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… vu par Arlette

Péju Pierre ♦ La petite Chartreuse

La petite ChartreuseSous une pluie froide de novembre, en rentrant chez lui au volant de sa camionnette, un soir d’hiver, Étienne Vollard renverse, Eva, une fillette de huit ans en anorak rouge qui traversait la rue en courant,

oubliée une fois de plus à l’école par sa mère, jeune femme fuyante et transparente.

Celle-ci, gravement blessée, est emmenée à l’hôpital dans un profond coma. Les médecins disent qu’il faut lui parler pour la stimuler et la sortir de son long sommeil.

Désormais, cet homme va devoir vivre avec les conséquences de l’accident. Affublé d’une paternité d’emprunt car il est pris pour le père par le personnel et qui lui conseille de parler à l’enfant pour la stimuler, Vollard, jusque-là introverti et solitaire, commence à réciter à l’enfant plongée dans le coma, des textes littéraires contenus dans sa mémoire fabuleuse ou des simples phrases de livres qu’il connait par cœur. Doté d’une mémoire phénoménale, le libraire continue de réciter de longs passages de livres à la petite fille qui finit par reprendre conscience.

C’est ici qu’il rencontre la mère de la petite, Thérèse, qui ne vient voir sa fille qu’en coup de vent. Elle est très jeune et instable, a énormément de mal à assumer son rôle de parent, et a une envie permanente d’aller ailleurs, de chercher autre chose, de se sauver.

Un des anciens camarades de Vollard se souvient l’avoir connu alors souffre-douleur des autres enfants. Mais il l’avait fasciné par sa manière de s’absorber dans ses lectures durant sa jeunesse.

Lorsque l’enfant s’éveille, elle garde cependant une grave séquelle : elle a perdu l’usage de la parole. Elle est alors emmenée dans un centre de rééducation de la Grande Chartreuse où Étienne Vollard l’emmène en promenade dans les montagnes alentour. Fuyant ses insomnies et ses angoisses anciennes, il emmène Éva marcher dans les paysages de la Grande Chartreuse, lieu sauvage et splendide où vivent des moines qui ont fait vœu de silence.

Mais l’état de la petite s’aggrave. Le libraire, dont la librairie a brulé accidentellement, part à la recherche de la mère qui ne venait plus voir son enfant. Il la retrouve, la ramène auprès de sa fille qui décède. Vollard, lui, finit par se suicider en se jetant d’un pont, sur les lieux de ses promenades avec la petite fille.

Un gros homme, encombré de lui-même, une mère bien trop jeune, et une fillette précocement fracassée par la vie forment un étrange trio : le triangle des solitudes. Le narrateur de cette histoire, témoin de l’enfance et de la jeunesse de Vollard, exprime sa fascination pour ce libraire inoubliable.

Mais ce roman-conte est aussi un hymne inoubliable à la littérature, une méditation sur le fragile pouvoir des livres.

Une magnifique histoire, triste à pleurer, qui parle de l’amour des livres et de la solitude des êtres.

La Petite Chartreuse est un roman de Pierre Péju publié le 9 octobre 2002 aux éditions Gallimard et ayant obtenu le prix du Livre Inter l’année suivante en 2203 et le Prix Rosine-Perrier. Il a ensuite été rapidement traduit en plusieurs langues étrangères. Ce roman a été adapté au cinéma en 2005 dans le film La Petite Chartreuse de Jean-Pierre Denis.

L’auteur :

Pierre PéjuPierre Péju, né en 1946 à Lyon, est un romancier, essayiste et professeur de philosophie français.

Issu d’une famille de libraires d’origine lyonnaise, il fait ses études de philosophie à l’Université de la Sorbonne. Étudiant passionné par les manifestations de Mai 68, il collabore dès 1971 à divers journaux et revues.

Il enseigne la philo durant douze ans dans des lycées parisiens, avant de venir vivre au Chevalon, près de Voreppe, près de grenoble.

Professeur au lycée Champollion, puis au lycée international Stendhal à Grenoble, et directeur de programme au Collège International de Philosophie, il est aussi l’auteur de plusieurs essais, romans, contes et nouvelles. Spécialiste du romantisme allemand, il a édité quelques ouvrages dans la collection Romantique des éditions Corti.

Il est l’auteur de récits, contes et nouvelles (comme « Premiers personnages du singulier »), d’un long roman de voyage (« La Part du sphinx »), mais il est surtout l’auteur de textes littéraires dans lesquels le travail d’écriture consiste à tresser notes autobiographiques et pensées rapides (comme « Vitesses pour traverser les jours » ou « La Vie courante » qui a obtenu en 1996 le prix Autres de Rhône-Alpes).

Il est aussi l’auteur d’essais sur le conte, sur le récit et surtout sur le romantisme allemand.

Il a écrit des pièces de théâtre « radiophonique » diffusées plusieurs fois sur France-Culture (dont « La Nuit », interprétée par Michaël Lonsdale) et plusieurs de ses nouvelles ont été adaptées pour la scène.

En 1998, Pierre Péju a publié aux éditions Gallimard « Naissances », puis en 2003 « La Petite Chartreuse » qui a obtenu le Prix du livre Inter. Depuis ont paru « Le Rire de l’ogre » et « Cœur de pierre » chez le même éditeur.

Pierre Péju est aussi critique d’art. Il a écrit notamment sur Anselm Kiefer, Miquel Barcelo et Niklaus Manuel Güdel.

Il est le petit-fils du résistant Elie Péju Compagnon de la Libération.

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