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… vu par Arlette

Gallay Claudie ♦ Les déferlantes

Les déferlantesC’est essentiellement une histoire d’hommes et de femmes, chacun rongé par la solitude, l’âme congestionné par un profond secret.

La Hague, une portion de territoire sur la pointe du Cotentin, non loin de Cherbourg… Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu’il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe d’un petit village du Cotentin vit une poignée d’hommes.

Et c’est sur cette terre âpre que la narratrice, une femme seule d’une quarantaine d’années, est venue se réfugier depuis l’automne. Employée par le Centre ornithologique de Caen, elle arpente depuis six mois les landes dans ce village de la Hague, pour s’occuper des oiseaux. Et peut-être tenter de guérir d’un amour ? Elle observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs.

La première fois qu’elle voit Lambert, tout juste arrivé du Morvan, c’est un jour de grande tempête. Elle ne l’a jamais vu, mais il ne semble pas totalement étranger à la région. Sur la plage dévastée, la vieille Nan, une vieille femme à l’esprit embrumé depuis que toute sa famille est morte dans un naufrage, un jour de mariage et que tout le monde craint et dit à moitié folle, croit reconnaître en lui le visage d’un certain Michel. Et au café de Lili, seul lieu de convivialité du village, sa présence provoque un certain malaise. Certains, au village, ont pour lui des regards étranges, comme Lili au comptoir de son bar, ou son père, l’ancien gardien de phare. Une photo disparaît, de vieux jouets réapparaissent…

Tout cela, et singulièrement la personnalité de Lambert, suscite la curiosité de la narratrice. Son histoire intrigue la narratrice et l’homme l’attire. En veut-il à la mer ou bien aux hommes?

La mer et le vent sont ici des personnages à part entière. La mer a tué, un soir d’orage et de grand vent, en 1967, les parents de Lambert et son petit frère, dont on n’a jamais retrouvé le corps, quand leur voilier s’est retourné. Lui, Lambert, était resté à terre et s’en sent encore coupable, quarante ans après. Il est revenu au village pour  enfin vendre la maison. Les vieux se souviennent qu’« à l’époque on a dit qu’il y avait eu un problème de lanterne dans le phare… ». Le gardien du phare était alors Théo, le père de Lili. C’est aussi lui qui comptait les oiseaux, travaillait pour le centre de Caen, avant que ne vienne l’étrangère, la spécialiste. Il ne lui en veut pas, lui parle volontiers. Il connaît même ses habitudes et à chaque fois qu’elle se dirige vers les falaises, il l’attend devant la porte. Ce Théo, qui aimait tant les oiseaux, aurait-il éteint le phare le soir du naufrage de la famille de Lambert, ne supportant plus de les voir s’écraser, l’un après l’autre, sur la lanterne ? Lambert en est persuadé, il voit en lui un meurtrier. Et pourquoi Théo reçoit-il des lettres de ce Michel, que Nan a cru voir reparaître en Lambert ?

Dans les lamentations obsédantes du vent, chacun semble avoir quelque chose à taire. tout l’intérêt est d’avancer pas à pas avec la narratrice, de chercher à comprendre les comportements bizarres de Lambert, cette région sauvage, ce village fermé et ses habitants repliés sur leur silence.

L’auteur :

Claudie GallayClaudie Gallay est une écrivaine française, née en 1961 à Bourgoin-Jallieu dans le Dauphiné.

En parallèle de son activité d’écrivain, elle exerce à temps partiel (deux jours par semaine) le métier d’institutrice dans un village du Vaucluse. Elle enseigne aux écoles primaires Enzo Reale puis Jean-Henri Fabre dans la ville de Serignan-du-Comtat.

Elle passe le reste de son temps à écrire. Et quand elle n’écrit pas, ce qu’elle fait depuis une dizaine d’années, elle peint.

« Seule Venise » a obtenu en 2005, le prix du livre CE 38, décerné par les lecteurs des comités d’entreprise.

« Les Déferlantes », aux Editions du Rouergue, est son cinquième roman situé en Normandie, au bord de la mer. Il a obtenu de nombreux prix.

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