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… vu par Arlette

Miloszewski Zigmunt ♦ Inavouable

Avec Inavouable, son quatrième livre publié en français, Zygmunt Miloszewski nous offre un volumineux et palpitant thriller inspiré par les œuvres d’art pillées dans les collections polonaises durant la Seconde Guerre mondiale.

Il accorde un congé sabbatique à son personnage attachant, le procureur Teodore Szacki qui, dans chaque roman de sa trilogie – Les Impliqués, Un fond de vérité et La Rage – change de poste, nous permettant d’explorer successivement Varsovie, Sandomierz et Olsztyn, en Varmie-Mazurie. Il change de thème, de milieu, de pays.

Dans ce roman Inavouable, il lance ses héros dans une épopée artistico-historique, à la recherche des tableaux pillés par les nazis, exfiltrés de la Pologne martyrisée avant la chute du régime hitlérien. Surtout, LE tableau le plus célèbre, le plus mythique, légendaire : le Portrait de jeune homme du peintre Raphaël. A l’heure actuelle, ce tableau (s’il n’a pas été détruit) est toujours dans la nature. De cette absence, Miloszewski brode avec talent un scénario improbable, conspiration tordue, un peu vaine, qu’il fait glisser avec une belle énergie et une saine dérision.

Responsable du département de recouvrement de biens culturels rattaché au ministère des Affaires étrangères – « petite structure qui ne comptait à vrai dire qu’une seule personne » – le docteur Zofia Lorentz est convoquée par le Premier ministre Donald Tusk. Elle se voit chargée de ramener au pays le Portrait de jeune homme de Raphaël. Volé à la Pologne pendant la guerre, le tableau vient d’être identifié aux Etats-Unis. Problème: il n’y a aucune chance de pouvoir le récupérer légalement. Il va donc falloir le voler.

Accompagnée de Karol Boznanski son ancien amant, un marchand d’art cynique international aux méthodes plus contestables, d’Anatole Gmitruk, ex-officier des services spéciaux polonais à la retraite, dont le dernier fait d’armes est d’avoir réussi à sauver pas mal de monde dans un téléphérique de montagne, et de Lisa Tolgfors, surnommée Ronja, une voleuse cambrioleuse légendaire suédoise, soupçonnée d’avoir réalisé, dans les musées du monde entier, les vols les plus audacieux, portée sur le sexe, aux origines aristocratiques et parlant le polonais, appris en prison, Zofia s’envole pour New York, étape d’une quête contrariée qui pourrait inverser la lecture de l’Histoire et la politique internationale moderne…

Zofia, c’est l’intellectuelle obsessionnelle, sans concessions, qui tient les autres de haut, se lance dans des explications dithyrambiques, qui pourraient faire l’objet d’une thèse. Toute la partie consacrée à l’histoire du tableau de Raphaël que Zofia explique à ses compagnons est passionnante.

Lisa, c’est l’extravertie, pro du piratage informatique et des dernières technologies en vogue, qui a un langage de charretier, qu’elle met sur le compte de son passage en prison, amoureuse de son Claude (Monet) au point d’aller voler une (voire plusieurs) de ses œuvres pour la conserver pour elle…

Bien que mandatés par le gouvernement polonais ils vont devoir travailler “sans filet” et vite se rendre compte que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissaient car ils deviennent rapidement la cible d’un tueur à gages puis des forces spéciales des Etats-Unis !

Des mercenaires, tueurs à gage, des espions tentent à tout prix de faire capoter l’opération. Qui est à la tête de l’opération ? C’est ce que doivent tenter de découvrir le quatuor. A qui peut-on faire confiance, quand l’ennemi en face utilise l’artillerie lourde, du matériel de guerre ? Quel lièvre ont-ils soulevé ? Quels secrets sordides seraient mis au jour ? Devenus la cible de tous, leur seul moyen de survivre est de trouver la collection disparue d’un comte de pacotille !

