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… vu par Arlette

De Kerandal Maylis ♦ A ce stade de la nuit

A ce stade de la nuitLe 3 octobre 2013, un navire venu de Libye, débordant de réfugiés, sombre au large de l’île de Lampedusa, à deux kilomètres des côtes, faisant plus de 300. Mais cette tragédie n’est qu’un prétexte.

Dans sa cuisine Maylis de Kerangal, dans sa solitude absorbe de son poste de radio l’information de ce drame, l’écho de Lampedusa erre dans les méandres de ses souvenirs pour cette escapade autobiographique de lieux, de films, d’acteurs, de paysages, de moments de vie, une fuite douce et tendre où Lampedusa catalyse l’échappatoire. Les pensées de la narratrice défilent sans but précis, au gré des images et des souvenirs vers ces noms insolites qui désignent des lieux.

Lampedusa est cruellement présent dans notre actualité. C’est aussi le film de Visconti, Le Guépard, dont les images resurgissent instantanément et introduisent avec une subtilité le propos du livre. Et c’est encore le nom de l’auteur de l’ouvrage dont a été tiré le scénario du film.

Lampedusa restera peut être exclusivement pour d’autres le lieu indigne d’entassement de migrants ou de corps rejetés par la mer.

Insolite, ce questionnement sur l’origine des noms créés par les hommes, soit pour se désigner eux même, qu’ils soient conquistadores, indiens, nobles siciliens, soit pour cibler un paysage. Intrigante, la réflexion concernant les lieux que nous continuons à visiter en souvenir au fil de notre vie et vers lesquels on s’échappe quel qu’en soit l’actualité.

Les pensées musardent et voyagent d’iles en paysages, allumant des fugaces lumières dans la nuit du récit sur des ailleurs variés, animés ou immobiles.

Un petit texte concis et élégant de divagations et souvenirs d’escapades, qui interroge sur notre monde en décadence.

L’auteur :

Maylis de KerandalMaylis de Kerangal est une femme de lettres française, née le 16 juin 1967 au Havre.

Fille et petite-fille de capitaine au long cours, elle passe son enfance au Havre. Sa maman est enseignante.

De 1985 à 1990, elle fait une classe préparatoire au lycée Jeanne-d ‘Arc de Rouen et ensuite elle va à Paris pour faire une hypokhâgne et deux khâ­gnes où elle étudie l’histoire, la philosophie et l’ethnologie. Sa maîtrise portait sur les cartographes, les cosmographies de la Renaissance. Elle a passé un an au département des Cartes et plans à la bibliothèque Richelieu. Puis elle est allée à l’Ecole des hautes études pour faire de l’anthropologie.

Au début des années 1990, elle est engagée comme éditrice jeunesse aux éditions Gallimard aux côtés de Pierre Marchand et pour s’occuper de guides de voyage, avant de faire deux séjours aux États-Unis, à Golden dans le Colorado en 1997. Elle reprend sa formation en passant une année à l’EHESS à Paris en 1998.

Elle publie son premier roman, Je marche sous un ciel de traîne, en 2000, suivi en 2003 par La Vie voyageuse, puis par Ni fleurs, ni couronnes en 2006, Dans les rapides en 2007 et par Corniche Kennedy en 2008. Ce dernier roman figure cette année-là dans la sélection de plusieurs prix littéraires comme le Médicis ou le Femina.

Elle crée en même temps les Éditions du Baron Perché spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l’écriture. Elle participe aussi à la revue Inculte.

Son roman Naissance d’un pont est publié en 2010. Selon elle, « il s’agit d’une sorte de western, autrement dit d’un roman de fondation, et la référence à ce genre cinématographique opère dans le texte, l’écriture travaille en plan large, brasse du ciel, des paysages, des matières, des hommes, et resserre sa focale sur les héros qui sont toujours pris dans l’action, dans la nécessité de répondre à une situation. ». Le 3 novembre 2010, l’ouvrage remporte à l’unanimité et au premier tour le prix Médicis. Le livre remporte aussi le Prix Franz Hessel et est, la même année, sélectionné pour les prix Femina, Goncourt, et Flore. Le Prix Franz Hessel permet à l’ouvrage de bénéficier d’une traduction en allemand, parue en 2012 chez Suhrkamp.

En 2011, elle est l’une des participantes du Salon du livre de Beyrouth au BIEL (Beirut International Exhibition & Leisure Center).

En 2012, elle remporte le prix Landerneau pour son roman Tangente vers l’est paru aux éditions Verticales.

En 2014, elle est la première lauréate du Roman des étudiants France Culture-Télérama (ancien Prix France Culture-Télérama), pour son roman Réparer les vivants qui a été aussi couronné par le Grand prix RTL-Lire 2014 ainsi que par le Prix des lecteurs de l’Express-BFM TV. Dans cet ouvrage, elle suit pendant 24 heures le périple du cœur du jeune Simon, en mort cérébrale, jusqu’à la transplantation de l’organe.

Œuvres :

Romans, nouvelles :

  • Je marche sous un ciel de traîne – 2000, 222 p.
  • La Vie voyageuse – 2003, 240 p.
  • La Rue – 2005, 92 p.
  • Ni fleurs ni couronnes – 2006, 135 p.
  • Maylis de Kerangal (texte), Robin Goldring (peint.), La Peau d’une fille qui rentre de la plage – 2006, 31 p.
  • Maylis de Kerangal et Coll., Inculte, Spécial coupe du monde – 2006, 212 p.
  • Dans les rapides – 2007, 111 p.
  • Corniche Kennedy – 2008, 177 p.
  • Collectif, Minimum Rock’n’Roll : Binocles Œil de Biche & Verres Fumés – 2008, 176 p.
  • Maylis de Kerangal & Joy Sorman (dir.), Coll., Femmes et sport : regards sur les athlètes, les supportrices, et les autres – 2009, 153 p.
  • Naissance d’un pont – 2010, 320 p.
  • Maylis de Kerangal (texte), Benoît Grimbert (photographies), Pierre Feuille Ciseaux – 2012, 88 p.
  • Tangente vers l’est – 2012, 134 p.
  • Réparer les vivants – 2013, 281 p
  • À ce stade de la nuit – 2014, 80 p.

Albums pour enfants :

  • Maylis de Kerangal (texte), Alexandra Pichard (illustrations), Nina et les oreillers – ‎ 2011, 28 p.

Distinctions

  • Prix Médicis 2010 pour Naissance d’un pont (au premier tour). Le livre est la même année en sélection pour les prix Femina, Goncourt et Flore.
  • Prix Franz Hessel 2010 pour Naissance d’un pont
  • Prix Landerneau 2012 pour Tangente vers l’est
  • Grand prix RTL-Lire 2014 pour Réparer les vivants
  • Roman des étudiants – France Culture-Télérama 2014 pour Réparer les vivants
  • Prix Orange du Livre 2014 pour Réparer les vivants
  • Prix du 37ème prix Relay des Voyageurs 2014 pour Réparer les vivants
  • le prix littéraire Charles-Brisset attribué par l’Association française en psychiatrie 2014 pour Réparer les vivants
  • le premier Prix Paris Diderot-Esprits libres 2014 pour Réparer les vivants
  • le Prix des lecteurs L’Express/BFMTV 2014 pour Réparer les vivants

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