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… vu par Arlette

Hislop Victoria ♦ Cette nuit-là

Près de dix ans après la publication de « L’Île des oubliés » (2013), Victoria Hislop redonne vie aux personnages qui ont ému plus d’un demi-million de lecteurs français. Elle met en scène des sentiments multiples comme la honte, le déshonneur, la compassion, le pardon, tous reliés ici à l’amitié et à l’amour.

Dans ce second volume, l’auteure redonne vie aux personnages qui ont marqué L’île des oubliés, et met sur le devant de la scène certains héros secondaires du premier tome.

C’est à une remontée dans le temps que nous assistons pour retrouver les personnages du premier roman quelques années avant cette date mémorable du 25 août 1957, date à laquelle la colonie de lépreux de l’île de Spinalonga fermera ses portes, un traitement ayant été trouvé pour soigner cette maladie.

Elle nous plonge à nouveau, de la fin des années 1950 jusqu’au début des années 1970, dans cette magnifique Crète, aux décors de rêve où le ciel et le mer, d’un même bleu, sont un enchantement, n’hésitant pas, en parsemant le récit de mots grecs, notamment de mots tendres, à nous faire pénétrer au cœur même de cette âme crétoise. Ce sont les années où l’île commence à découvrir le tourisme, et où les chantiers navals et la construction sont en plein essor.

Victoria Hislop glisse au passage la situation à Chypre et les propositions pour l’indépendance. Elle évoque le coup d’état armé en Turquie de 1960, n’omettant pas de dire et c’est toujours d’actualité « Tout ce qui se passait à Ankara affectait la vie politique à Athènes. »

Et, à la fin du roman, Manolis révèle que deux ans plus tôt, des colonels s’étaient emparés du pouvoir et que le pays est placé sous une dictature militaire. Nous sommes donc en 1969.

Quand l’évacuation de Spinalonga est annoncée, les habitants de Plaka, en Crète, décident de célébrer le retour des malades et d’organiser une panegyri. Beaucoup de gens du coin ont vu leur existence bouleversée par la maladie d’un proche.

Il en est ainsi pour Giorgos, le père d’Anna, dont la femme est décédée de cette terrible maladie et dont l’autre fille Maria a également été atteinte de la forme la moins grave de la lèpre.

Maria retourne à Plaka, en Crète, après plusieurs années d’exil, avec son mari le docteur Kyritsis. Ils se sont mariés sur l’île. Il y venait régulièrement pour soigner les lépreux.

Mais alors que la soirée de célébration pour fêter leur retour bat son plein, sa sœur Anna Vandoulakis qui vient de donner naissance à Sofia, est assassinée par Andreas, son mari, lorsqu’il découvre qu’elle a pour amant son cousin Manolis, à qui il pensait pour être le parrain, le nonos de sa fille. Anna avait bien du mal à contenir sa joie. Elle allait enfin, après des mois de séparation, revoir son amant !

Ce drame aura des effets dévastateurs pour toute la communauté de Plaka.

Manolis, conscient qu’il est indirectement la cause de ce terrible drame, quitte la Crète pour la Grèce. Loin de son île, il tentera de se reconstruire en travaillant dans le chantier naval du Pyrée. Il y rencontre beaucoup de chaleur humaine.

Andreas, devenu la honte et le déshonneur de la famille Vandoulakis, tente d’expier son crime en prison. Jugé, il est condamné à la réclusion à perpétuité.

Maria, quant à elle, choisit le chemin du pardon. Devenue stérile en raison de sa maladie, Maria décide d’adopter Sofia la petite fille de sa défunte soeur, de l’élever avec son mari comme si elle était la leur, en lui cachant la triste vérité sur ses parents. Et elle rend visite à Andreas une fois par mois, par compassion envers celui qui est le père de Sofia qu’elle adore, pour lui donner des nouvelles de sa fille et pour tenter de comprendre son geste et essayer de lui pardonner.

Visites au cours desquelles outre la puanteur quasi insoutenable qui règne en ces lieux, elle doit affronter le machisme et la lubricité des gardiens qui prennent tous les droits.

À la fin de son livre, Victoria Hislop raconte avec émotions le contexte qui lui a donné l’idée d’écrire cette histoire sur Spinalonga et la léproserie du XXème siècle.

En quelques lignes elle revient sur cette découverte qui a changé sa vie en 2001.

Alors en vacances en Crète avec sa famille, elle écume les sites touristiques de la région, ce qui l’amène à visiter un peu par hasard Spinalonga. L’île est alors en cours de restauration et Victoria ignore tout de son histoire au moment où elle embarque sur le petit bateau chargé d’y déposer les touristes pour une heure de contemplation de ce village de lépreux, déserté et en ruines.

