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… vu par Arlette

Indridason Arnaldur ♦ Les fantômes de Reykjavik

Il s’agit du 2ème livre de la série autour de l’enquêteur Konrad (commencée avec Ce que savait la nuit) !

Dans ce nouveau livre, il est question d’espoirs déçus et d’enfants que personne ne protège.

Inquiets pour leur petite-fille Danni dont ils savent qu’elle fait du trafic de drogue, un couple fait appel à Konrad, un policier à la retraite, car la jeune fille a disparu.

Dans le même temps une amie de Konrad lui parle d’une petite fille retrouvée noyée dans l’étang devant le Parlement en 1947. Elle lui demande de l’aider car l’enfant hante ses rêves. Il découvre que l’enquête sur la mort de la petite fille a été menée en dépit du bon sens.

Lorsqu’on trouve le cadavre de la jeune trafiquante, il met encore en doute les méthodes de la police. A des années de distance les mêmes erreurs semblent se répéter.

Konrad mène les deux enquêtes de front. Il nous apparaît comme un personnage solide, têtu, coléreux et rompu, par son enfance auprès de son père, à toutes les ruses des voyous. Sous son aspect bougon et entêté, on sent bien qu’il est sensible et qu’il a souffert d’avoir dû vivre seul avec son père et d’avoir été séparé enfant de sa mère et de sa soeur, ce qu’il a ressenti comme une injustice. Il va comprendre enfin pourquoi.

Toujours aux prises avec son enquête sur l’assassinat de son propre père, il avance vers la vérité.

Dans une construction particulièrement brillante, Indridason crée un suspens et des attentes sur des plans différents et surprenants. Il captive le lecteur et le tient en haleine avec brio. On peut dans ce volume saluer la naissance d’un nouvel enquêteur attachant, sensible mais violent, n’hésitant pas à faire le coup de poing. Par ailleurs l’auteur nous introduit au merveilleux islandais très insolite et terre à terre.

Trois histoires sont traitées en parallèle :

  • La mort d’une fillette, noyée dans le lac de la capitale, il y a une cinquantaine d’années.
  • La disparition, de nos jours, d’une adolescente accro à la drogue, qui est finalement retrouvée morte d’une overdose.
  • La suite de la quête de Konrad, sur son père et, notamment, les circonstances tragiques de sa mort.

Dans les deux premières affaires, rien n’indique qu’il y a eu homicides. Il s’agit, selon toute probabilité, d’accidents : une noyade et une overdose. Il faut toute l’obstination de Konrad, policier à la retraite, qui tente d’entraîner son ancienne collègue toujours en activité, Marta, pour qu’on découvre l’aspect criminel de ces affaires. Au passage, l’auteur nous conduit brillamment sur une fausse piste : celle d’un trafic de drogue qui aurait mal tourné.

Arnaldur nous entraine aussi dans le monde su spiritisme. Bien que très sceptique, Konrad est obligé de ne pas négliger les doutes d’Eyglo, médium, qui ne cesse de faire des cauchemars. Cette femme est la fille d’Engilbert, l’ancien ami du père de Konrad, Eyvindur. Les deux comparses avaient utilisé, après la guerre, leurs soi-disant dons de voyance pour escroquer des gens. Toujours à la recherche de celui qui a poignardé son père, une nuit, devant les anciens abattoirs, Konrad poursuit sa découverte des côtés obscurs de son géniteur. Mais il reste bien des mystères et donc, de quoi alimenter les futurs romans.

Arnaldur Indriðason développe, dans son ouvrage, ses thèmes fétiches. La nostalgie d’une époque perdue. L’auteur nous raconte, pas à pas, le développement de la capitale des années 40 à nos jours. Les crimes sexuels longtemps restés cachés dans la tranquille société islandaise. Il amène aussi à se poser la question de savoir si le mal peut transcender le temps et se transmettre héréditairement.

Grâce à ce roman, les amateurs d’Arnaldur s’attachent davantage à la personne de Konrad, ex-flic humain, bien que parfois colérique… dont on découvre petit à petit les blessures qui datent de son enfance et ses questionnements sur ses parents. Arnaldur consolide ainsi son nouveau personnage… qui ne saurait toutefois remplacer Erlendur !

 

L’auteur :

Arnaldur Indriðason, (le patronyme est parfois transcrit par Indridason), né le 28 janvier 1961 à Reykjavík, est un écrivain islandais, fils de l’écrivain Indriði G. Þorsteinsson, né en 1926, dans le nord de l’Islande, qui vivait dans le plus grand dénuement ayant été élevé dans une maison en tourbe.

Comme presque tous les Islandais, il est désigné par son prénom, Arnaldur. Son patronyme (qui, selon la tradition islandaise, est une simple marque de filiation, « Fils de Indrid », pour le distinguer de d’autres Arnaldur) est parfois transcrit par Indridason comme dans ses livres traduits en français, alors que la translittération correcte devrait être Indridhason, le dh se prononçant comme le th dans l’anglais the.

Quand Arnaldur Indriðason est né, son père habitait dans un immeuble récemment construit à Reykjavik. Lui aussi était écrivain, et ses romans traitaient de ces changements. Le plus célèbre, Terre et fils, racontait ainsi l’histoire d’un jeune homme contraint de quitter sa campagne.

