qu’elle pratique.

Elle fait des petits boulots, une tentative de suicide, puis commence des études universitaires en psychologie et en anthropologie.

Elle s’inscrit à l’EHESS, École des  Hautes Études en Sciences Sociales. Elle y rédige son mémoire sur « L’endoctrinement religieux et l’islamisation du système d’éducation en Iran après l’instauration du régime Khomeiniste » – une étude basée sur l’analyse des manuels scolaires.

En 1998, elle débute sa thèse : « La création littéraire dans la langue de l’Autre », en travaillant sur les œuvres de Cioran, Ionesco et Beckett. Elle abandonne sa thèse et écrit son premier roman. Je viens d’ailleurs.

Elle rédige un pamphlet contre le voile islamique, que les éditions Gallimard publient aussitôt, en septembre 2003. Elle y fait une analyse anthropologique et historique du voile islamique et de sa portée culturelle, traditionnelle, psychologique, sociale, sexuelle, juridique et politique. Elle demande  que le voile des mineures soit reconnu comme une maltraitance à leur endroit. « Voiler une mineure signifie  qu’elle est nubile… Le voile définit la mineure comme un objet sexuel… Le voile définit la femme psychologiquement, socialement, sexuellement et juridiquement comme sous-homme. ».

Son deuxième roman,  Autoportrait de l’autre, est publié en janvier 2004 par Sabine Wespieser éditeur.

Dans Que Pense Allah de l’Europe ?, pamphlet publié en 2004, toujours chez Gallimard, elle analyse la stratégie des islamistes « djihad souterrain » en France et en Europe

. Critique de l’intégrisme musulman, elle déclare que la critique des religions est « non négociable » et invite « l’immense majorité des musulmans silencieux de France » à manifester contre l’idéologie islamiste... Son roman « Comment peut-on être français? » est une satire sociale et politique en partie épistolaire : une correspondance imaginaire avec Montesquieu.

Son roman La Muette (2008) est la confession d’une gamine de quinze ans condamnée à la pendaison, dans les prisons des mollahs – une fiction réaliste et documentée.

Dans l’épilogue de Je ne suis pas celle que je suis, publié en 2011 chez Flammarion,  Chahdortt Djavann écrit : « Rien n’était moins probable qu’un exil en France, rien ne me destinait à une vie française… même dans mes rêves les plus osés, j’étais à mille lieues de m’imaginer écrivain de langue française. » Bien que l’auteure utilise certaines de ses expériences, elle précise : «  Je ne crois pas à l’autobiographie… Je suis mon personnage et je ne le suis pas… »

La dernière séance (Fayard, 2013) est la suite de Je ne suis pas celle que je suis – entrelacement des séances de psychanalyse à Paris et du récit du parcours mouvementé de l’héroïne d’Istanbul à Paris.

Big Daddy (Grasset 2015) est un thriller social dont l’action se situe dans l’Amérique profonde, portrait d’un pervers criminel et grandiloquent qui prend pour fiston un gamin des rues, et d’une avocate de la grande bourgeoisie irano-américaine. Son dernier roman  « Les putes voilées n’iront jamais au Paradis! » donne la voix aux femmes assassinées en Iran.

Elle est passionnée d’échecs. Ses ouvrages sont traduits en plusieurs langues. Elle a écrit de nombreux articles ou tribunes dans les journaux.

Le 18 février 2008, dans un article du Figaro, elle demande que  l’Union européenne reconnaisse la fatwa (incitation au meurtre) comme un acte criminel et engage des poursuites internationales contre ceux qui décrètent des fatwas.».

Œuvres

  • Je viens d’ailleurs (2002)
  • Bas les voiles !, éd. Gallimard (2003)
  • Que pense Allah de l’Europe ? (2004)
  • Autoportrait de l’autre (2004)
  • Comment peut-on être français ? (2006)
  • A mon corps défendant, l’Occident, éd. Flammarion (2007)
  • La Muette (2008)
  • Ne négociez pas avec le régime iranien, éd. Flammarion (2009)
  • Je ne suis pas celle que je suis, éd. Flammarion (2011)
  • La Dernière Séance, éd. Fayard (2013)
  • Big Daddy, éd. Grasset (2015)
  • Les putes voilées n’iront jamais au paradis !, éd. Grasset (2016)
  • Comment lutter efficacement contre l’idéologie islamique, éd. Grasset (2016)

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