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… vu par Arlette

Collette Sandrine ♦ Les larmes noires sur la terre

Il a suffi d’une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n’avait que vingt ans.  Elle rêve de liberté la petite Moe, d’espoir, d’une vie meilleure.

Impatiente de quitter son île natale que bon nombre de touristes convoitent, elle s’est laissée bercer par les mots doux que Rodolphe lui susurrait à l’oreille.Mais Moe va connaître l’enfer et le monde cruel des hommes.

Quinze mille kilomètres plus tard, la voilà sur les terres grises de la métropole à tout juste 20 ans. La plupart du temps seule, sans travail, sans amis et méprisée de par sa couleur de peau. Elle passe ses journées à nettoyer, ranger et faire à bouffer à son mari, souvent un verre de trop dans le nez. Et puis il y a eu la vieille, la grand-mère acariâtre et médisante de Rodolphe dont il a fallu s’occuper.

Pour se changer les idées, elle sort parfois au bal le samedi soir. Et pour échapper à cette vie désenchantée, elle trouve un travail. Peu payé et ingrat mais qui lui donne l’espoir de rentrer chez elle. Elle et le petit. Un petit du bal sage comme une image.

Impensable pour Moe de laisser son enfant grandir dans cette maison, d’autant que Rodolphe a commencé à lever la main sur elle. Réjane, avec qui elle a sympathisé, lui propose de l’héberger quelques jours à Paris. Malheureusement, la cohabitation s’éternise, au grand dam de Réjane qui ne supporte plus l’inactivité et les échecs de Moe.

Six ans plus tard, la jeune femme hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l’accroche à la vie, se retrouve alors à la rue et bientôt à « La Casse », un refuge pour les sans-abris et les cas sociaux, une ville construite comme ces villages de vacances sauf que les bungalows sont remplacés par des carcasses de voitures et qu’un mur empêche quiconque de sortir…

C’est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, dans des rues entières bordées d’automobiles embouties. Les maisons sont remplacées par des voitures-dortoirs-poubelles. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir.

Et puis, au milieu de l’effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s’épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là, Ada, la vieille, puissante parce qu’elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser. Elle se liera néanmoins d’amitié avec ce petit groupe de femmes aussi cabossées qu’elle qui traînent leur maigre vie comme un chien en laisse sous la pluie. Seule l’amitié les tiendra debout, la cohésion a un clan, l’humain contre les bêtes…

Leur force, c’est la cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s’en sortir. Mais à quel prix ?

 

L’auteur :

Sandrine Collette est une romancière française née en 1970.

Elle passe un bac littéraire puis un master en philosophie et un doctorat en science politique.

Elle devient chargée de cours à l’université de Nanterre, travaille à mi-temps comme consultante dans un bureau de conseil en ressources humaines et restaure des maisons en Champagne puis dans le Morvan.

Sandine Collette décide de composer une fiction et sur les conseils d’une amie. Elle adresse son manuscrit aux éditions Denoël, décidées à relancer, après de longues années de silence, la collection « Sueurs froides », qui publia Boileau-Narcejac et Sébastien Japrisot. Il s’agit « Des nœuds d’acier », publié en 2013 et qui obtiendra le grand prix de littérature policière ainsi que le Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne. Le roman raconte l’histoire d’un prisonnier libéré qui se retrouve piégé et enfermé par deux frères pour devenir leur esclave.

En 2014, Sandrine Collette publie son second roman : Un vent de cendres (chez Denoël). Le roman commence par un tragique accident de voiture et se poursuit, des années plus tard, pendant les vendanges en Champagne. Le roman revisite le conte La Belle et la Bête.

Pour la revue Lire, les réussites successives Des nœuds d’acier et d’Un vent de cendres n’étaient donc pas un coup du hasard : Sandrine Collette est bel et bien devenue l’un des grands noms du thriller français. Une fois encore, elle montre son savoir-faire imparable dans Six fourmis blanches ».

Sandrine Collette aime la campagne profonde, la forêt, la montagne, les vignes. Tout naturellement, elle aime situer ses intrigues dans un univers rural, même si son petit polar Une brume si légère, est exceptionnellement urbain. La romancière part toujours d’une image qui lui permettra de dérouler le fil de sa fiction. Ses références vont de Luis Sepulveda à Marguerite Duras ou Paulo Coelho.

Docteur en science politique, elle partage sa vie entre l’université de Nanterre et son élevage de chevaux dans le Morvan.

Des nœuds d’acier (Denoël, 2013) est son premier roman. Il obtient le Grand Prix de littérature policière 2013.

En 2014 est sorti « Un vent de cendres ».

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