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… vu par Arlette

Paris Gilles ♦ Au pays des kangourous

au pays des kangourous  Simon, neuf ans, vit avec son père Paul et sa mère Carole dans un vaste appartement parisien. Il n’a que neuf ans, mais il a déjà la réflexion d’une grande personne qui a gardé sa fraicheur d’enfant.

Simon est un bambin comme les autres. Il aime jouer avec sa console Nintendo, a un papa Paul, une maman Carole, une grand-mère fantasque qui s’adresse aux esprits, ne manque de rien… enfin, presque rien.

Paul est écrivain, il écrit pour les autres. Carole est directrice marketing chez Danone, en Australie les trois quarts du temps et plus préoccupée par sa vie professionnelle au pays des kangourous…. Elle passe sa vie là-bas, loin d’un mari qu’elle n’admire plus et d’un enfant qu’elle ne sait pas aimer. Difficile pour Paul de s’épanouir dans ces conditions.

En fait, le couple n’en est plus un depuis longtemps, la faute au métier de Carole, qui l’accapare.

Simon est proche de son papa. Son père l’aime et le cajole autant que sa mère est distante. Simon constate, explique, décrit, mais jamais ne juge sa mère. Au contraire, il cherche au fur et à mesure d’en savoir un peu plus sur son enfance pour comprendre cette maman qui vit loin, qui l’aime sans aucun doute, à sa façon, mais ne semble pas très démonstrative. C’est avec Paul qu’il construit sa sensibilité.  C’est avec son père qu’il fait l’apprentissage de la maladie,  et du courage. Avec ses mots à lui il va poser des images sur les événements. Avec ses rêves, Simon grandit, et se rapproche de la vérité.

Le jour où il est interné pour dépression, Simon voit son quotidien bouleversé. . Le voilà maintenant absent, lui aussi. L’enfant sans mère est recueilli par Lola, grand-mère fantasque et jamais mariée, adepte des séances de spiritisme avec ses amies  » les sorcières « , et prête à tout pour le protéger.

Avec l’aide de sa grand-mère, l’énergique Lola, il va tenter de réinsérer son papa dans le quotidien, essayer de comprendre pourquoi « sous ses yeux, il a des vilaines poches comme des petits sacs à soucis », pourquoi il n’est pas comme d’habitude,  pourquoi il semble souffrir de tout, est si épuisé qu’il dort chaque jour davantage.  Bref,  comment son père est devenu un vrai héros fatigué !

En effet, sa force et son entrain rassurent et apaisent. Son énergie empêche à Simon et au lecteur de sombrer dans la tristesse et le chagrin. Pétillante et farfelue, elle est l’élément de réconfort indispensable à Simon pour prendre de la distance et analyser tout en finesse ce qui arrive à son père. Jamais le récit ne sombre dans la mélancolie ou l’extrême douleur ; il y a toujours un espoir, des petits moments de bonheur et de rêve qui permettent de supporter cette épreuve.

Mais il rencontre aussi l’évanescente Lily, enfant autiste, une sorte de petite fée clochette qui va devenir la meilleure amie de Simon (on se demande parfois si cette petite Lily est bien réelle). aux yeux violets, que les couloirs trop blancs de l’hôpital font paraître irréelle et qui semble pourtant résolue à lui offrir son aide. Porté par l’amour de Lily, perdu dans un univers dont le sens lui résiste, Simon va tâcher, au travers des songes qu’il s’invente en fermant les yeux, de mettre des mots sur la maladie de son père, jusqu’à toucher du doigt une vérité que l’on croyait indicible. Pourquoi Paul est-il si bizarre tout à coup ? Et  que fait donc Carole, la maman ?

Prix Cœur de France 2012

  Un récit poétique de bout en bout dont on voudrait retenir chaque expression, qui raconte la dépression avec justesse, sans accent tragique ni pathos excessif. Un récit plein de vie également, où chacun trouve sa place, où l’on sourit presque à chaque page, où nul n’est jugé ni condamné car tout s’explique finalement, où la fragilité de l’être attache intensément. Si des larmes viennent à couler à la lecture, elles seront douces et agréables, sans inquiétude.

  Un livre porteur d’espoir, jamais tragique et souvent drôle. Et tellement beau qu’il devient incontournable et magique ! Une émotion pure et rare qui se savoure encore longtemps après l’avoir renfermé. Où comment la douceur des mots, leur simplicité, leur sonorité, les images qu’ils construisent séduisent sans artifice et font vibrer le lecteur tout entier, sans détours, au plus près. Au mieux.

L’auteur :

  Gilles Paris est un écrivain français. Né le 5 avril 1959 à Suresnes (92), Gilles Paris entre dans la vie active après son bac.

 Serveur, testeur de médicaments, garçon de bureau au Monde, concepteur de dossier de presse notamment pour Manuel Canovas et Dior, il intègre à dix-huit ans le Ministère de la Jeunesse comme documentaliste.

 Puis il crée et dirige la société APS, un argus de la presse spécialisée dans le spectacle, agence qu’il déplace chaque année au Festival de Cannes.

Après cinq ans, il décide de prendre le large et voyage toute une année pleine en Afrique et en Grèce.

A son retour, il devient pigiste dans le domaine du cinéma et de la musique dans la presse populaire. pour de nombreux journaux, Elle, Le Figaro Magazine, Femme, Pariscope, Maison Française, Libération, Le Nouvel Observateur où il signe des articles sur le cinéma, la musique et des personnalités.

Il entre parallèlement dans l’édition, d’abord comme attaché de presse aux éditions 13 (Groupe Carrère), puis comme directeur du service de presse de Jean-Claude Lattès pendant sept ans, et directeur du service de presse des éditions Plon, pendant dix ans.

Depuis 2006, il dirige une agence de communication qui porte son nom, spécialisée dans l’édition, et qui s’ouvre également sur la musique, les expositions et les spectacles.

En 1991, il publie son premier roman « Papa et maman sont morts » aux éditions Point-Virgule (Seuil), réédité en Point-Seuil le 19/01/12

En 2002, « Autobiographie d’une Courgette » sort chez Plon pour lequel Gilles Paris reçoit le Prix de la Mairie du XVIIème. Traduit en 14 langues et vendu à plus de 150 000 exemplaires, il a fait l’objet d’une adaptation pour la télévision réalisée en 2007 par Luc Béraud et intitulée C’est mieux la vie quand on est grand (2007) avec Daniel Russo dans le rôle du gendarme.

« Au pays des kangourous », son troisième roman est publié aux éditions Don Quichotte (parution le 19 janvier 2012).

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