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… vu par Arlette

Theorin Johan ♦ Le sang des pierres

le-sang-des-pierres« Le sang des pierres » est le troisième opus de l’œuvre de Johan THEORIN, qui prend une nouvelle fois pour cadre la petite île d’Öland.

Une île qui peu à peu sort de sa torpeur hivernale pour s’enivrer des premiers embruns printaniers, et où la lumière ramène à la vie et à la conscience des choses. À la fonte des neiges, les gens du continent regagnent l’île d’Öland.

C’est la troisième fois que l’on visite l’île d’Öland sous la houlette de Johan Theorin qui a choisi d’y consacrer un cycle suivant le rythme des saisons : on y a déjà passé un automne et un hiver. « Le sang des pierres » se déroule au printemps, une saison au cours de laquelle les résidences secondaires de l’île reprennent vie.

C’est ici que vit Gerlof Davidson, rencontré dans les deux précédents romans. Ce vieux loup de mer, capitaine à la retraite, enraciné sur son caillou et qui, oublié de dieu, a maintenant quatre-vingt-cinq ans. Il vient de voir mourir de vieillesse un de ses amis, l’ancien gardien du cimetière Torsten Axelsson. Alors, comme il pressent sa fin proche, il décide de revenir chez lui. Son corps le trahit souvent, mais l’esprit est toujours vif et observateur. Il décide donc de quitter son institution de retraite pour revenir vivre chez lui. A l’abri des regards, ses mains osent enfin courir sur la couverture des carnets intimes de sa femme défunte, écrits dans les années cinquante, alors qu’il naviguait très souvent et était donc absent et qui étaient restés depuis sa mort sur une étagère. Souvenirs d’une présence dont il ne reste plus que les mots.

Mais les beaux jours amènent aussi avec eux de nouveaux voisins à Gerlof : Vendela et son mari Max Larsson, couple qui « bat de l’aile ». Ils viennent de faire construire une superbe villa proche d’une carrière. Elle, picore les antidépresseurs tout en communiant avec cette terre où court encore le souvenir du combat entre les elfes et les trolls. Elle regarde cette lande dont elle connaît tous les secrets. On comprend rapidement qu’elle a vécu une enfance difficile et assez pauvre sur l’ile dans les années 1950. Elle a vécu pas loin jadis avec son père, passant son temps entre les travaux de ferme et l’école. Seule, elle s’était créé un monde fantasmatique, entourée d’Elfes et de Trolls. Elle essaye de trouver sur l’île un peu de paix loin des tourments qui agitent sa vie privée. Son mari, ancien psychologue, profondément égoïste et désagréable, drapé dans son égo, conceptualise des recettes de cuisine qu’il édite ensuite pour le plus grand profit de sa propre vanité.

Il y a aussi Peter Mörner, la petite cinquantaine, qui a hérité de la maison de son oncle Ernst Adolsson, un ancien sculpteur de pierre et ami de Gerlof, située au bord de la vieille carrière de pierres, proche de la villa de Vendela et Max. Divorcé, au chômage depuis peu, revenu avec sa jeune fille Nilla qui souffre d’un mal étrange qui l’oblige à des séjours à l’hôpital, et son fils Jesper scotché à son écran de game boy, des jumeaux de quinze ans, il s’est installé dans la maison familiale pour trouver la paix, loin de son père Jerry, âgé vivant encore sur l’île, et qui en son temps, avait fait fortune dans la littérature pornographique. Ce dernier, victime d’un AVC, devient une charge après le mystérieux incendie de la maison qui abrite sa société de films. Incapable d’expliquer clairement ce qu’il s’est passé, Peter va partir à la recherche des anciennes relations de son père, notamment son associé, Hans Bremer. Il va mener sa petite enquête sur deux crimes dus à un incendie criminel, plus pour en apprendre sur son père que pour en découvrir l’auteur. Il faut dire qu’il connait peu son père, son passé sulfureux et sur ses « associés ».

 Sur cette petite terre d’Öland il va croiser nombre de personnages hauts en couleurs, tous essayant de retrouver une part de leur passé ou de leur enfance à travers les paysages de cette terre de légendes. Appels anonymes, incendie criminel, morts violentes sont autant de rebondissements qui créent la tension tout au long du roman.