Au moment de traverser le tunnel qui mène du débarcadère au village, une émotion indescriptible l’envahit.
La jeune Anglaise ne s’est pas contentée de s’intéresser au lieu, le temps d’une visite touristique. Elle a ressenti une pulsion et une certitude : elle devait écrire une histoire sur cette île, en faire son premier roman. Il lui a fallu quelques visites en Crète et à Spinalonga pour s’imprégner de la culture crétoise et de ses subtilités et pas mal de recherches sur la lèpre et sur l’histoire de cette léproserie à ciel ouvert avant de parvenir à écrire son roman.

Aujourd’hui elle est sans aucun doute la plus grecque des Anglaises et a même obtenue la nationalité grâce à son incroyable apport à la culture de l’île et au développement touristique de Spinalonga et des alentours.

 

L’auteur :

Victoria Hislop, de son nom de jeune fille Victoria Hamson, est née le 8 juin 1959 à Bromley dans le Kent. Elle a grandi dans Tonbridge et a fait ses études à la « Tonbridge Grammar School for Girls ».

 

Diplômée de littérature anglaise de St Hilda’s College d’Oxford, elle a été lectrice en anglais dans ce Collège, puis a travaillé dans l’édition en tant que journaliste avant de devenir un auteur.

Elle a épousé l’éditeur Ian Hislop le 16 Avril 1988 à Oxford. Ils ont deux enfants, Emily Helen, née en 1990 et William David, né 1993.

Le fait de devenir mère en 1990 a été le catalyseur pour un changement de carrière et elle a commencé à travailler comme journaliste pigiste, spécialisée dans les caractéristiques sur le rôle parental et sur l’éducation.

Lorsque l’un des magazines pour qui elle écrivait lui a demandé de faire un article sur l’Australie, elle a bifurqué vers le journalisme de voyage et a depuis été sur tous les continents.

Elle a écrit sur tout, en essayant tout : du rafting sur la rivière Colorado, à la randonnée à cheval à travers les Andes, en passant par l’éléphant d’équitation en Inde et l’escalade sur la Grande Muraille de Chine. Elle s’est aussi essayée à l’achat de lingerie à Paris, de chaussures à Florence et à la couture à Rome.

Son premier roman « The island » (L’Île des Oubliés) a été publié en 2006. Le Sunday Express l’a alors saluée comme « le nouveau Capitaine Corelli ».

Ce livre fut N°1 best-seller en Grande-Bretagne. Son succès fut en partie le résultat d’avoir été choisi par le Club de Richard & Judy Book pour leur livre de l’été 2006. Il a remporté le prix « Révélation de l’année » au Gala des Galaxy British Book en 2007. Traduit dans vingt-six pays, il s’est vendu à plus de deux millions d’exemplaires à travers le monde et a été adapté pour la télévision grecque sous le nom « To nisi ».

Son deuxième roman, “The Return” (Le Retour) a aussi connu un succès international.

Ses livres ont étés traduits en plus de vingt langues.

Un recueil de nouvelles “One Cretan Evening” (Une Soirée crétoise),  ainsi qu’un troisième roman,  “The Thread” (Le Fil) sont parus en anglais en 2011.

En 2021, près de dix ans après la publication de L’Île des oubliés, Victoria Hislop redonne vie à ses personnages inoubliables en publiant « Cette nuit-là ».

Après avoir vécu à Londres pendant 20 ans, elle est retournée dans le Kent dans le sud de l’Angleterre, où elle vit à Sissinghurst avec son mari et ses deux enfants. Elle y vit durant six mois et passe les six autres mois en Crête, où elle a obtenu en juillet 2020, la citoyenneté grecque honorifique pour la promotion de l’histoire et de la culture grecques modernes. Elle parle couramment le français et le grec.

 

Œuvre :

Des romans :

  • L’Ile (2005)
  • Le retour (2008)
  • Le fil (2011)
  • Le lever du soleil (2014)
  • La ville orpheline (Français 2015)
  • Cartes Postales de Grèce (2016)
  • Ceux qui sont aimés (2019)
  • Une nuit d’août (2019)

Histoires courtes :

  • Une soirée crétoise et autres histoires (2011)

        – Une soirée crétoise (2008)

        – Le pin (2008)

        – Par le feu (2009)

        – Le Noël le plus chaleureux de tous les temps (2007)

        – En flammes à Athènes (2009)

– La dernière danse et autres histoires (2013; dix histoires)

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