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… vu par Arlette

Adam Olivier ♦ Une partie de badminton

Olivier Adam livre avec « Une partie de badminton », son douzième roman  (Flammarion) le récit des mésaventures familiales et professionnelles d’un écrivain sur le déclin.

Il  nous convie au spectacle d’une famille dont l’harmonie semble menacée, par des choix stratégiques maladroits (quitter Paris), des coups de canifs dans le contrat de mariage, et des ados enclins à s‘éclipser sans prévenir. Il dépeint aussi bien les tourments qui secouent la famille, qu’une actualité parfois lourde (attentats, migrants, protection du littoral, métier d’écrivain, violence domestique…).

Comme dans Falaises, Des vents contraires ou Les Lisières, Olivier Adam convoque un de ses doubles fictionnels Paul, et brouille savoureusement les pistes entre fiction et réalité dans ce grand livre d’une vitalité romanesque et d’une autodérision très anglo-saxonnes.

A son départ, Paul Lerner, 45 ans, était en haut de la vague. Son dernier livre s’était vendu au-delà de ses espérances et de celles de son éditeur. Après avoir passé plus d’une dizaine d’années en Bretagne, à Saint  Lunaire près de saint Malo, il décide de s’installer à Paris avec toute sa petite famille. Un changement radical mais nécessaire pour l’auteur qui semblait avoir fait le tour de cette région.

Malheureusement, cette parenthèse parisienne de cinq ans n’a pas tenu ses promesses. Malgré cette ville-lumière, les projecteurs se sont peu à peu détournés de lui et de ses romans. Le succès et les lecteurs ne sont plus au rendez-vous. Difficile alors de vivre au cœur de la capitale au temps des vaches maigres : crise financière, loyer exhorbitant. C’est ainsi qu’après 5 ans, la famille est de nouveau de retour sur la côte d’Émeraude, à Saint-Lunaire. Un déménagement qui n’enchante guère les autres membres de la famille.

Tandis que ce littoral qu’il croyait bien connaître se révèle moins paisible qu’il n’en a l’air, Paul voit sa vie conjugale et familiale brutalement mise à l’épreuve. Il était pourtant prévenu : un jour ou l’autre on doit négocier avec la loi de l’emmerdement maximum.

Sa fille Manon, jeune lycéenne adolescente est malheureuse, devient colérique, regrette ses amis intellos de Paris, détestant ce lycée perdu peuple d’idiots dégénérés, tire la gueule à longueur de journée et fugue pour retrouver son amoureux à Paris. Sa femme Sarah, a réussi à être mutée dans un lycée de la banlieue de Rennes et donne des cours de Français aux migrants d’un centre d’accueil. Mais elle se tape des heures de voitures, est déprimée par leur couple entré dans le moule. Seul son fils Clément âgé de 10 ans semble y rester indifférent. Quant à lui, en manque d’inspiration, il accepte un poste de journaliste pour l’hebdomadaire local « L’Emeraude ». Il sent bien que quelque chose s’est abîmé. Une faille. Une fissure. Entre Sarah et lui. Entre lui et Manon. Et en lui-même.

Il n’est pas vraiment heureux et ce ne sont pas les déconvenues et les mauvaises nouvelles qui vont embellir son quotidien déjà un brin morose… Il apprend que Sarah a une liaison de longue date avec Lise, une vieille amie. Il apprend la mort d’un ami écrivain qu’il avait perdu de vue depuis longtemps, et dont le décès fait émerger des secrets jusque-là bien enfouis. Enfin, qui est cette mystérieuse jeune femme qui semble rôder autour de lui ?

Chez Olivier Adam la morosité, le mal-être est partie intégrante de son œuvre et les détails autobiographiques souvent au cœur de ses livres. Ici, il ne déroge pas à la règle, dans un contexte social et politique guère réjouissant.

En ajout à son mal-être intrinsèque, notre protagoniste est empêtré dans le désarroi de “l’auteur qui n’écrit plus” et de ses soucis de famille. Dans le décor envoûtant de la Bretagne, les dunes, la mer s’acharnant sur les rochers, l’horizon qui se déploie sans fin, une autopsie et autocritique d’une vie d’homme avec tout ce qu’elle a de plus humain, constellée de pépins de famille, de femmes mystérieuses, de regrets et non-regrets de la vie intellectuelle parisienne. S’y ajoute l’interrogation sur le rapport du talent de l’écrivain et de la qualité littéraire de son œuvre à son succès commercial, une question de débat sans fond.

 

L’auteur :

Olivier Adam est un écrivain français né le 12 juillet 1974 à Draveil, près de Paris. Il a grandi en région parisienne dans l’Essonne, avec ses deux frères, au sein d’une famille modeste et vit maintenant en Bretagne. Son père était employé de banque.

Il dit maintenant ne plus se rappeler son enfance jusqu’à l’âge de 10/11 ans. Il sait pourtant qu’il a eu une enfance heureuse, normale pour ce qu’il s’en souvient.

