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… vu par Arlette

Gautier Pascale ♦ Les vieilles

les vieilles« Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux, Même riches ils sont pauvres, ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux ».

Et pour les vieilles de Pascale Gautier, c’est un peu pareil. Plus d’illusions non plus, elles n’attendent plus grand-chose de la vie, qu’elles savent à présent derrière elles.

En revanche, pour le peu de temps qu’ils leur restent, elles s’en donnent à cœur joie : Il y en a une qui prie, une autre qui est en prison, une autre encore qui parle à son chat, et certaines qui regardent les voisines de haut en buvant leur thé infect. Il y a celle qui grommelle et râle tout son saoul, la bigote ou l’acariâtre, celle qui se refait une nouvelle jeunesse avec un jeune et gérontophile croque-mort, celle-ci qui dialogue en secret avec son mari mort, celle qui vide de plus en plus vite ses bouteilles de porto, celle qui adore mener la vie dure à son fils et à sa belle-fille,. Ah, ça leur progéniture, qu’on ne vienne pas leur en parler, de manière générale ! Toujours trop absente, ou trop insupportable, trop mollassonne ou trop incompréhensive. Comme ce fils bien intentionné qui passe son temps à offrir de nouveaux téléphones à sa mère, un pour chaque pièce, dont la sonnerie rugit toujours plus fort, et avec qui la vieille doit livrer une bataille sans merci, mais sans fin non plus.

Alors elles passent leur temps chez le coiffeur, à boire et à jouer au Scrabble, à essayer de comprendre comment fonctionne un téléphone, à commenter les faits divers, à critiquer leur progéniture qui ne vient pas assez, à s’offusquer de l’évolution des mœurs… Elles savent que le monde bouge, et qu’elles devraient changer leurs habitudes, mais comment faire, à leur âge? Aussi, l’arrivée de Nicole, une  » jeunesse  » qui entame tout juste sa retraite, et l’annonce d’une catastrophe imminente, vont perturber leur quotidien.

Elles habitent le Trou. Ironie du sort. Attirées par le climat, 365 jours de soleil par an, comme tous les autres vieux du village venus finir leurs jours ici. D’ailleurs, à force, il n’y a plus de jeunes, à part le personnel médical et le jeune homme bizarre du crématoire. Et plus de vieux non plus, seulement des vieilles. Parce que les vieux, c’est bien connu, ils tiennent bien moins longtemps. Sauf Pierre Martin, 90 ans au compteur, qui se prépare pour le marathon de Londres. Et qui profite pleinement de son statut de dernier homme de la résidence, « auréolé de gloire dans son short bleu ». Il jettera son dévolu sur une jeune retraitée fraîchement débarquée au Trou.

Les choses vont changer à partir du moment où l’omniprésente télévision annoncera l’arrivée imminente d’un astéroïde, surnommé Bonvent. Le Trou cèdera alors à la panique, des vieilles se jetteront du haut d’une station-essence tandis que le curé se fera la malle au volant d’un 4 x 4 et les histoires d’amour ou de famille tourneront au vinaigre.

 

Pour compléter cette lecture, je vous recommande de rendre visite aux Centenaires de Philippe Adam, un roman publié par Verticales en même temps que Les vieilles et disponible lui aussi en numérique

 

L’auteur :

Pascale Gautier est un écrivain français. Elle est aussi directrice littéraire aux éditions Buchet/Chastel.

Fille d’enseignants, Pascale Gautier a trouvé très jeune dans la lecture un dérivatif à l’ennui. Dès l’adolescence, Maupassant est l’un de ses auteurs favoris. Tout en écrivant, Pascale Gautier décide de travailler dans l’édition et « monte » à Paris. Sa persévérance lui permettra d’intégrer différentes maisons d’édition. Son premier livre Moribondes sort en 1988. Suivront Villa Mon désir ou encore Trois grains de beauté, récompensé par le Grand Prix SGDL. Les romans de Pascale Gautier sont reconnus comme des textes singuliers et littérairement exigeants.

Parallèlement à son activité d’écrivain (romancière, nouvelliste), Pascale Gautier est directrice littéraire pour les éditions Buchet-Chastel depuis 2000.

Elle fut également éditrice aux éditions du Rocher (1996- 2000) et chez Gallimard, La Pléiade (1990-1996).

Bibliographie

  • · Moribondes, Fixot, 1988
  • · Villa mon désir, Fixot, 1989
  • · Vertige, Quai Voltaire, 1992
  • · Pépita, Albin Michel, 1993
  • · Folies d’Espagne, Julliard, 1995
  • · Les Amants de Boringe, Albin Michel, 1997
  • · Mercredi, Phébus, 2000
  • · Frères, Le Castor Astral, 2002
  • · Trois grains de beauté, Joëlle Losfeld, 2004
  • · Fol accès de gaité, Joëlle Losfeld, 2006
  • · Les Vieilles, Joëlle Losfeld, 2010

            Ses romans ont été reconnus comme des textes singuliers et littérairement exigeants. Parmi eux Trois grains de beauté, qui a reçu le Grand Prix de la Société des gens de lettres (SGDL) du roman, et Fol accès de gaîté, tous deux publiés aux Éditions Joélle Losfeld.  

 

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