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Dany Frédéric ♦ La Rose des vents

La rose des vents

Frédéric Dany, agrégé lettres modernes à  l’Education Nationale, professeur au lycée Rabelais à Paris, publie aux éditions Michalon, un récit subtil sur la marginalité, qui ne manquera pas d’émouvoir.

« Par loyauté envers sa sœur, Dimitri accepte de s’occuper de son neveu Xavier, un enfant autiste d’une douzaine d’années ».

Le syndrome d’Asperger est une forme d’autisme qui touche des enfants ayant un coefficient intellectuel « normal ».  

C’est de ce syndrome que serait atteint Xavier , l’un  des héros de ce livre. Les spécialistes ne seront peut-être pas d’accord avec ce diagnostic, car Xavier ne parle pas, ou si peu. Mais ce qui est certain, c’est qu’il est autiste, avec tous les problèmes que cela peut poser à son entourage.

L’autre héros de ce livre est le narrateur, Dimitri, son oncle, homme solitaire et marginal, abîmé par l’existence. C’est un « routard », un jeune homme qui a choisi d’être sans domicile fixe, avant tout par engagement politique, qui fréquente les milieux anarchistes ou d’extrême gauche. Mais surtout, c’est un solitaire, ayant choisi de vivre hors de la société, d’avoir le moins de contacts possibles avec ses congénères.

Le seul lien affectif qu’il a est celui qui le lie à sa sœur Marie Jeanne, dépressive chronique, mère célibataire de Xavier. Et après une nouvelle tentative de suicide, elle demande à son frère de s’occuper de son fils. Il accepte cette mission, le garde une quinzaine de jours dans l’appartement de la jeune femme à Granville, mais part pour aller chez sa mère à Loudun car les voisins ne supportent plus les hurlements de l’enfant.

Par un concours de circonstances, ils se retrouvent à « La rose des vents », une communauté quelque peu utopique, paradis perdu des exilés et des sans-noms, composés de 8 membres, tous meurtris par la vie, habitants sous un échangeur d’autoroute. Le mois qu’il passe à La rose des vents transforme Xavier. Il ne hurle plus tous les soirs, totalement libre de vivre. Il arrive à créer des liens avec son entourage.

Mais ils doivent repartir pour que Marie Jeanne récupère son fils.

Le retour à Granville le replonge dans sa prison. Un drame finira par les replonger brutalement dans la réalité, et poussera Dimitri à commettre l’irréparable.

La Rose des vents est un livre sur la solitude, la solitude de Xavier (à cause de sa maladie), la solitude de Dimitri (à cause de son caractère et de ses choix de vie), la solitude des membres de la communauté (de par leur passé). C’est aussi un livre sur la différence : tous les personnages, ne rentrant pas dans le « moule » où la société voudrait les placer, sont rejetés par elle et doivent vivre comme des marginaux. De fait, la marginalité est plus une conséquence du rejet des autres qu’un véritable choix.

La Rose des vents est aussi un livre sur la communication, et encore plus sur les difficultés de la communication et la violence que la non-communication peut engendrer.

Xavier est violent, Dimitri est violent, et même à La rose des vents, dans cette utopie communautariste, c’est l’impossibilité qu’a Saturne à communiquer par la parole qui le pousse à l’irréparable… Marie Jeanne veut communiquer avec son fils, mais comme elle le veut, en fonction de ce qu’elle pense être une « communication normale » (une mère doit pouvoir faire des câlins à son fils), ce qui engendre une grande violence de sa part contre elle et contre Xavier.

L’auteur:

Frédéric Dany

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