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… vu par Arlette

D’Ormesson Jean ♦ Je dirai malgré tout que cette vie fut belle

Je dirai malgré tout que cette vie fut bellePour se défendre dans un procès qu’il s’intente à lui-même, l’auteur fait défiler au galop un passé évanoui.

Il va de l’âge d’or d’un classicisme qui règne sur l’Europe à l’effondrement de ce «monde d’hier» si cher à Stefan Zweig. De Colbert, Fouquet, Bossuet ou Racine à François Mitterrand, Raymond Aron, Paul Morand et Aragon.

Mais les charmes d’une vie et les tourbillons de l’histoire ne suffisent pas à l’accusé : «Vous n’imaginiez tout de même pas que j’allais me contenter de vous débiter des souvenirs d’enfance et de jeunesse? Je ne me mets pas très haut, mais je ne suis pas tombé assez bas pour vous livrer ce qu’on appelle des Mémoires.»

Les aventures d’un écrivain qui a aimé le bonheur et le plaisir en dépit de tant de malheurs cèdent peu à peu la place à un regard plus grave sur le drame qui ne cesse jamais de se jouer entre le temps et l’éternité, et qui nous emportera.

C’est une autobiographie d’une impressionnante richesse, drôle, anecdotique et pittoresque que nous présente Jean d’Ormesson.

Séquencée en quatre grands chapitres et écrite sous la forme d’un procès, on y retrouve un panachage ficelé avec brio de sa vie, indissociable de l’histoire de la France, de la littérature, du journalisme et de l’amour.

L’auteur :

Jean d'OrmessonJean Lefèvre d’Ormesson (parfois surnommé Jean d’O), né le 16 juin 1925 dans le 7ème arrondissement de Paris, est un écrivain, chroniqueur, journaliste, acteur et philosophe français, membre de l’Académie française.

Membre de la famille Lefèvre d’Ormesson appartenant à la noblesse de robe, il porte le titre de courtoisie de comte d’Ormesson. Il est le fils cadet d’André d’Ormesson, ambassadeur de France et ami de Léon Blum, le neveu du diplomate Wladimir d’Ormesson et le cousin du député Olivier d’Ormesson.

Sa mère, Marie Henriette Isabelle Anisson du Perron, issue d’une famille monarchiste ultra-catholique proche de l’Action française, descend par sa mère des marquis de Boisgelin et des Le Peletier.

Parmi ses ancêtres se trouvent le conventionnel Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau ainsi que le juge Olivier Le Fèvre d’Ormesson, disgracié à la suite du procès de Nicolas Fouquet.

Il passe son enfance au château de Saint-Fargeau, qui appartient à sa mère, épisode de sa vie qu’il évoque dans Au plaisir de Dieu.

Pendant sa jeunesse, la famille suit les missions du père en Bavière (de 1925 à 1933), en Roumanie et au Brésil, à Rio de Janeiro. Il est élevé par sa mère et par des nourrices jusqu’à l’âge de 14 ans.

Après avoir suivi toute sa scolarité les cours par correspondance du cours Hattemer, il décroche son baccalauréat en 1943 après un premier échec. Il entre en Hypokhâgne au lycée Henri-IV, puis intègre à 19 ans l’École normale supérieure. Licencié ès lettres et en histoire, il tente ensuite, contre l’avis de son professeur Louis Althusser, l’agrégation de philosophie, qu’il décroche en 1949 à la troisième présentation.

Après son service militaire, il donne quelques cours de grec classique et de philosophie au lycée public Jacques Decour puis entame une carrière de journaliste à Paris Match où il écrit quelques articles people, et aux quotidiens Ouest-France, Nice-Matin et Progrès de Lyon. Il vit alors dans l’appartement de ses parents rue du Bac jusqu’à son mariage tardif à l’âge de 37 ans.

Le 2 avril 1962 il épouse à Paris dans le 16ème, Françoise Béghin, née dans cet arrondissement le 26 juin 1938. Elle est la fille benjamine de Ferdinand Béghin, magnat de la presse (et administrateur du Figaro depuis 1950) et du sucre (PDG de la société Béghin-Say), de nationalité suisse, et également cousine (par sa tante paternelle) du cinéaste Louis Malle.

Leur fille Héloïse naît le 10 octobre 1962. Elle est éditrice et éponyme de sa maison d’édition. Avec son premier mari Manuel Carcassonne, elle a une fille Marie-Sarah.

Jean d’Ormesson possède également la nationalité libanaise.

Parcours littéraire, politique et journalistique :

En 1950, par l’entremise de Jacques Rueff, un ami de son père, alors président du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l’UNESCO, il est nommé secrétaire général de cette nouvelle ONG. Il en devient le président en septembre 1992.

En 1956, il publie son premier roman, L’amour est un plaisir qui se vend à seulement 2 000 exemplaires alors que son éditeur Julliard voit en lui un « frère de Sagan ».

Il connaît son premier succès critique et public en 1971 avec le roman La Gloire de l’Empire (100 000 exemplaires vendus) pour lequel il reçoit le grand prix du roman de l’Académie française.

Il est rédacteur en chef adjoint (1952-1971), membre du comité de rédaction (depuis 1971), puis rédacteur en chef de la revue Diogène (sciences humaines). Il est plusieurs fois conseiller dans des cabinets ministériels (dont celui de Maurice Herzog à la Jeunesse et aux Sports) et membre de la délégation française à plusieurs conférences internationales, notamment à l’Assemblée générale des Nations unies en 1948.

