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… vu par Arlette

De Rosnay Tatiana ♦ Sentinelle de la pluie

Sentinelle sous la pluie est une sorte de huis-clos familial dans lequel les mystères, silences et non-dits sont autant d’étincelles pour pimenter la vie.

La famille Malegarde est réunie à Paris pour fêter les 70 ans de Paul, le père, arboriste de renommée internationale dont sa passion pour les arbres est même allée jusqu’à donner le prénom de « Tilia » à sa fille et  « Linden » à son fils et qui signifie « tilleul », et les 40 ans de mariage qui l’unissent à Lauren. Une famille éclatée géographiquement, entre des parents vivant à Vénozan dans la Drôme, une fille, qui vient de Londres, et le fils cadet, photographe charismatique à la renommée internationale, dont les attaches sont désormais à San Francisco. Un moment de retrouvailles qui s’annonçait sous les meilleurs hospices.

Lauren prépare l’événement depuis deux ans, alors qu’importe les pluies diluviennes qui s’abattent sur la Ville Lumière et contrarient les retrouvailles. Mais Linden pressent que la redoutable crue de la Seine n’est pas la plus grande menace qui pèse sur l’unité de sa famille. Les secrets enfouis déferlent sous le ciel transpercé par les flots…

Rien ne va se passer comme chacun pouvait l’imaginer.

D’abord parce que Paul, cet amoureux des arbres, homme de la terre, apparaît très vite extrêmement diminué. Il ne parle quasiment pas. Il semble perturbé, peu réjoui de retrouver les siens. Linden s’interroge : de quoi s’agit-il? Il n’a jamais eu de conversation intime avec son père. Il serait temps de lui parler de son petit ami, Sacha : il ne l’a pas encore présenté à son père. Pourtant leurs projets de vie sont imminents. Au cours du diner, Paul est victime d’une attaque et se retrouve à l’hôpital. Lauren est distraite et va être affectée par une pneumonie fulgurante. Tilia est très irritable…Ensuite parce que chacun des personnages recèle en lui des faiblesses, autant de secrets cachés aux autres qui ont contribué à rendre la communication très complexe entre eux tous, même si l’amour les liant ne fait aucun doute. Enfin, et surtout, en raison d’un déchaînement des éléments, et d’une crue de la Seine en particulier, qui vont rendre ce séjour totalement apocalyptique !

Sentinelle de la pluie est un roman d’une rare intensité dramatique où Tatiana de Rosnay déploie une tension psychologique magnifiée par un cadre apocalyptique renversant. Elle fait surgir de l’ordinaire bouleversé, l’insubmersible pouvoir de l’amour et de la rédemption.

Plusieurs des thèmes chers au cœur de Tatiana sont à nouveau abordés dans Sentinelle de la pluie, à commencer par Paris qu’elle avait déjà si bien décrit dans son roman Rose et où, là aussi, il était difficile pour certains de quitter leurs quartiers en dépit des circonstances. Il sera question d’arboriculture, de photographie, crue de la Seine, homosexualité.

 

L’auteur :

Tatiana de Rosnay, née le 28 septembre 1961, à Neuilly-sur-Seine, en Île-de-France, petite-fille du peintre Gaëtan de Rosnay, est une journaliste, écrivaine et scénariste française, écrivant en français et en anglais.

Née de mère britannique Stella Jebb, fille de Lord Gladwyn Jebb, ancien secrétaire général de l’ONU par intérim et ambassadeur britannique à Paris de 1954 à 1960, et de père français mauricien d’origine russe, biologiste et écrivain Joël de Rosnay, elle se décrit comme étant « franglaise ».

Après une enfance aux Etats-Unis, elle a vécu à Paris, où elle étudie à l’École active bilingue Jeannine-Manuel, puis à Boston et enfin en Angleterre où elle a fait ses études universitaires à l’Université de East Anglia.

Nièce de l’homme d’affaires et pionnier du sport aventure, Arnaud de Rosnay, Tatiana de Rosnay a connu les joies d’une enfance heureuse dans une famille d’intellectuels… Elle a également été bien nantie du côté maternel. En effet, petite fille de diplomate britannique, elle peut se prévaloir aujourd’hui d’une double culture franco-anglaise, fruit d’une mixité parentale ainsi que de multiples séjours à l’étranger.

Inspirée par Oliver Twist, elle écrit son premier roman Une petite fille nommée Carrie à l’âge de dix ans, dédicacé à sa mère, dans lequel elle relate l’histoire d’une petite fille aisée mais malheureuse, vivant dans le Londres du XIXème siècle, et qui change au fil de ses rencontres.

Ses autres écrits de jeunesse (Juvenilia de type journaux intimes, lettres, nouvelles, petits romans) rédigés entre 10 et 30 ans, sont enfermés dans une cave avec la mention « Ne pas publier si je meurs ».

De retour à Paris en 1984, elle est attachée de presse dans une maison de vente aux enchères puis dans une maison de publicité, puis journaliste pour le magazine Elle, et critique littéraire pour Psychologies magazine.

Plus tard, elle s’essaye à l’écriture de scénarios. L’expérience aboutit à la naissance de deux épisodes de la série « Affaires Familiales » avec le scénariste Pierre­-Yves Lebert, diffusée sur la chaîne hertzienne TF1 durant l’été 2000.

Cependant, elle se fait connaître du grand public grâce à sa carrière littéraire. Elle débute dans le métier en 1992 avec un premier livre « L’Appartement témoin ».

