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… vu par Arlette

Björg Ægisdottir Eva ♦Elma

Ce livre aborde des drames tabous : Femme battue, abus sexuels, enfant négligé, voire maltraité…, qui se déroulent une fois la porte de la maison claquée et sur laquelle la communauté ferme parfois les yeux par commodité.

Elma ne pensait pas revenir un jour habiter Akranes sa ville natale, ce petit bourg islandais à l’atmosphère oppressante, où les amitiés d’enfance portent les stigmates de terribles secrets… Affectée au poste de police local, cette ancienne inspectrice chevronnée de la brigade criminelle de Reykjavík durant vingt ans n’a pourtant pas le choix. Elle fuit une histoire d’amour qui l’a laissée en miettes.

Bien que l’épaule de son nouveau collègue Sævar semble bien réconfortante, elle peine à trouver sa place dans cette petite ville qui semble figée dans le temps. Son quotidien au commissariat, loin de la brigade criminelle de la capitale, s’annonce peu trépidant. Pourtant, peu de temps après son arrivée, le corps d’une mère de famille sans histoire est retrouvé gisant sur les rochers, au pied d’un phare. Une femme qui, comme Elma, avait quitté Akranes. Une femme dont le passé murmure aux oreilles de toute la ville, ronge le cœur des habitants les moins soupçonnables…

Même si le ressac a déjà effacé de nombreux indices, l’autopsie écarte l’hypothèse d’une noyade accidentelle. Qui pouvait en vouloir à cette mère de famille sans histoires ? De sombres secrets d’autrefois continueraient-ils de hanter une communauté en apparence si tranquille ? Pour Elma, l’enquête ne fait que commencer… »

L’action se déroule dans l’ancien village de pêcheurs Akranes, situé sur la côte ouest Islandaise au bord de la mer du Groenland, et relié à Reykjavik par un long tunnel, où l’auteur, elle-même est née. D’un côté du tunnel, le calme apparent d’un petit village où tout le monde se connaît, de l’autre la vie citadine et plus anonyme de la capitale. Un village d’Islande que tous cherchent à fuir. Mais où l’on revient inexorablement vivre… Ou mourir.

 

Bien qu’il n’ait pas de grande originalité, on retrouve dans ce roman, de nombreux ingrédients du polar islandais « traditionnel ».

  • Les protagonistes sont confrontés à un passé douloureux. L’inspectrice, Elma, vient de rompre avec son petit ami, qu’elle aime toujours et c’est pour fuir cette douleur, qu’elle a quitté Reykjavík, pour Akranes, où elle a passé son enfance.
  • Ce sont aussi les actes du passé, notamment tous ceux qui sont demeurés enfouis, qui expliquent l’assassinat d’Elisabet, une jeune femme qui avait, elle aussi, fui ce passé en quittant Akranes.

– Autre sujet récurrent du polar islandais, celui des crimes perpétrés dans le cadre familial et qui sont restés, bien longtemps, cachés aux yeux de tous : violence domestique, agressions sexuelles et inceste…

Premier ouvrage d’Eva Björg Ægisdóttir traduit en français, ce roman est sorti en Islande en 2018 sous le titre « Marrið í stiganum », qu’on pourrait traduire par « un craquement dans l’escalier » (c’est d’ailleurs son titre anglais : The creak on the stairs). Il est paru en France le 20 mai 2021. Mais il était au catalogue en avant-première, chez France-Loisirs, le 1er novembre 2020.

Il a été récompensé du Blackbird Award, un prix créé par Yrsa Sigurdardóttir et Ragnar Jónasson pour promouvoir les meilleurs espoirs du polar islandais.

L’écriture d’Eva Björg est claire et bien rythmée. L’histoire se déroule sur une période de deux semaines, jour après jour. Les chapitres, courts, alternent entre des parties qui racontent l’enquête, contemporaine, d’Elma et des retours en arrière, lorsque la victime était encore une petite fille, vivant dans une atmosphère familiale délétère.

La résolution de l’énigme n’offre pas de rebondissements spectaculaires et l’autrice nous conduit, pas à pas, à cerner ce qui s’est passé et à découvrir le coupable, grâce au travail méticuleux d’Elma, qui n’hésite pas à braver (un petit peu seulement) les consignes de son supérieur, désireux de ne pas faire trop de vague, notamment auprès de la famille la plus importante de la ville. 

Pour conclure, Elma n’offre pas une grande nouveauté dans la sphère du polar islandais, mais c’est un roman plaisant et intéressant à lire.

Un premier essai réussi qu’il reste à Eva Björg à transformer lors d’un prochain roman.

 

L’auteur :

Eva Björg Ægisdóttir est née en 1988 et a grandi à Akranes, un ancien village de pêcheurs, situé à environ une demi-heure de route de Reykjavik, sur la côte ouest Islandaise au bord de la mer du Groenland, et relié à la capitale par un long tunnel.

Depuis son enfance, elle est fascinée par les livres et a commencé à écrire très tôt des journaux intimes et des histoires à moitié terminées. Adolescente, elle a gagné une compétition de nouvelles. Ce qui l’a déterminé dans son choix de devenir écrivaine.

Après avoir obtenu un baccalauréat en sociologie, elle a déménagé d’Akranes à Trondheim, en Norvège, où elle a obtenu son diplôme de maîtrise en mondialisation.

Après son retour en Islande, en 2015, elle a enfin décidé d’écrire son premier roman. Devenue mère, elle savait que ça allait être difficile de trouver le temps d’écrire, d’autant qu’elle était hôtesse de l’air. Pourtant en neuf mois, elle terminait son premier ouvrage.

En 2018, elle a bien commencé puisqu’elle a remporté le Blackbird Award, prix du polar organisé par les célèbres auteurs islandais Yrsa Sigurðardóttir et Ragnar Jónasson, pour Marrid í stiganum (Elma).

Elle vit maintenant à Reykjavík, avec son mari et ses trois enfants et s’attaque à son deuxième roman, espérant bien devenir autrice à plein temps et publier en dehors de l’Islande.

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