Vers l’âge de 16 ans, il devient anorexique. Il perd 38 kg. De 88 kg, il passe à 50 kg.

Il suit des études de gestion d’entreprises culturelles à l’Université de Paris-Dauphine où il rencontre sa future compagne Karine Reysset et mère de ses enfants et qui va lui réapprendre à manger et arrêter de vouloir être un « fantôme ».

Il devient d’abord consultant pour conseiller des collectivités locales dans leur politique culturelle. Puis, après un « trou noir » de quelques années où il commence à écrire, il participe en 1999 à la création du festival littéraire « Les correspondances de Manosque » avec Olivier Chaudenson. Il travaille ensuite brièvement dans l’édition, où il est directeur de collection aux éditions du Rouergue.

En 2000, Olivier Adam publie aux éditions du Dilettante son premier roman, « Je vais bien ne t’en fais pas », qui connaîtra un certain succès (160.000 exemplaires vendus en poche après l’adaptation au cinéma en 2006), qui obtient la reconnaissance de la critique et qui est sélectionné pour le Festival du premier roman en 2001.

Il signe ensuite avec les éditions de l’Olivier où il publie « A l’Ouest » (2001), « Poids léger » (2002), « Passer l’hiver » (recueil de nouvelles, Prix Goncourt de la Nouvelle 2004 et Prix des Éditeurs 2004), « Falaises » (2005, sélectionné dans 13 prix littéraires sans obtenir aucune récompense) et « À l’abri de rien » (2007, Prix du Premier prix 2007 et favori du Prix Goncourt 2007).

Entre-temps, en 2003, il devient directeur de collection aux éditions du Rouergue.

Parallèlement, à la suite d’une rencontre avec Geneviève Brisac, Olivier Adam écrit aussi plusieurs ouvrages pour la jeunesse, publiés pour la plupart à l’École des Loisirs: « On ira voir la mer » (2002), « La Messe Anniversaire » (2003), « Sous la pluie » (2004), « Douanes » (2004, éditions Page à page) « Comme les doigts de la main » (2005) et « Le jour où j’ai cassé le château de Chambord « (2005).

Il publie par ailleurs régulièrement des textes courts dans les revues littéraires et anime des ateliers d’écriture en milieu scolaire.

En 2004, il obtient le Prix Goncourt de la nouvelle pour son recueil « Passer l’hiver ».

En 2005, Olivier Adam quitte la région parisienne pour la Bretagne avec sa compagne Karine Reysset, l’auteur de livres pour enfants, pour habiter à Saint-Malo, où il partage son temps entre la littérature et le cinéma. Ce qu’il évoque dans Des vents contraires en 2009.

Des histoires plein la tête, Olivier Adam sort coup sur coup « Des vents contraires » (Prix RTL-Lire 2009) et « Le cœur régulier » (2010), tout en écrivant des ouvrages jeunesse, « Les Boulzoreilles », avec Euriel Dumait (2010) ou « Personne ne bouge » (2011).

« Les lisières » est sorti à la rentrée littéraire 2012, un roman où le destin d’un homme croise celui de la France.

En 2015, « Peine perdue », qui se penche sur vingt-deux personnages d’une station balnéaire de la Côte d’Azur, est finaliste du Prix des libraires.

Il fait partie en 2007 de la dernière sélection du Prix Goncourt pour « À l’abri de rien », et, en 2010, pour « Le Cœur régulier », de la deuxième sélection du Prix Goncourt.

Deux ans plus tard, pour son roman « Les Lisières, » il semble favori, d’après les médias, le magazine L’Express titrant un article « Olivier Adam aux lisières du prix Goncourt »… mais quelques jours plus tard, comme le mentionne le journal Le Figaro : « Voilà déjà une grande surprise : alors que la plupart des médias le voyaient déjà couronné, Olivier Adam ne figure même pas sur la première liste du Goncourt », surprise que reprend en titre L’Express ou encore Le Point.

Son œuvre dépeint des personnages en butte à des crises d’identité, souvent dans des milieux ordinaires de la classe moyenne. Ses romans mettent en scène les thèmes des douleurs familiales, du manque, des identités flottantes, de l’inadaptation sociale, de la fuite et de la réinvention de soi. Ils évoquent également la France « périphérique », en particulier la banlieue parisienne et sont très fortement marqués par les paysages de bords de mer, en particulier ceux de la Côte d’Emeraude en Bretagne. Il affiche également dans ses écrits son admiration pour la culture et les paysages du Japon, pays où il fut écrivain lauréat en 2006, en résidence à la Villa Kujoyama, à Kyōto et qui a pour objectif d’accueillir des créateurs et des chercheurs confirmés visant à mettre en œuvre la réalisation d’un projet spécifique s’inscrivant dans la réalité japonaise..