Le style de Tatiana de Rosnay s’affirme avec le temps et se traduit concrètement par la publication de multiples ouvrages dont « Le cœur d’une autre » (1998) ou « Spirales » (2004). Rien n’échappe à son œil aiguisé : adultère, divorce, passé enfoui, transplantation d’organes, des sujets souvent traités mais orchestrés magistralement avec un style presque emprunté à Alfred Hitchcok.

La consécration arrive avec son neuvième roman  « Elle s’appelait Sarah » en 2007, vendu à neuf millions d’exemplaires dans le monde, et porté à l’écran par Gilles Paquet-Brenner en 2010 avec Kristin Scott Thomas.

Le livre, encensé par une critique sous le charme, obtient le prix Chronos 2008. Il prend même la 20ème place au classement du New York Times. Il s’agit de son 1er roman écrit en anglais. Il met en parallèle deux histoires : l’une se déroulant lors de la rafle du Vélodrome d’Hiver en 1942 et l’autre en 2002. Cette dernière relate l’enquête d’une journaliste américaine sur cet évènement-clé de la Shoah en France, à l’occasion de son soixantième anniversaire. Les droits de ce roman ont été vendus pour vingt pays.

En 2009, Tatiana de Rosnay sort son neuvième roman, premier roman d’amour, le second en langue anglaise, « Boomerang ». Il commence par le parallèle entre l’accident de voiture d’un frère et d’une sœur, au milieu des années 2000, et un secret de famille dans les années 1970, avant le décès de leur mère.

En septembre 2009, alors qu’elle a besoin de papiers pour se rendre aux Etats-Unis assister au tournage de Elle s’appelait Sarah, la mairie du 14ème arrondissement de Paris lui indique qu’en raison de nouvelles lois, elle devait maintenant faire la preuve qu’elle est bien française.

Cornaquée par le producteur américain Harvey Weinstein pour le lancement de Sarah aux États-Unis, elle s’est vu imposer une tournée dans sept villes, dont Los Angeles où elle a dû affronter les caméras de CNN dans le talk-show de Piers Morgan. L’une des épreuves les plus stressantes de sa vie.

En janvier 2010, le classement de plusieurs magazines dédiés à l’édition, dont Livres-Hebdo en France et The Bookseller en Grande-Bretagne, place Tatiana de Rosnay à la huitième place des écrivains de fiction les plus vendus en Europe en 2009.

   En 2011, elle publie  un roman épistolaire « Rose » dont l’intrigue se situe à l’époque du Second Empire dans un Paris voué à se transformer au gré des ambitions haussmanniennes.

La même année, un classement publié dans le Figaro la positionne au 6ème rang des auteurs français les plus lus.

En 2013, paraît son 13ème livre, « A l’encre russe », roman à tiroir sur l’histoire d’un homme qui découvre son adoption à l’âge adulte. Le personnage de son roman lui a été inspiré par son oncle adoré, ce « Gatsby magnifique » Arnaud de Rosnay, mystérieusement disparu en mer de Chine et dont trente ans après, il lui est toujours impossible de faire son deuil.

 Quatre de ses romans sont en cours d’adaptation, « Boomerang » avec Laurent Lafitte et Mélanie Laurent (sortie en septembre 2015), « Spirales », « Moka » et « Le Voisin ».

Sa romancière préférée est Daphné du Maurier, dont elle a publié la biographie en mars 2015, « Manderley For Ever », nominé pour le Goncourt de la Biographie 2015 et gagnant du Prix de la Biographie d’Hossegor 2015.

Ses sept premiers romans publiés entre 1992 et 2006, chez Fayard, puis chez Plon s’écoulaient de façon très confidentielle. Elle avait alors pensé tout abandonner jusqu’à sa rencontre en 2005 avec Héloïse d’Ormesson, qu’elle était venue interviewer pour Elle et qui lui a signé un contrat, à peine le manuscrit dévoré pour Elle s’appelait Sarah. Aucune des vingt maisons d’édition, auxquelles elle avait inlassablement soumis trois ans durant Sarah, n’en avait pas voulu.

Cette femme passionnée par la nature humaine, en a fait l’objet de ses études et de ses recherches dans des ouvrages qui traitent sur fond de mystère, des problèmes du quotidien. Elle concilie aujourd’hui suspens et intrigue. Pour écrire, elle se réfugie chaque jour de 9 à 20 heures dans sa chambre de bonne de 7 m2, sans eau, sans téléphone ni Internet. L’été, c’est dans sa maison en Provence qu’elle s’isole « coupée de tout » pour travailler.

Si Tatiana n’était pas devenue un écrivain reconnu, elle aurait pu devenir chanteuse, façon Patti Smith. Avec cinq années de chant classique à son actif, elle revendique sa « belle voix ». Il y a trois choses qu’elle ne sait pas ou n’aime pas faire : conduire, cuisiner et compter. Mais en revanche, elle est la reine du dance-floor et du rire.

Ses cheveux ont commencé à blanchir à la trentaine. Après dix années de teinture, elle fait son coming-out capillaire et revient au naturel.

À l’occasion de ses cinquante ans, son éditrice américaine chez St. Martin’s Press lui a offert le bijou clef qui ne quitte pas son cou. Un hommage à Sarah’s Key, titre original de Elle s’appelait Sarah, Tatiana l’ayant initialement rédigé en anglais.

Elle est mariée à Nicolas Jolly et a deux enfants. Elle vit depuis vingt ans à Paris.

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