Ce qu’ils ignorent aussi, c’est que la disparition du Raphaël est liée à des secrets d’Etat qui ne doivent en aucun cas tomber dans des mains innocentes susceptibles de les divulguer. Du coup, l’audacieuse équipée se transforme en une fuite harassante devant des tueurs aussi inventifs qu’impitoyables.

L’auteur profite de cette rocambolesque course-poursuite pour nous faire voyager. Après New Rochelle, dans la banlieue de New York, nos héros se rendent en Suède dans l’improbable Ferrari break à cinq portes de Karol Boznanski, une voiture ayant appartenu au sultan du Brunei.

Talonnés par leurs poursuivants, nos trois amoureux de l’art finissent par se réfugier dans un zoo, plus précisément dans «le dépotoir à fumier des lions».

Le temps d’un flash-back, Inavouable commençait le 26 décembre 1944, à Zakopane, dans la chaîne des Tatras, avec la fuite, en pleine tempête de neige, d’un résistant chargé par un officier nazi de mettre un mystérieux étui métallique à l’abri. Il s’agirait d’un grand secret de cette guerre. Mais notre homme, alpiniste réputé, s’épuise en tournant en rond dans la tempête et l’objet est perdu. L’officier avale une capsule de cyanure pour échapper aux Alliés aussi bien qu’aux russes.

Saut à l’époque actuelle, une matinée d’automne à Varsovie, avec un « attentat » terroriste déclenché sur les cabines du téléphérique, dans les Tatras. Mais un militaire réussit à déjouer en partie la manœuvre, limitant à la casse, une seule cabine avec deux personnages à bord, faisant le grand plongeon. Le militaire en question tient à rester un héros dans l’ombre, et s’apprête à prendre sa retraite.

L’auteur :

Zygmunt Miłoszewski, né le 8 mai 1976 à Varsovie, où il a également grandi, est un écrivain et journaliste polonais. Il est notamment l’auteur d’une série de romans policiers dont le héros récurrent est le procureur Teodor Szacki.

Zygmunt Miloszewski athée mais il vient d’une famille de croyants catholiques, et il respecte les gens qui ont la foi. Il est marié avec Marta Anna Miloszewska, directrice de théâtre polonais, conférencière universitaire et militante sociale.

Il a d’abord étudié l’histoire des cultures à l’université mais sans aller jusqu’au diplôme : il avait pensé que ce serait une grande aventure intellectuelle, et dans les faits, il a eu l’impression de continuer à aller au lycée. Or au même moment, dans les années 90, la Pologne changeait à toute vitesse, en cinq ans il se produisait autant de changements qu’en vingt ans en France, les gens créaient des entreprises aujourd’hui côtées en bourse, des journaux qui sont devenus prescripteurs. Du coup, ils ont été nombreux à abréger nos études, pour ne pas perdre de temps, et c’est comme ça qu’il est entré dans la presse.

Avant de commencer à écrire des romans policiers, il a commencé en 1995 à travailler avec le magazine « Super Express », comme chroniqueur judiciaire, et pour lequel il a écrit des rapports d’audiences judiciaires.

Dans les années 2003-2008, il a travaillé pour « Newsweek », d’abord en tant que rédacteur en chef, puis en tant que chroniqueur avec sa propre rubrique. Il y a écrit, entre autres, sur les jeux informatiques, dont il est un expert et un passionné.

Il commence à publier des nouvelles et des romans en 2004.

En 2005, il publie son premier roman d’horreur, « L’Interphone » (Domofon), très remarqué par la critique, puis il enchaîne les succès, notamment avec une trilogie de romans policiers mettant en scène le procureur Teodor Szacki.

La trilogie est composée de « Les impliqués » (Uwikłanie, 2007), adapté au cinéma en 2011, « Un fond de vérité » (Ziarno prawdy, 2011), adapté au cinéma en 2015 et « La Rage » (Gniew, 2014).

« Inavouable » (Bezcenny), un thriller, récit sur la recherche d’œuvres d’art perdues durant la Deuxième Guerre mondiale, a été publié en 2013.

