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… vu par Arlette

Reysset Karine ♦ L’ombre de nous-mêmes

L'ombre de nous-mêmesAutour de la correspondance d’Alma, Karine Reysset dessine le portrait de trois femmes. Trois vies entremêlées, trois destins brisés par l’enfermement. Elles ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes.

Alma, incarcérée dans un quartier réservé aux jeunes mères, s’accroche à l’enfant qu’elle y a mis au monde et aux lettres qu’elle envoie à Samuel son ex-compagnon, le père de ses enfants, des lettres qui restent sans réponses mais qui lui permettent de tenir le cap comme autant de bouteilles à la mer. Pour ne rien oublier de son existence en détention, Alma écrit. Elle rédige de longues lettres qu’elle destine à Samuel son ex-compagnon, le père de ses enfants, l’amour de sa vie. Des lettres qui restent sans réponses et qu’elle ne prend même plus la peine d’envoyer, mais qui lui permettent de ne rien oublier, de garder la tête hors de l’eau.

Parce qu’écrire est devenu une question de survie, Alma rédige également de petits textes autour de l’enfance en Argentine de Lucinda, une jeune argentine, sa voisine de cellule, tombée pour trafic de drogue et dont la vie s’est brutalement brisée. Elle apaise sa détresse en faisant défiler les souvenirs enchantés de son enfance dont le fil s’est brutalement brisé.

De l’autre côté des barreaux, Sarah, la fille aînée d’Alma, secouée par le besoin urgent de se confier, qui fait transparaitre son mal-être d’avoir une mère en prison. Elle se confie à son ordinateur et tente de maintenir le lien entre sa mère et ceux qui au-dehors attendent son retour. Elle déroule ainsi le fil de son enfance, son quotidien bousculé d’adolescente, les visites au parloir et la vie qui continue malgré tout.

Correspondances, carnets, fragments, confessions filmées, Karine Reysset puise dans les multiples ressources du genre romanesque pour mieux entremêler ces trois itinéraires bouleversants. Au travers de ces voix, elle poursuit l’exploration de thèmes qui lui sont chers : la naissance d’un enfant, devenir mère, l’adolescence, l’épreuve d’un accident, la solitude, l’amour… S’y ajoute cette fois un très beau travail autour du quotidien de femmes en situation d’emprisonnement.

Malgré la détresse et face à l’adversité, ses héroïnes font preuve d’une véritable envie de vivre. C’est ici que réside la force de ce roman : recouvrer la vie après avoir été l’ombre de soi-même. Beaux portraits de femme, avec en filigrane la même thématique du rapport filial entre une mère et sa fille.

 

L’auteur :

Karine ReyssetKarine Reysset est née en 1974 à Corbeil-Essonnes en banlieue parisienne. Elle a grandi entre Arras, Rouen, et la banlieue parisienne. Après dix ans passés à Paris, elle s’installe à Saint-Malo.

Au collège et au lycée, elle croise un garçon nommé Olivier Adam (des vents contraires…), mais c’est à la fac de Dauphine, où ils entreprennent tous les deux des études d’économie et gestion, qu’elle fait vraiment sa connaissance et se découvre avec lui une passion commune pour la littérature et un désir farouche d’écrire et d’être publiée un jour…

Ensemble, ils ont eu le 30 mai 2002, une petite fille, Juliette, très attendue, à laquelle Karine a consacré son premier livre, « L’Inattendue » (Le Rouergue). Après avoir travaillé dans une maison d’édition spécialisée dans l’écologie, elle est aujourd’hui correctrice, et auteur pour la jeunesse et pour les adultes. Son deuxième livre, paru en 2004 aux éditions du Rouergue s’intitule « En douce ».

Elle a travaillé durant six ans dans le secteur de l’édition avant de se consacrer pleinement à l’écriture. En 2003, elle publie son premier roman L’inattendue suivi d’En douce en 2004. Elle écrit également pour la jeunesse à L’École des loisirs où elle a publié six romans et collabore actuellement à l’écriture d’un long-métrage au Québec.

Elle est aujourd’hui correctrice.

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