Club lecture…

… vu par Arlette

Fournier Jean-Louis ♦ Je ne suis pas seul à être seul

Un texte universel… sur une des souffrances centrales de l’Humain : La Solitude. Celle du grand âge. Celle des hommes qui deviennent vieux.

Dans ce roman « Je ne suis pas seul à être seul », Jean-Louis Fournier, veuf depuis dix ans, évoque sa solitude par touches délicates, en nous embarquant pour un voyage en solitude, avec ses chagrins et ses petites joies, avec les souvenirs que l’on se retrouve seul à conserver faute de pouvoir les partager avec quelqu’un qui se souvient. Gardien de moments d’une époque révolue, quitte à parfois douter de la véracité des évènements faute de pouvoir confronter sa mémoire personnelle à celle d’un autre. Entre la solitude imposée et la solitude choisie, Jean-Louis Fournier va nous promener dans son quotidien, dans ses attentes, dans ses silences, dans ses moments de vie à plusieurs aussi, qui se réjouissent de retrouver un peu de calme. Car c’est de cela qu’il s’agit : pour vivre la solitude avec satisfaction, il faut pouvoir la désirer entre deux moments bruyants et collectifs.

Il a sa façon bien à lui de dire les choses les plus graves et les plus personnelles avec beaucoup d’humour, d’ironie et ce ton qui pourrait paraitre parfois féroce, mais qui en fait cache énormément de tendresse et de pudeur.

Le premier souvenir de solitude ? Un petit garçon coiffé en brosse qui réclame sa mère à l’accueil d’un grand magasin. Plus tard, c’est un enfant de 10 ans qui nage seul dans la mer du nord et qui lorsqu’il se retourne découvre la plage vide : personne ne l’a attendu. Puis c’est la première danse refusée, la première rupture, le premier deuil, mais c’est aussi tous ces moments choisis, voulus, espérés, goutés : seul avec un livre, avec une musique, seul à regarder les autres, seul en écrivant.

Jean-Louis Fournier est toujours ce petit garçon, fils unique qui rêvait d’amitiés et d’une grande famille, mais qui espérait aussi s’échapper, grandir, rester seul. Aujourd’hui dans un grand appartement, après la mort de sa femme, de ses amis, de son éditeur, ce désir des autres et ce besoin de solitude sont restés les mêmes et il passe de l’un à l’autre.

Avec un mélange de douceur, de tristesse et d’espièglerie, il regarde les fenêtres toujours fermées de ses voisins (des gens seuls comme lui ?). Il observe ce monde où les hommes sont ultra connectés et semblent n’avoir jamais été aussi seuls. Il attend la visite d’une jeune femme qui l’emmène au musée, qui le distrait, lui apporte sa jeunesse. Mais des deux qui est le plus seul ?

Un livre tendre, délicat, mélancolique parfois qui ressemble à une aquarelle de Turner et à un dessin de Sempé.

 

L’auteur :

Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision, né à Calais le 19 décembre 1938. Il passe toute son enfance à Arras.

Il est le fils aîné du médecin Paul Léandre Emile Fournier, alcoolique, (né le 23 août 1911 à Avesnes-le-Comte et mort le 4 mai 1954 à Arras) et de Marie-Thérèse Françoise Camille Delcourt, professeur de lettres et réalisatrice, mariée à 20 ans, neurasthénique (née le 17 juillet 1916 à Saint-Pol-sur-Ternoise et morte le 20 septembre 1998 à Arras). Elle renonça à son métier de professeur de français pour élever ses 4 enfants.

Il a deux frères : Yves-Marie (1940-2019) et Bernard (1943) ainsi qu’une sœur Catherine (1953).

Écrivain, mais aussi humoriste et réalisateur, Jean-Louis Fournier est un véritable touche-à-tout qui s’est essayé à de nombreux arts. Après des études de cinéma à l’IDHEC en 1960 qu’il abandonne bien vite pour suivre son amour à la campagne, il devient en 1961 assistant-réalisateur pour la télévision et s’installe à Paris, où il réalise de nombreux documentaires.

Entre 1971 et 1974, il réalise régulièrement l’émission télévisée Italiques de Marc Gilbert, un talkshow littéraire à l’américaine diffusé chaque semaine.

Entre un frère polytechnicien et une sœur éducatrice spécialisée, il choisit la voie de l’humour. Toujours en tant que réalisateur, il crée 98 épisodes de La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, une émission humoristique française présentée par Pierre Desproges, son fidèle complice, à qui il voue une grande admiration, qui aborde, en à peine une minute et avec humour, des sujets aussi variés que controversés et qui se conclut systématiquement par la désormais célèbre formule « Étonnant, non ? ». L’émission sera diffusée pendant deux ans sur France 3.

Outre son travail sur cette chronique humoristique, Jean-Louis Fournier réalise également plusieurs miniséries et téléfilms durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix.

Il réalise aussi les captations de ses spectacles au théâtre Grévin en 1984 et au théâtre Fontaine en 1986.

Mais son talent littéraire n’est pas en reste. Et c’est en tant qu’auteur facétieux et touchant que le public le découvre véritablement.  Auteur notamment de nombreux essais drolatiques tels que « Peinture à l’huile et au vinaigre : Les Grands Peintres et leurs Mauvais Elèves » en 1994 ou « Je vais t’apprendre la politesse, p’tit con » en 1998, et de courts récits, il a également écrit plusieurs albums jeunesse devenus célèbres, dont « La Noiraude » en 1999, et « Antivol, l’oiseau qui avait le vertige » en 2003.

Avec ses essais humoristiques, Jean-Louis Fournier rencontre un succès immédiat. Dans « Arithmétique appliquée et impertinente » (1993), il apprend au lecteur à calculer le poids du cerveau d’un imbécile ou la quantité de caviar que peut acheter un smicard !

Dans un même registre, sa « Grammaire française et impertinente » conjugue culture et absurde. Jean-Louis Fournier consacre également deux ouvrages à son enfance.

Jean-Louis Fournier s’essaie à l’autobiographie et raconte son père alcoolique dans « Il a jamais tué personne, mon papa ».

En 2008, Jean-Louis Fournier publie le roman « Où on va, papa ? » dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui reçoit le Prix Femina, suscite un certain nombre de controverses et une réponse de la mère de Mathieu et Thomas sur le blogue qu’elle tient.

Depuis, il a écrit d’autres romans : « Poète et Paysan » en 2010, « Veuf » en 2011, dans lequel il évoque avec pudeur et humour la douleur qu’il ressent depuis la perte de son épouse décédée et « La servante du Seigneur » en 2013, dans lequel il parle de sa fille, dans un mélange d’humour, d’ironie et de dérision. Il y évoque le décès de ses deux fils et l’attitude de sa fille qui, de jeune femme légère et ouverte d’esprit, serait devenue, à la suite à la disparition de ses frères et de sa rencontre avec un homme dévot, une triste bigote. Elle serait sous la coupe d’une sorte de gourou qu’il nomme «Monseigneur». Selon l’auteur, elle aurait troqué son charme et sa drôlerie pour se muer en «dame grise, sérieuse comme un pape», «dogmatique» et «autoritaire»…

Celle-ci a exigé et obtenu un droit de réponse. A la fin du roman, elle signe 5 pages, caustiques, avec sa version des faits.

            Jean-Louis Fournier a écrit et joué au Théâtre du Rond-Point deux pièces inspirées de ses écrits, « Tout enfant abandonné sera détruit », donnée en novembre 2011 et Mon dernier cheveu noir, donnée en novembre 2012.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *