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De Kerangal Maylis ♦ Naissance d’un pont

Naissance d'un pontMaylis de Kerangal imagine la construction d’un pont gigantesque en 2007, devant enjamber un large fleuve pour relier Coca, ville moderne imaginaire de Californie, à la rive qui lui fait face, domaine d’une profonde forêt où tente encore de survivre une poignée d’Indiens, du premier jour jusqu’à son inauguration.


C’est aussi l’occasion de croiser tout un melting pot de personnages qui vont graviter autour de ce chantier, du plus simple ouvrier, à l’ingénieur spécialiste du béton et au responsable des opérations tout en croisant les indiens plutôt hostiles à ce chantier.
De tous les coins du monde arrivent des hommes et des femmes en quête de travail dans tous les métiers de la construction, qui veulent participer à cette grande aventure. Cela va du chef de chantier, à la jeune ingénieure française qui sera responsable du béton, au grutier jusqu’aux ouvriers du bâtiment, mais aussi les cuisiniers, les prostituées, les dentistes, les coiffeurs, les opérateurs mobiles… Enfin tous ceux qui gravitent autour de cet évènement exceptionnel.
Il y a ainsi une française, Summer Diamentis, ingénieur spécialiste en béton, qui se sent seule et est incomprise dans cet univers essentiellement masculin; Katherine Thoreau, une américaine qui tire le diable par la queue pour finir les fins de mois; Diderot, célibataire endurci, dipsomane invétéré, et mordu du travail ayant pour principe « de toujours rendre un chantier dans les délais », qui coordonne tout le chantier et veille à faire respecter les délais; ou encore Sanche Cameron suivant le chantier du haut de sa grue…

C’est au retour d’un voyage à Dubaï que John Johnson, dont la volonté de puissance ne connaît plus de limites, et fraichement élu maire de Coca, ville de Californie, entreprend de mener une politique de développement de l’urbanisme au sein de sa circonscription. Subjuguer par le chantier permanent qu’est la cité des émirats qu’il qualifie « d’espace ou la maîtrise se combine à l’audace », et ce qui pour lui est « marque de puissance », il se lance dans un projet de restructuration infrastructurelle. Projet qui le conduit à faire bâtir un pont qu’il veut symbole de la nouvelle Coca. La naissance de ce pont va exiger l’intervention de professionnels du bâtiment et de bras en tout genre.

Naissance d’un pont est un roman de Maylis de Kerangal publié le 26 août 2010 aux éditions Verticales.
Ce livre part d’une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d’un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d’une dizaine d’hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, « à l’américaine », qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.
Il y a un côté très réaliste à ce récit, avec les aléas de chantier, les retards, la pression du siège ou du maire de la ville, les revendications salariales, les accidents.

Ce roman avait été retenu dans la dernière sélection du Grand prix du roman de l’Académie Française et se voit finalement battu le 28 octobre 2010 pour l’obtention du prix au troisième tour de scrutin par six voix contre neuf à « Nagasaki » d’Éric Faye.
Il fait également partie de la dernière sélection du Prix Goncourt.
Il reçoit le 3 novembre 2010 au premier tour et à l’unanimité le prix Médicis.

« Quand je me suis donné le Golden Gate comme référence pour écrire Naissance d’un pont, j’étais déjà allée deux fois à San Francisco, et j’y suis retournée pour régler sensoriellement les indicateurs de la matérialité du monde, qui comptent beaucoup pour moi : l’expérience physique, la lumière, la qualité de l’air, la configuration des lieux, etc. Cela permet une captation sensible qu’on peut capitaliser et qui fait trace dans l’écriture».
« Il s’agit d’une sorte de western, autrement dit d’un roman de fondation, et la référence à ce genre cinématographique opère dans le texte, l’écriture travaille en plan large, brasse du ciel, des paysages, des matières, des hommes, et resserre sa focale sur les héros qui sont toujours pris dans l’action, dans la nécessité de répondre à une situation».– M. de Kérandal

L’auteur :

Maylis de KerandalMaylis de Kerangal est une femme de lettres française, née le 16 juin 1967 au Havre.
Fille et petite-fille de capitaine au long cours, elle passe son enfance au Havre. Sa maman est enseignante.

