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… vu par Arlette

Khadra Yasmina ♦ L’équation africaine

Médecin à Francfort, Kurt Krausmann mène une existence ordinaire, limitée à ses allers-retours entre son cabinet de consultation et son appartement bourgeois. Marié depuis quelques années avec la belle Jessica, ils vivent ensemble un amour assez fusionnel depuis ce hasard qui a fait se croiser leurs deux chemins. Depuis quelques temps, Kurt ressent un profond malaise s’installer entre eux alors que Jessica perd sa joie de vivre avec lui en tous temps et en tous lieux, jusqu’au drame familial qui va le précipiter dans le désespoir. , il la retrouve un soir gisant dans sa baignoire : elle s’est donné la mort en ingurgitant deux boîtes de somnifères.

Afin de l’aider à surmonter son chagrin, son meilleur ami, Hans Makkenroth, un riche homme d affaires versé dans l’humanitaire, veuf lui aussi et avec lequel il est lié d’amitié depuis le temps béni de la rencontre de leurs épouses respectives, lui propose de l’emmener sur son voilier jusque dans les Comores, pour les besoins d’une bonne cause, pour le sortir de cette torpeur qui s’est emparée de lui et qui accapare tout son esprit. Hans a laissé la gestion de ses affaires à ses enfants et dépense sa vie et une partie de sa fortune dans des actions humanitaires aux quatre coins de la planète.

Inconditionnel de la mer, Hans parvient à convaincre Kurt de l’accompagner sur son voilier de douze mètres pour joindre les Comores et contribuer à la création d’un hôpital pour le compte d’une organisation caritative.

Au large des côtes somaliennes, au sortir de la Mer Rouge, entre Djibouti et la Somalie, Kurt est réveillé en pleine nuit par des éclats de voix sur le pont du voilier. Leur bateau est assailli par des pirates. L’abordage est violent, rapide et imparable. La vie chavire dans l’enfer d’une prise d’otages entre les mains de pirates imprévisibles et dangereux.

Kurt et Hans sont enlevés puis transférés dans un campement clandestin. Dans leur geôle improvisée, se trouve déjà Bruno, un otage français que tout le monde semble avoir oublié, et qui tente péniblement de concilier sa passion pour le continent africain avec l’angoisse de sa captivité.

Une détention à l’issue incertaine, des conditions de vie innommables, une promiscuité dangereuse avec des mercenaires sans pitié. C’est le début d’une descente aux enfers dont personne ne sortira indemne. Mais parce que le drame est propice aux revirements de situation, c’est aussi pour Kurt le début d une grande histoire d’amour.

En nous offrant ce voyage saisissant de réalisme, qui nous transporte, de la Somalie au Soudan, dans une Afrique orientale aux multiples contradictions – tour à tour effrayante, irrationnelle, sage, fière, digne et infiniment courageuse -, Yasmina Khadra confirme une fois encore son immense talent de narrateur.

Construit et mené de main de maître, ce roman décrit la lente et irréversible transformation d’un Européen, dont les yeux vont, peu à peu, s’ouvrir à la réalité d’un monde jusqu’alors inconnu de lui.

Un hymne à la grandeur d’un continent livré aux pires calamités.

 

L’auteur :

  On sait depuis peu que Yasmina Khadra est un pseudonyme : derrière ce double prénom féminin se cache un homme, officier supérieur de l’armée algérienne : Mohamed Moulessehoul.

 Yasmina Khadra, qui signifie « jasmin vert » en arabe, est le pseudonyme de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Bechar dans le Sahara algérien .

 Il choisit ce pseudonyme pour échapper à une forme d’autocensure perceptible dans ses premiers textes, mais aussi pour rendre hommage à son épouse (Yasmina et Khadra sont ses deux premiers prénoms) et au courage des femmes algériennes.

 Né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans le Sahara algérien d’un père infirmier et d’une mère nomade, Yasmina Khadra est confié dès l’âge de neuf ans à une école militaire. Son père, un officier de l’ALN blessé en 1958, voulut faire de lui un soldat. Il en ressort sous-lieutenant en 1978 pour rejoindre les unités de combat.

 Durant la période sombre de la guerre civile algérienne dans les années 1990, il fut l’un des principaux responsables de la lutte contre l’AIS puis le GIA, en particulier en Oranie.

 Durant son engagement dans l’armée algérienne, il publie en Algérie et sous son vrai nom des nouvelles et des romans. En 2000, après trente-six ans de vie militaire, il décide de quitter l’armée pour se consacrer à la littérature et vient s’installer en France avec sa famille.

 L’année suivante, il publie L’Ecrivain où il révèle sa véritable identité, puis L’imposture des mots, livre dans lequel il justifie sa démarche.

Auteur notamment de nombreux polars, Yasmina Khadra est internationalement reconnu ; ses romans sont traduits dans vingt-cinq pays.

Yasmina Khadra bouleverse les points de vue purement occidentaux sur la réalité du monde arabe, dans des romans qui critiquent la bêtise humaine et la culture de la violence. Il évoque son Algérie natale, sa beauté et sa démesure, mais aussi la fureur qui y sévit au nom de Dieu, les lâchetés et les inadmissibles compromissions.

Les hirondelles de Kaboul, sur l’Afghanistan, Les sirènes de Bagdad(2006), sur la guerre en Irak, ou encore L’attentat (2005), sur la descente aux enfers d’une Palestinienne entraînée vers le terrorisme, abordent eux aussi le problème de la violence, dans une écriture lyrique et dépouillée, alliant la beauté et l’insoutenable.

Mohammed Moulessehoul choisit en 1997, avec le roman Morituri, d’écrire sous pseudonyme. Diverses raisons l’y poussent, mais la première que donne Moulessehoul est la clandestinité. Elle lui permet de prendre ses distances par rapport à sa vie militaire et de mieux approcher son thème cher : l’intolérance.

Il choisit de rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en particulier, en prenant ses deux prénoms, Yasmina Khadra, et ne révèle son identité masculine qu’en 2001 avec la parution de son roman autobiographique L’Écrivain et son identité tout entière dans L’imposture des mots en 2002. Or à cette époque ses romans ont déjà touché un grand nombre de lecteurs et de critiques.

Il acquiert sa renommée internationale avec les romans noirs du commissaire Brahim Llob : Morituri, adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita, Double Blanc et L’Automne des chimères. Llob est un incorruptible, dans un Alger dévoré par le fanatisme et les luttes de pouvoir. Son Algérie saigne à plaies ouvertes et cela révolte le commissaire. Llob n’hésite donc pas à prendre le risque de fouiner dans les hautes sphères de la société, ce qui lui vaut bien vite la sympathie du lecteur malgré sa vulgarité ou ses côtés parfois misogynes, voire homophobes. Cette série s’enrichit en 2004 d’un autre roman La Part du mort.

Khadra illustre également « le dialogue de sourds qui oppose l’Orient et l’Occident » avec les trois romans : Les Hirondelles de Kaboul, qui raconte l’histoire de deux couples Afghans sous le régime des Talibans ; L’Attentat, roman dans lequel un médecin arabe, Amine, intégré en Israël, recherche la vérité sur sa femme kamikaze ; Les Sirènes de Bagdad relate le désarroi d’un jeune bédouin irakien poussé à bout par l’accumulation de bavures commises par les troupes américaines.

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