Il a obtenu à deux reprises le prix du meilleur roman policier polonais Nagroda Wielkiego Kalibru  en 2007 et 2011.

En France il a été sélectionné pour :

  • Prix SNCF du polar (SNCF) ;
  • Prix du polar européen (Le Point) ;
  • Grand prix des lectrices de Elle, catégorie policier (ELLE);
  • Prix Polar de Cognac (Meilleur roman international 2014)

En 2015, il a reçu le prix « Polityka Passport ».

Son roman La Rage est classé à la onzième place dans le Top 20 des romans noirs et des polars de l’année 2016 publié par le journal Le Monde.

Il a reçu le prix Transfuge du meilleur polar étranger. En 2019, il est lauréat de la 55ème édition du « prix Caméléon » prix étudiant du roman étranger traduit en français, qui récompense l’auteur et le traducteur d’un roman étranger contemporain, pour La Rage. Le prix est décerné par un jury de 100 étudiants de l’l’Université Jean-Moulin (Lyon-III)

Lorsque Jerzy Pilch a organisé son célèbre concours de nouvelles, Miłoszewski lui a envoyé un texte de sa propre rédaction intitulé « L’histoire du portefeuille ». Cette histoire a été publiée dans « Polityka » et est en même temps devenue ses débuts littéraires. Cela a abouti à un contrat avec la maison d’édition WAB, qui publie tous les romans de Zygmunt Miłoszewski.

Avec son frère Wojciech Miłoszewski, il a écrit le scénario de la série télévisée « Prokurator », mettant en vedette, entre autres, Jacek Koman, Magdalena Cielecka et Wojciech Zieliński.

Les romans de Zygmunt Miłoszewski deviennent presque automatiquement des best-sellers.

Traduits dans plus d’une douzaine de langues, ils remportent de nombreux prix et distinctions tant en Pologne qu’à l’étranger.

Déjà en 2006, il a reçu une Distinction au concours du Prix Littéraire. Kornel Makuszyński pour le conte de fées pour enfants « Góry Żmijowe ».

En 2008, il a reçu le prix Wielki Calibre pour le roman « Uwikłanie » du meilleur roman policier. « Uwikłanie » commence la série criminelle à succès de Zygmunt Miłoszewski décrivant le sort du procureur Szacki. Les prochains éléments dans lesquels le personnage principal est Teodor Szacki sont « Ziarno prawdy » et « Gniew ».

Les histoires qui absorbent le lecteur et en même temps les héros réalistes rendent Miłoszewski Zygmunt si populaire. Les livres qu’il crée permettent au lecteur de plonger dans un monde complètement différent – plein d’intrigues criminelles, de problèmes sociaux ou d’énigmes que vous devez résoudre. En outre, l’auteur aborde des sujets souvent inconfortables liés à l’antisémitisme, à la corruption et aux services spéciaux connus de la République populaire de Pologne. En conséquence, Zygmunt Miłoszewski a gagné en popularité non seulement en Pologne, mais aussi dans d’autres pays – ses œuvres ont été publiées aux Pays-Bas, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne.

Tous ses romans de la trilogie sur le célèbre procureur ont suscité un intérêt indéfectible pendant des années, provoquant des discussions non seulement sur des sujets criminels mais aussi sociaux. Miłoszewski ne se limite pas à comploter un complot criminel. Il aborde également les thèmes de l’antisémitisme, de la corruption, des activités des membres des anciens services du PRL, etc., toujours d’actualité en Pologne.

Comme toujours, Zygmunt Miłoszewski a prouvé ici qu’il était dans une excellente forme d’écriture depuis des années. Ce roman est une sensation au meilleur niveau, voire de classe mondiale.

L’auteur est un véritable maître de l’intrigue criminelle et des intrigues complexes, pleines de suspense et sensationnelles. Tout cela signifie que ses romans sont lus par des millions, et deux d’entre eux, « Uwikłanie » et « Ziarno prawdy », ont déjà été projetés.

S’il comprend le français, Zygmunt Miloszewski préfère répondre dans sa langue natale

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