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… vu par Arlette

Khadra Yasmina ♦ Les hirondelles de Kaboul

Dans les ruines brûlantes de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Talibans veillent. La joie et le rire sont devenus suspects. Dans ce Kaboul en proie aux talibans et à la guerre, deux hommes et deux femmes cherchent un sens à la vie, quatre humains en proie au vertige aliénant dans lequel le fanatisme religieux a emporté frénétiquement leur ville dévastée.

Atiq Shaukat, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, ne supporte plus son travail -qui consiste à garder les prisonniers avant les exécutions publiques- et la maladie incurable de sa femme, Mussarat. Il traîne sa peine. Toute fierté l’a quitté.

Mussarat, elle, souffre bien entendu de sa maladie mais encore plus de ne pas pouvoir accomplir ses devoirs d’épouse.

Moshen Ramat, bourgeois déchu, ne se reconnait plus depuis qu’il s’est laissé aller à lapider une prostituée lors d’un lynchage publique. Le goût de vivre l’a également abandonné, lui qui rêvait de modernité.

Sa femme, Zunaira, plus belle que le ciel, avocate interdite d’exercer, ne peut pas accepter le mode de vie imposé par les talibans au sexe féminin. Elle est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri . Mais elle ne veut pas vivre derrière un grillage.

Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis ? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore. Alors qu’Atiq s’endurcit pour tenter de sauver ce qui lui reste de conscience, Mohsen, lui, perd pied, peu à peu, sous le regard atterré de son épouse aimée.

A travers ces quatre personnages, Yasmina Khadra montre comment les ravages de la guerre et du fondamentalisme rendent les comportements des uns et des autres complètement fous et inexplicables. Il rend aussi hommage aux femmes qui tentent de survivre et de se battre malgrè tout. Un roman poignant qui met en avant la complexité du genre humain.

Écrit par Yasmina Khadra en 2004, ce court texte, incisif et virulent,nous parle du quotidien de Kaboul au travers de la vie de deux hommes, de deux couples plus précisément, dans cette ville anéantie par le terrorisme taliban.

 

L’auteur :

  On sait depuis peu que Yasmina Khadra est un pseudonyme : derrière ce double prénom féminin se cache un homme, officier supérieur de l’armée algérienne : Mohamed Moulessehoul.

 Il choisit ce pseudonyme pour échapper à une forme d’autocensure perceptible dans ses premiers textes, mais aussi pour rendre hommage à son épouse (Yasmina et Khadra sont ses deux premiers prénoms) et au courage des femmes algériennes.

 Né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans le Sahara algérien d’un père infirmier et d’une mère nomade, Yasmina Khadra est confié dès l’âge de neuf ans à une école militaire. Son père, un officier de l’ALN blessé en 1958, voulut faire de lui un soldat. Il en ressort sous-lieutenant en 1978 pour rejoindre les unités de combat.

 Durant la période sombre de la guerre civile algérienne dans les années 1990, il fut l’un des principaux responsables de la lutte contre l’AIS puis le GIA, en particulier en Oranie.

 Durant son engagement dans l’armée algérienne, il publie en Algérie et sous son vrai nom des nouvelles et des romans. En 2000, après trente-six ans de vie militaire, il décide de quitter l’armée pour se consacrer à la littérature et vient s’installer en France avec sa famille.

 L’année suivante, il publie « l’écrivain »où il révèle sa véritable identité, puis « L’imposture des mots », livre dans lequel il justifie sa démarche.

 Auteur notamment de nombreux polars, Yasmina Khadra est internationalement reconnu. Ses romans sont traduits dans vingt-cinq pays.

 Yasmina Khadra bouleverse les points de vue purement occidentaux sur la réalité du monde arabe, dans des romans qui critiquent la bêtise humaine et la culture de la violence. Il évoque son Algérie natale, sa beauté et sa démesure, mais aussi la fureur qui y sévit au nom de Dieu, les lâchetés et les inadmissibles compromissions.

Les hirondelles de Kaboul, sur l’Afghanistan, Les sirènes de Bagdad(2006), sur la guerre en Irak, ou encore L’attentat (2005), sur la descente aux enfers d’une Palestinienne entraînée vers le terrorisme, abordent eux aussi le problème de la violence, dans une écriture lyrique et dépouillée, alliant la beauté et l’insoutenable.

Yasmina Khadra, qui signifie « jasmin vert » en arabe, est le pseudonyme de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul, né le 10 janvier 1955 à Kenadsa dans la wilaya de Bechar dans le Sahara algérien .

Mohammed Moulessehoul choisit en 1997, avec le roman Morituri, d’écrire sous pseudonyme. Diverses raisons l’y poussent, mais la première que donne Moulessehoul est la clandestinité. Elle lui permet de prendre ses distances par rapport à sa vie militaire et de mieux approcher son thème cher : l’intolérance.

Il choisit de rendre hommage aux femmes algériennes et à son épouse en particulier, en prenant ses deux prénoms, Yasmina Khadra, et ne révèle son identité masculine qu’en 2001 avec la parution de son roman autobiographique « L’Écrivain » et son identité tout entière dans « L’imposture des mots » en 2002. Or à cette époque ses romans ont déjà touché un grand nombre de lecteurs et de critiques.

Il acquiert sa renommée internationale avec les romans noirs du commissaire Brahim Llob : « Morituri », adapté au cinéma en 2007 par Okacha Touita, « Double Blanc » et « L’Automne des chimères ». Llob est un incorruptible, dans un Alger dévoré par le fanatisme et les luttes de pouvoir. Son Algérie saigne à plaies ouvertes et cela révolte le commissaire. Llob n’hésite donc pas à prendre le risque de fouiner dans les hautes sphères de la société, ce qui lui vaut bien vite la sympathie du lecteur malgré sa vulgarité ou ses côtés parfois misogynes, voire homophobes. Cette série s’enrichit en 2004 d’un autre roman « La Part du mort ».

Khadra illustre également « le dialogue de sourds qui oppose l’Orient et l’Occident » avec les trois romans : « Les Hirondelles de Kaboul », qui raconte l’histoire de deux couples Afghans sous le régime des Talibans. « L’Attentat », roman dans lequel un médecin arabe, Amine, intégré en Israël, recherche la vérité sur sa femme kamikaze. « Les Sirènes de Bagdad » relate le désarroi d’un jeune bédouin irakien poussé à bout par l’accumulation de bavures commises par les troupes américaines.

Yasmina Khadra est traduit dans quarante-et-un (41) pays : Abou Dhabi,Albanie, Algérie (en arabe pour le Maghreb), Allemagne, Autriche, Brésil, Bulgarie, Corée, Croatie, Danemark, Estonie, États-Unis, Finlande, Grande-Bretagne, Grèce, Espagne (castillan et catalan),Hongrie, Inde, Indonésie, Islande, Italie, Israël, Japon, Liban (en arabe pour le Machrek), Lituanie, Macédoine, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Qatar, Roumanie, Russie,Serbie, Slovénie, Suède, Suisse, Taïwan, République tchèque, Turquie, Vietnam.

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