En 1974, il est nommé directeur général du Figaro. Il rédige chaque semaine un article dans le supplément du dimanche de ce quotidien dont le rédacteur en chef est Louis Pauwels (coauteur du Matin des magiciens) et apparaît six fois dans Italiques entre 1971 et 1974. Ses opinions sur la guerre du Viêt Nam lui valent des paroles très dures de Jean Ferrat dans la chanson Un air de liberté. En 1975, à la suite de la suppression de cette chanson d’une émission de télévision à la demande de Jean d’Ormesson, Jean Ferrat s’explique : « Je n’ai rien contre lui, contre l’homme privé. Mais c’est ce qu’il représente, […] la presse de la grande bourgeoisie qui a toujours soutenu les guerres coloniales, que je vise à travers M. d’Ormesson. »

En 1976, toujours directeur général du Figaro, il apporte son soutien au journaliste et responsable syndical (CGC) Yann Clerc qui aide Robert Hersant, le propriétaire du titre (depuis 1975), à éliminer toute opposition des journalistes après sa prise de pouvoir. Il démissionne de son poste de directeur en 1977 face à l’ingérence rédactionnelle de Robert Hersant, nouveau propriétaire du quotidien. Il accepte une chronique régulière jusqu’en 1983 dans le nouveau supplément Le Figaro Magazine. Sa présence médiatique en fait une personnalité de l’intelligentsia de la droite française, et il prend ainsi part au débat sur le référendum de Maastricht dans un entretien avec le Président François Mitterrand. Il se consacre à l’écriture de nombreux romans qui échappent souvent aux conventions du genre romanesque, en particulier à la construction d’une intrigue autour de quelques personnages.

De nombreuses digressions, un défilé permanent d’anecdotes où se déploient l’humour et l’érudition du normalien, quelques motifs récurrents, en font une inlassable méditation sur le temps qui passe, qui peut prendre parfois aussi l’allure d’un traité de vie : La Gloire de l’Empire, Dieu, sa vie, son œuvre, Histoire du Juif errant, La Douane de mer, Presque rien sur presque tout.

La dimension autobiographique est toujours très présente, en particulier dans Du côté de chez Jean, Au revoir et merci, Le Rapport Gabriel, C’était bien, livres à mi-chemin entre le récit et l’essai où Jean d’Ormesson parle de lui-même, non sans force répétitions et confidences le plus souvent fictives, se dépeignant avec une vraie-fausse modestie face à toutes ces embûches qui voudraient nous priver du simple bonheur d’exister.

Dans ses derniers livres, il explore d’autres voies (Casimir mène la grande vie), introduisant des personnages différents (Voyez comme on danse) ou brisant l’icône du d’Ormesson gai (Une Fête en larmes).

Jean d’Ormesson continue régulièrement sa collaboration à la rubrique « Débats et opinions » du journal Le Figaro. La première biographie à son sujet, écrite par Arnaud Ramsay, Jean d’Ormesson ou l’élégance du bonheur, a été publiée en 2009.

En 2003, l’académicien et son épouse Françoise sont soupçonnés d’avoir dissimulé 16 millions d’euros à l’administration fiscale française, mais le non-respect de procédures d’entraide judiciaire internationale provoque l’interruption des contrôles.

En 2011, il devient le parrain des élèves qui ont, en 2010, intégré l’École nationale supérieure des techniques et de l’industrie des mines d’Alès.

En 2012, il soutient Nicolas Sarkozy lors de l’élection présidentielle. La même année, il interprète le rôle de François Mitterrand dans Les Saveurs du palais, un film de Christian Vincent. C’est la première fois qu’il se retrouve dans un rôle d’acteur. Il faut noter qu’il est la dernière personnalité reçue par François Mitterrand à l’Élysée.

En 2013, il évoque son cancer de la vessie qui lui a valu huit mois d’hospitalisation mais dont il est en rémission. Il déclare, une fois remis « J’avais une chance sur cinq de m’en sortir », ajoutant « le cancer a rayé une année de ma vie ».

Le 27 novembre 2014, Jean d’Ormesson est fait Grand-croix de la Légion d’honneur par le président de la République François Hollande.

En janvier 2015, les éditions Gallimard annoncent l’entrée de l’œuvre de Jean d’Ormesson au sein de la collection de la bibliothèque de la Pléiade.

Académie française :

Jean d’Ormesson a été élu à l’Académie française, le 18 octobre 1973, au fauteuil 12, succédant à Jules Romains, mort le 14 août 1972.

Il fait campagne pour défendre la réception sous la coupole de Marguerite Yourcenar, la première femme admise à l’Académie en 1980. Il répond à son discours de remerciement en 1981 et reçoit également Michel Mohrt en 1986 et Simone Veil le 18 mars 2010.

Il est doyen d’élection de l’Académie française depuis la mort de Claude Lévi-Strauss en 2009.

 

Pensée politique :

Jean d’Ormesson se considère comme « un homme de droite — un gaulliste avéré, mais un gaulliste européen — qui a beaucoup d’idées de gauche : des idées d’égalité et de progrès, ce progrès qui est abandonné par la gauche à cause des écologistes. »

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