De 1985 à 1990, elle fait une classe préparatoire au lycée Jeanne-d ‘Arc de Rouen et ensuite elle va à Paris pour faire une hypokhâgne et deux khâ¬gnes où elle étudie l’histoire, la philosophie et l’ethnologie. Sa maîtrise portait sur les cartographes, les cosmographies de la Renaissance. Elle a passé un an au département des Cartes et plans à la bibliothèque Richelieu. Puis elle est allée à l’Ecole des hautes études pour faire de l’anthropologie.
Au début des années 1990, elle est engagée comme éditrice jeunesse aux éditions Gallimard aux côtés de Pierre Marchand et pour s’occuper de guides de voyage, avant de faire deux séjours aux États-Unis, à Golden dans le Colorado en 1997. Elle reprend sa formation en passant une année à l’EHESS à Paris en 1998.

Elle publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina.
Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l’écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte.

Son roman Naissance d’un pont est publié en 2010. Selon elle, « il s’agit d’une sorte de western, autrement dit d’un roman de fondation, et la référence à ce genre cinématographique opère dans le texte, l’écriture travaille en plan large, brasse du ciel, des paysages, des matières, des hommes, et resserre sa focale sur les héros qui sont toujours pris dans l’action, dans la nécessité de répondre à une situation. ». Le 3 novembre 2010, l’ouvrage remporte à l’unanimité et au premier tour le prix Médicis. Le livre remporte aussi le Prix Franz Hessel et est, la même année, sélectionné pour les prix Femina, Goncourt, et Flore. Le Prix Franz Hessel permet à l’ouvrage de bénéficier d’une traduction en allemand, parue en 2012 chez Suhrkamp.

En 2011, elle est l’une des participantes du Salon du livre de Beyrouth au BIEL (Beirut International Exhibition & Leisure Center).

En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l’est paru aux éditions Verticales.

En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien Prix France Culture-Télérama), pour son roman Réparer les vivants qui a été aussi couronné par le Grand prix RTL-Lire 2014 ainsi que par le Prix des lecteurs de l’Express-BFM TV. Dans cet ouvrage, elle suit pendant 24 heures le périple du cœur du jeune Simon, en mort cérébrale, jusqu’à la transplantation de l’organe.

Œuvres : Romans – Nouvelles
• Je marche sous un ciel de traîne – 2000, 222 p.
• La Vie voyageuse – 2003, 240 p.
• La Rue – 2005, 92 p.
• Ni fleurs ni couronnes – 2006, 135 p.
• Maylis de Kerangal (texte), Robin Goldring (peint.), La Peau d’une fille qui rentre de la plage – 2006
• Maylis de Kerangal et Coll., Inculte, Spécial coupe du monde – 2006, 212 p.
• Dans les rapides – 2007, 111 p.
• Corniche Kennedy – 2008, 177 p.
• Collectif, Minimum Rock’n’Roll : Binocles Œil de Biche & Verres Fumés – 2008, 176 p.
• Maylis de Kerangal & Joy Sorman (dir.), Coll., Femmes et sport : regards sur les athlètes, les supportrices, et les autres – 2009, 153 p.
• Naissance d’un pont – 2010, 320 p.
• Maylis de Kerangal (texte), Benoît Grimbert (photographies), Pierre Feuille Ciseaux – 2012, 88 p.
• Tangente vers l’est – 2012, 134 p.
• Réparer les vivants – 2013, 281 p
• À ce stade de la nuit – 2014, 80 p.
Albums pour enfants :
• Maylis de Kerangal (texte), Alexandra Pichard (illustrations), Nina et les oreillers – ‎ 2011, 28 p.

Distinctions
• Prix Médicis 2010 pour Naissance d’un pont (au premier tour). Le livre est la même année en sélection pour les prix Femina, Goncourt et Flore.
• Prix Franz Hessel 2010 pour Naissance d’un pont
• Prix Landerneau 2012 pour Tangente vers l’est
• Grand prix RTL-Lire 2014 pour Réparer les vivants
• Roman des étudiants – France Culture-Télérama 2014 pour Réparer les vivants
• Prix Orange du Livre 2014 pour Réparer les vivants
• Prix du 37ème prix Relay des Voyageurs 2014 pour Réparer les vivants
• le prix littéraire Charles-Brisset attribué par l’Association française en psychiatrie 2014 pour Réparer les vivants
• le premier Prix Paris Diderot-Esprits libres 2014 pour Réparer les vivants
• le Prix des lecteurs L’Express/BFMTV 2014 pour Réparer les vivants

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