Peter et Vendela n’ont rien en commun et pourtant dans l’enquête que mène Peter, en parallèle à celle de la police, ils vont se rapprocher au hasard de jogging faits ensemble, aux rares heures perdues de Peter…

Mais, quelques jours avant la nuit de Walpurgis qui célèbre la fin de l’hiver et le début du printemps, les démons du passé resurgissent et les fantômes viennent régler leurs comptes avec les vivants, les drames du passé, dont témoigne la couleur rouge sang de la falaise entre la carrière et la lande, resurgissent…

Comme dans le volume précédent « L’écho des morts », Johan Theorin incorpore à son histoire des éléments surnaturels et ce n’est pas un mince exploit que de parvenir à introduire des elfes et des trolls dans une histoire policière sans sombrer dans le ridicule le plus complet. Ce roman qui oscille entre réalité et légendes (les trolls, les elfes personnalisant le mal et le bien), le passé douloureux pour les personnages principaux et ce qu’ils sont devenus, est à la fois très violent et très poétique.

Avec L’Heure trouble et L’Écho des morts, Johan Theorin s’est imposé comme l’un des maîtres du polar scandinave.

L’auteur :

Johan TheorinJohan Theorin, né le 3 septembre 1963 à Göteborg, est un journaliste et romancier suédois, auteur de roman policier.

Sa famille compte des marins, des pêcheurs et, du côté de sa mère, des agriculteurs qui y ont vécu pendant des siècles sur l’île d’Öland, dans la mer Baltique, nourrit culturellement par le folklore insulaire et ses contes étranges. Il a passé tous ses étés dans l’île d Öland au Sud-Est de la Suède où se situe l’intrigue de son roman L’Heure trouble Ce cadre revient dans certains romans ultérieurs de l’écrivain.

Il exerce le métier de journaliste, puis écrit de courtes histoires publiées dans des revues et anthologies.

En 2007 paraît son premier roman L’Heure trouble (Skumtimmen) (Meilleur Roman Policier Suédois 2007). Traduit en vingt-cinq langues, le roman est adapté au cinéma par Daniel Alfredson en 2013. Ce premier roman est suivi par L’Écho des morts (Nattfåk, 2008), qui remporte le prix du meilleur roman policier suédois et le prix Clé de verre, et par Le Prix du sang (Blodläge, 2010) et Rörgast (2013) pour former une sorte de quatuor romanesque dont l’action se déroule principalement sur l’île d’Öland.

En 2010, lors de la remise du prix international « Crime Writers’ Association », Johan Theorin rafle le prix au nez et à la barbe de son compatriote, feu Stieg Larsson, pourtant considéré depuis le succès de Millénium comme le nouveau roi du policier suédois, et de la littérature scandinave en générale.

Son premier roman L’Heure Sombre bat ainsi le best-seller planétaire La Reine dans le palais des courants d’air, troisième volet de la trilogie Millénium.

Les trois romans de Theorin, qui fût journaliste (comme Larsson) se situent tous sur l’île baltique d’Öland. Depuis sa plus tendre enfance, l’écrivain en est un visiteur régulier. Il en apprécie le caractère bipolaire : accueillant et solaire en été, désert, inquiétant et morne en hiver. L’île est profondément enracinée dans sa généalogie, ses ancêtres –marins-pêcheurs, fermiers – prenant part au folklore local, et aux légendes étranges racontées par les plus vieux habitants.

À travers ce régionalisme, ses romans (L’Heure trouble, L’Écho des morts et Le Sang des pierres, paru en mars 2011, tous chez Albin Michel) se parent d’un réalisme souvent perturbant et d’accents surnaturels. Son dernier roman, Fin d’été, a remporté le Prix du meilleur polar suédois en 2015.

Johan Theorin réside toujours dans sa ville natale de Göteborg.

Œuvre :

Romans :

Série du Quatuor de l’île d’Öland

  • Skumtimmen (2007) – Publié en français sous le titre L’Heure trouble, traduit par Rémi Cassaigne
  • Nattfåk (2008) – Publié en français sous le titre L’Écho des morts, traduit par Rémi Cassaigne – Prix du meilleur roman policier suédois 2008 ; Prix Clé de verre 2009
  • Blodläge (2010) – Publié en français sous le titre Le Sang des pierres, traduit par Rémi Cassaigne
  • Rörgast (2013) – Publié en français sous le titre Fin d’été, traduit par Rémi Cassaigne

Autre roman

  • Sankta Psyko (2011) – Publié en français sous le titre Froid mortel, traduit par Rémi Cassaigne

Recueil de nouvelles

  • På stort alvar (2012)

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