Club lecture…

… vu par Arlette

Le Tellier Hervé ♦ L’anomalie

Roman virtuose où la logique rencontre le magique, « L’Anomalie » explore cette part de nous-même qui nous échappe. « L’anomalie » est un roman-monde, une fantastique machine littéraire, qui vous emporte et vous fait planer très haut.

Tout commence comme dans un film catastrophe américain : présentation des personnages, très différents les uns des autres, avec des détails qui accrochent et initient chez le lecteur, la curiosité d’en savoir plus.

En juin 2021, un événement insensé bouleverse les vies de centaines d’hommes et de femmes, tous passagers d’un vol Paris – New York. Parmi eux : Blake, père de famille respectable et néanmoins tueur à gages ; Slimboy, pop star nigériane, las de vivre dans le mensonge ; Joanna, redoutable avocate rattrapée par ses failles. Ou encore Victor Miesel, 43 ans et la tête de Kafka, méconnu et dépressif, voire suicidaire, écrivain confidentiel soudain devenu culte.

Un Boeing 787 d’Air France de la ligne Paris-New York, qui vient de traverser un immense cumulonimbus super cellulaire et qui vient d’être abîmé par une tornade de grêlons, se voit refuser l’atterrissage à Kennedy Airport. Il est dirigé vers une base militaire (la une du « New York Times », reproduite page 212, l’atteste), où l’équipage et les centaines de passagers sont soumis à la question. Qui sont-ils ? Des imposteurs, des clones, des revenants ? En effet, trois mois plus tôt, le même vol Air France 006, pareillement endommagé, très précisément à 16 heures, 26 minutes, 34 secondes, piloté par le même commandant et avec, à son bord, les mêmes passagers, s’est posé à l’aéroport de JFK.

Le vol Paris-New York 0006 surgi d’une tempête, … pour la seconde fois à trois mois d’intervalle. Les 243 passagers, sont tous persuadés d’atterrir en mars, tous confrontés à leur double déjà à terre.

Tous croyaient avoir une vie secrète. Nul n’imaginait à quel point c’était vrai.

Alors se pose une première question : quel est le point commun qui rassemble tous ces personnages qui n’ont apparemment rien en commun, au cœur de cette fiction? Un simple orage, fut-il d’une violence inouïe, au cours d’un vol Paris New-York dans lequel ils ont bien cru laisser leur peau, en mars 2021? Et pourquoi se font-ils cueillir les uns après les autres par différentes autorités gouvernementales ?

Quel rapport avec le mystérieux protocole de sécurité nationale qui vient de se déclencher aux États-Unis ? Ce protocole portant le numéro 42 avait été élaboré vingt ans plus tôt dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, par un étudiant en mathématiques génial, facétieux et amateur de films SF, ressemblant de surcroît à un acteur hollywoodien. Mais lequel ? Un ensemble de dispositions administratives et militaires ayant pour finalité de réagir à une situation inattendue, je dirais même plus, inconcevable, au sens propre du terme : impossible à concevoir

En cause, une anomalie, une divergence survenue lors du vol transatlantique du 10 mars 2021. Un phénomène dont la compréhension et les conséquences vont nécessiter l’intervention de mathématiciens, de scientifiques, de religieux, de philosophes, de psychologues pour des débats de haut niveau… qui finiront par se diluer dans les commentaires de milliers de soi-disant experts de par le monde, comme nous avons pris l’habitude d’en voir au quotidien sur les médias et les réseaux sociaux.

« Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension. »

Hervé Le Tellier nous conduit devant le miroir. En bousculant les frontières du réel, c’est la confrontation à soi-même qu’il explore. De manière jubilatoire, en passant l’essentiel au décapant de l’absurde et de l’ironie. 

« Thriller avec services secrets et meurtres brutaux, récit SF multifacette, roman d’histoires d’amour fin de millénaire, conte philosophique sur les failles de la technologie et les abus de la surveillance, Hervé Le Tellier nous offre un roman aussi noir que le ciel sur l’anomalie d’un monde littéralement insensé. »

 

L’auteur :

Hervé Le Tellier est un écrivain français né le 21 avril 1957.

Auteur de romans, nouvelles, poésies, théâtre, Hervé Le Tellier est aussi l’auteur de formes très courtes, souvent humoristiques, dont ses variations sur la Joconde. Il a été coopté à l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) en 1992 (simultanément au poète allemand Oskar Pastior), et a publié sur l’Ouvroir un ouvrage de référence : Esthétique de l’Oulipo. Il en est depuis 2019 le président, le quatrième depuis la fondation de l’Ouvroir. Il a participé à l’aventure de la série « Le Poulpe », avec un roman, La Disparition de Perek, adapté également en bande dessinée.

Mathématicien de formation, puis journaliste — diplômé du Centre de formation des journalistes à Paris (promotion 1983) — il est docteur en linguistique et spécialiste des littératures à contraintes. Éditeur, il a fait publier plusieurs ouvrages au Castor Astral comme What a man !, de Georges Perec, et Je me souviens de « Je me souviens », de Roland Brasseur.

Avec d’autres artistes et écrivains, comme Henri Cueco, Gérard Mordillat, Jacques Jouet, et Jean-Bernard Pouy, il participe depuis 1991 à l’émission Des Papous dans la tête animée par Françoise Treussard sur France Culture, ainsi qu’à l’émission de Caroline Broué, « La Grande Table ».

Chroniqueur dans les années 1990 sous le pseudonyme de « Docteur H » à La Grosse Bertha, qui refondera bientôt Charlie Hebdo, il a collaboré quotidiennement, de 2002 à 2016, à la lettre électronique matinale du journal Le Monde, par un billet d’humeur intitulé Papier de verre, ainsi qu’à la revue Nouvelles Clés, où il a animé depuis 2009 la page Retrouver du non-sens.

Il collabore aujourd’hui à Mon Lapin Quotidien revue culturelle de l’Association.

Il est enfin, avec Frédéric Pagès, journaliste au Canard enchaîné, l’un des fondateurs des Amis de Jean-Baptiste Botul (1896-1947), philosophe fictif de tradition orale.

Il a reçu en 2013 le Prix de l’humour noir pour sa traduction (factice) des Contes liquides de Jaime Montestrela, un auteur portugais dont il a inventé l’œuvre et la biographie. Son livre Moi et François Mitterrand, récit d’une correspondance entre un personnage portant son nom et François Mitterrand, correspondance poursuivie avec les présidents de la République lui ayant succédé, a été porté au théâtre et interprété par Olivier Broche. Il publie en 2017 un récit familial, Toutes les familles heureuses, à la fois traversée de l’Histoire et galerie de portraits.

Son dernier roman, L’Anomalie, est le Prix Goncourt 2020 aux éditions Gallimard.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *