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Ferney Alice ♦ Grâce et dénuement

Grâce et dénuement

Récit d’Alice Ferney paru en 1997 sur une famille gitane installée de façon illégale sur un terrain privé près d’une grande ville. Ce roman raconte la vie de la famille jusqu’à son expulsion.

Parce qu’elle pense que les livres sont nécessaires comme le gite et le couvert, une jeune bibliothécaire, Esther Duvaux, met en œuvre ce que d’autres auraient jugés utopique. Dans un décor de banlieue, elle est saisie d’un désir presque fou : celui d’initier à la lecture des enfants gitans privés de scolarité. Elle est venue avec un projet : lire des histoires aux enfants qui ne disposent pas de livres chez eux. Aussi, chaque mercredi, elle s’arrête près des caravanes et serrés les uns contre les autres dans sa voiture, elle lit des histoires à ces grandes paires d’yeux noirs étonnés. Elle se heurte d’abord à la méfiance, à la raillerie et au mépris qu’inspirent les gadjé.
Rejetés par la population, ils ont échoués là, dans le jardin d’une ancienne institutrice conciliante. Ces enfants à demi nus évoluent dans la boue, le froid, endurcis par les brimades, le ventre souvent vide. De leur comportement quelque peu sauvage, Esther compte sur le pouvoir des livres pour les apprivoiser.
Elle finit par amadouer les petits illettrés, en même temps qu’elle entrevoit le destin d’une famille sur laquelle règne une veuve mère de cinq fils.
On découvre Angélina, la grand-mère, ses cinq fils et ses quatre belles-filles vivants au rythme des accouchements et des fausses couches, de l’infidélité d’Antonio et de la folie de Lucien qu’Angélina refuse d’admettre. Les hommes vivent de vols et autres trafics, car rares sont les gitans qui acceptent d’être tenus pour pauvres et ceux-là le sont pourtant.
Et les gamins crasseux, insatiables, se nourrissent de sa présence chaque mercredi. Elle embaume leur vie de bohème, privés de tout confort, qui ne se plaignent jamais quand d’autres auraient pleuré mille fois.

Avec ce portrait d’une famille gitane sédentarisée en banlieue parisienne Alice Ferney nous fait pénétrer dans le monde inconnu des gens du voyage, de leur dénuement et de leur misère sociale. Visitée par une bibliothécaire persévérante dont le désir, tel un sacerdoce, est d’apporter la littérature à cette communauté, on découvre, par petites touches et sans angélisme un univers de « grâce et de dénuement », dominé par l’amour, la fierté et la pauvreté, un univers violent où le sort des femmes n’est pas très enviable, un univers où l’illettrisme est un fléau et une souffrance tue.

Dans ce troisième roman, récompensé en 1998 par le prix  » Culture et bibliothèques pour tous « , Alice Ferney excelle à faire entendre les voix intérieures de ses personnages, leurs sentiments inavoués, leurs désirs brimés, leurs solitaires affrontements avec la fatalité.

Grâce et Dénuement est mis par plusieurs lycées français dans leur programme de littérature.

 

L’auteur :

Alice FerneyAlice Ferney, née le 21 novembre 1961 à Paris de sa véritable identité Cécile Brossollet, épouse Gavriloff, est un écrivain français.

Elle étudie à l’ESSEC (1981-1984) puis prépare à l’EHESS une thèse en sciences économiques, qu’elle soutient en 1990. Elle devient maître de conférences à l’université d’Orléans.
Ses thèmes principaux sont la féminité, la différence des sexes, la maternité et le sentiment amoureux.
Lors du débat français sur le mariage homosexuel, Alice Ferney signe aux côtés de 54 autres femmes une tribune contre le projet de loi, en affirmant par la même occasion son opposition à la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui.

En 2014, elle publie Le règne du vivant, un « roman documentaire » inspiré de l’action du militant écologiste Paul Watson pour protéger les baleines et lutter contre la surpêche et le braconnage. Par ce livre, elle revendique de rendre hommage à des militants controversés et leur donne raison.
Ses thèmes de prédilection sont la féminité, la différence des sexes, la maternité, le sentiment amoureux.

Elle est mariée et a trois enfants.Adepte du roman classique, dont elle exploite avec brio la veine introspective.

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