Très influencé par la littérature américaine contemporaine (John Fante, Raymond Carver, Richard Ford,…) mais aussi par une certaine famille d’écrivains français des années 40 et 50 (Henri Calet, Georges Hyvernaud, Georges Perros,…), n’hésitant pas à aborder des thématiques sociales et politiques, Olivier Adam a su s’imposer très vite comme un auteur qui compte dans la nouvelle génération d’écrivains français. Côté filiations cinématographiques et musicales, on rapproche souvent son univers et son style de ceux d’auteurs comme Maurice Pialat, Leonard Cohen ou encore Christophe Miossec.

Pour le cinéma, outre la co-scénarisation de ses romans « Je vais bien ne t’en fais pas », adapté en 2006 par Philippe Lioret, avec les acteurs Kad Merad et Mélanie Laurent. Pour ce film, Olivier Adam recevra l’Etoile d’or du scénariste, décernée par l’académie de la presse du cinéma français.

« Poids léger » adapté en 2004 par Jean-Pierre Améris et « Sous la pluie » en cours d’adaptation par Patrick Goyette), Olivier Adam a co-signé les scénarios de « L’été indien » d’Alain Raoust (2007) et de « Maman est folle » de Jean-Pierre Améris (2007, téléfilm).

Également scénariste, il a participé à plusieurs films : en 2007, à L’Été indien, film de Alain Raoust ; en 2009, à Welcome de Philippe Lioret. Il a également participé à plusieurs adaptations de ses romans : Je vais bien, ne t’en fais pas du même réalisateur Philippe Lioret en 2006, Poids léger en 2004 et le téléfilm Maman est folle en 2007, tous deux réalisés par Jean-Pierre Améris, et Des vents contraires, de Jalil Lespert, en 2011.

Il est nommé chevalier des arts et des lettres en 2013.

En janvier 2014, une cinquième adaptation de son œuvre est portée à l’écran, à laquelle il n’a pas participé, le long métrage Passer l’hiver, réalisé par Aurélia Barbet, tiré de la nouvelle « Nouvel An », issue du recueil « Passer l’hiver » publié 10 ans plus tôt.

La même année, son roman « Falaises » (publié en 2005) est « librement adapté » en bande dessinée, sur un scénario de Loïc Dauvillier, et des dessins de Thibault Balahy.

Il revient dans la capitale, à Montmartre en 2014, avec sa compagne et ses deux enfants.

Son ouvrage, « Peine perdue » sorti en août 2014 chez Flammarion, est finaliste du Prix des libraires 2015.

Il a participé à la création du festival littéraire Les correspondances de Manosque. Il est actuellement édité par les Éditions de l’Olivier et aux éditions L’École des loisirs pour ses œuvres pour la jeunesse.

De 2014 à 2017, il tient une chronique mensuelle dans le journal Libération.

En 2016, son ouvrage « La Renverse » se penche sur le sort des proches d’un homme politique éclaboussé par un scandale sexuel. La même année sort sur les écrans « Le cœur régulier », adaptation cinématographique du roman éponyme, réalisée par Vanja D’Alcantara, avec Isabelle Carré dans le rôle principal.

En 2018 paraît chez Flammarion « Chanson de la ville silencieuse« . Puis, chez Robert Laffont dans la collection R destinée aux jeunes adultes, « La tête sous l’eau ».

Il est actuellement édité par Flammarion, et en poche par J’ai Lu, Pocket et Points Seuil.

Ses œuvres pour la jeunesse sont publiées aux éditions L’École des loisirs, Actes Sud Junior et Robert Laffont (collection R).

À la rentrée littéraire d’août 2019 parait, chez Flammarion, Une partie de badminton, qui signe le retour de son double, Paul, déjà croisé dans Des vents contraires et Les lisières.

 

Ouvrages

Fiction :

  • 2000 : Je vais bien, ne t’en fais pas, Le Dilettante.
  • 2001 : À l’Ouest, Éditions de l’Olivier.
  • 2002 : Poids léger, Éditions de l’Olivier.
  • 2004 : Douanes, nouvelle parue dans le cadre de Lille 2004 Capitale européenne de la culture.
  • 2004 : Participation au recueil de nouvelles Tout sera comme avant, autour de l’album musical éponyme de Dominique A: la nouvelle « Elle parle à des gens qui ne sont pas là »
  • 2004 : Passer l’hiver (nouvelles), Éditions de l’Olivier.
  • 2005 : Falaises, Éditions de l’Olivier.
  • 2007 : À l’abri de rien, Éditions de l’Olivier.
  • 2009 : Des vents contraires, Éditions de l’Olivier
  • 2010 : Le Cœur régulier, Éditions de l’Olivier
  • 2010 : Kyoto Limited Express, avec Arnaud Auzouy, Éditions de l’Olivier.
  • 2012 : Les Lisières, Flammarion – Prix Breizh 2012
  • 2014 : Peine perdue, Flammarion
  • 2016 : La Renverse, Flammarion
  • 2018 : Chanson de la ville silencieuse, Flammarion
  • 2019 : Une partie de badminton, Flammarion
  • 2020 : Tout peut s’oublier, Flammarion

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