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… vu par Arlette

Bardon Catherine ♦ Les déracinés

Autriche, 1931. Lors d’une soirée où se réunissent artistes et intellectuels viennois, Wilhelm, jeune journaliste de 25 ans dont le père possède une imprimerie, a le coup de foudre pour Almah.

Lui, jeune journaliste était promis à un brillant avenir au sein d’un prestigieux journal autrichien. Elle, avait entreprit des études de dentiste pour rester dans la lignée de son père célèbre chirurgien. Une vie de confort, de plaisir et d’amour jusqu’à ce que des bruits de bottes se fassent entendre aux portes de l’Autriche. Vienne est alors une grande ville moderne, rayonnant intellectuellement sur l’Europe. Près de deux cent mille Juifs y vivent. Pour une large part, de grands bourgeois, cultivés, peu religieux, très intégrés dans la haute société.

Longtemps sous-jacent, l’antisémitisme des Viennois se dévoile, attisé par l’idéologie nazie qui prolifère de l’autre côté de ce qui est encore une frontière. Très vite la montée de l’antisémitisme vient assombrir leur histoire d’amour.

Peu à peu l’insouciance laisse place à la peur et aux brimades. L’antisémitisme devient chaque jour plus violent, les artistes, les intellectuels commencent à s’exiler.

En 1938, sitôt l’Anschluss, il explose. Pour les Juifs de Vienne, la vie devient de jour en jour plus insupportable. Une escalade sans fin d’obligations et d’interdictions, qui se traduisent par autant d’humiliations quotidiennes. Près de la moitié d’entre eux ont déjà pris le parti de l’exil, souvent vers les Etats-Unis, parfois vers ce qui s’appelle la Palestine.

Malgré un quotidien de plus en plus menaçant, le jeune couple attend 1939 pour se résoudre à l’exil. Décision de fuir, un peu trop tardive, alors que la sœur de Wilhelm et son mari ont eu la bonne idée de filer à New York dès les premières menaces. Les frontières se ferment, les visas se font rares puis introuvables.

Un nouvel espoir avant la désillusion : ils seront arrêtés en Suisse. L’accès aux Etats-Unis leur est fermé, car des quotas très restrictifs d’immigration juive y ont été décrétés.

Après une année consignés dans un camp en Suisse, avec leur fils de 3 ans, ils traversent la France, l’Espagne et embarquent au Portugal pour la République Dominicaine où 100 000 visas ont été accordés à des juifs venant de toute l’Europe après l’accord passé par le dictateur local Trujillo avec les autorités américaines pour construire une communauté, sur le modèle des kibboutzim des pionniers sionistes de Palestine. Ils ne seront en fait que quelques centaines à tenter l’expérience.

A peine arrivés sur une terre hostile, au milieu de nulle part, brulée par un soleil implacable, sans confort, loin des centres urbains de l’île, la vie s’organise et peu à peu, des bâtiments et un village sortent de terre. Loin des richesses de l’Autriche, la jungle sauvage et brûlante devient le décor de leur nouvelle vie. L’opportunité de se réinventer ? Au fil des mois, ils apprennent à relever la tête, à oublier la peur et le besoin vital de passer inaperçu. La vie reprend son sens avec en souvenir de fond un paradis perdu. Ils deviennent agriculteurs, éleveurs, bâtisseurs et les jours se succèdent dans harmonie tranquille.

Les mois passent, puis les années, d’abord scandées par les nouvelles en provenance d’Europe, la guerre, le doute, l’espoir, la victoire, la chute finale des nazis, la découverte des camps, l’arrivée de rescapés. Joies, peines, réactions d’horreur, sentiment de culpabilité.

Puis c’est la création de l’Etat d’Israël. Enthousiasme et ouverture d’un débat : qui part, qui reste ? Almah et Wilhelm décident de rester, et même de s’enraciner. Car comme le dit Almah, « sans racine, on n’est qu’une ombre! ».

Catherine Bardon nous propose un profond et superbe roman sur l’amitié, la richesse des relations humaines, l’évolution des individus au fil de la vie ainsi que celle des rapports entre les êtres humains, la nostalgie, l’exil.

Elle bâtit son intrigue est d’une richesse incroyable, basée sur des faits et un contexte totalement réels tandis que ses personnages sont l’œuvre de son imagination.

L’auteur :

Passionnée de voyages et de cultures étrangères, Catherine Bardon sillonne le monde depuis plus de 20 ans pour le compte d’éditeurs de guides touristiques et de beaux-livres tels Michelin, Le Petit Futé, Natural Guide, Déclics, Géorama…

Tombée sous le charme de la République dominicaine, elle y a posé ses bagages et y réside à mi-temps depuis 5 ans. Elle a publié le premier guide français sur ce pays en 1993, suivi d’une quinzaine de guides.

Elle est également responsable de la rubrique tourisme du site toutpourlesfemmes.com

Elle a écrit des guides de voyage et un livre de photographies sur ce pays, où elle a passé de nombreuses années.

Elle vit à Paris et signe avec Les Déracinés son premier roman.

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