En 1996, Arnaldur Indriðason obtient un diplôme en histoire à l’université d’Islande. Journaliste au Morgunblaðið en 1981-1982, il devient scénariste indépendant.

De 1986 à 2001, il travaille comme critique de films pour le Morgunblaðið. Aujourd’hui, il est l’auteur de quinze romans policiers dont 7 ont été traduits en français — dont plusieurs sont des best-sellers.

Arnaldur Indriðason publie son premier livre, Synir duftsins (littéralement « Fils de poussière ») en 1997. Cette publication marque pour certains, comme Harlan Coben, le départ d’une nouvelle vague islandaise de fiction criminelle. Quand il commence à écrire, en 1997, le roman policier a mauvaise réputation en Islande, ce n’est pas un genre « noble », la plupart des auteurs le tiennent pour un divertissement de médiocre qualité. Aujourd’hui, heureusement, le malentendu a été levé. Il y a une autre raison qui explique cette absence de tradition du roman policier, pourtant florissant dans le reste de la Scandinavie : son pays ne comptait que peu de criminels, fort peu de meurtres, et par conséquent peu d’enquêtes de police. Imposer un personnage de flic avec un nom typiquement islandais, des histoires qui se passent dans les rues de Reykjavík et des personnages qui vivent comme des Islandais constituait alors un véritable défi ! Les gens n’y croyaient pas. Mais depuis quinze ans, les crimes, ceux liés au trafic de drogue en particulier, se sont multipliés et sont devenus extrêmement violents. La société a profondément changé, elle est essentiellement urbaine. C’est de ce changement qu’il essaie de rendre compte, et ses romans s’inscrivent dans ce qu’on appelle le « réalisme social ».

Aux côtés d’Arni Thorarinsson, également auteur islandais de polars, Arnaldur déclare qu’« il n’existe pas de tradition de polar en Islande. [À cet état de fait, il y a deux raisons.] L’une tient en ce que les gens, y compris les écrivains, considéraient les histoires policières comme des mauvais romans […]. La deuxième raison, c’est que beaucoup d’Islandais ont longtemps cru en une sorte d’innocence de leur société. Très peu de choses répréhensibles se produisaient, et le peu de faits divers ne pouvaient pas donner lieu à des histoires policières. Ce qui explique qu’à [leurs] débuts, Arni Thorarinsson ou [Arnaldur ont] eu du mal à (s’)imposer [dans les milieux littéraires islandais]. »

Il fut nommé à maintes reprises écrivain le plus populaire d’Islande.

En 2004, ses livres ont fait partie des dix livres les plus empruntés à la Bibliothèque municipale de Reykjavík.

Ses livres ont été publiés dans 26 pays et traduits en allemand, danois, anglais, italien, tchèque, suédois, norvégien, néerlandais, catalan, finnois, espagnol, portugais et français.

Deux de ses œuvres : « La Cité des jarres » et « Hiver arctique » ont reçu, en 2002 et 2003, le Prix Clé de verre, la plus haute distinction scandinave.

Il a également gagné le « Gold Dagger Award », prix littéraire britannique, en 2005 pour « La Femme en vert », et son roman « L’Homme du lac » (Métailié, 2008) a reçu le Prix polar européen du Point.

Il est le premier à recevoir The Glass Key Prize du Skandinavia Kriminalselskapet, deux années consécutives.

En 2011, il reçoit le 1er Prix Boréales-région Basse-Normandie du Polar Nordique à l’occasion de ce festival et le prix espagnol RBA du roman noir en 2013.

En 2013, il sort « Étranges rivages. »

Cet écrivain partage désormais une reconnaissance internationale avec Arni Thorarinsson, Jon Hallur Stefansson, Stefan Mani et Yrsa Sigurðardóttir, eux aussi traduits en français.

Arnaldur Indriðason a adapté trois de ses livres pour la radio du service audiovisuel islandais RÚV. Le producteur islandais Baltasar Kormákur a travaillé à une adaptation de Mýrin, La Cité des Jarres (titré Jar City en français et sorti en France en septembre 2008).

Snorri Thórisson travaille sur une production internationale de Napóleonsskjölin. Arnaldur Indriðason est actuellement en collaboration avec l’Icelandic Film Fund pour l’écriture de deux scénarios d’après deux de ses nouvelles.

Il vit à Reykjavík avec sa femme et ses trois enfants. Les deux auteurs ayant fortement influencé Arnaldur Indriðason sont Maj Sjöwall et Per Wahlöö, deux écrivains suédois qui ont imaginé, dans les années 1960, les aventures de l’inspecteur Martin Beck.

Arnaldur Indridason refuse de passer à la télévision. Il n’aime pas quitter l’Islande, il a besoin de se concentrer sur ce qu’il veut écrire. Il n’aime pas les tables rondes dans les salons du livre, mais il aime passionnément rencontrer ses lecteurs au cours des signatures, il aime ses lecteurs. Il peut écouter toute une soirée des discours dans une langue qu’il ne comprend pas par amitié pour son traducteur, Éric Boury. Il aime le football.

BIBLIOGRAPHIE

Enquêtes d’Erlendur Sveinsson :

  1. Les Fils de poussière : Synir duftsins (1997) – 2018
  2. Dauðarósir (1998) – Inédit en français
  3. La Cité des Jarres: Mýrin (2000) – Février 2005 – Prix Cœur noir, Prix Mystère de la critique en 2006, Prix Clé de verre en 2002 du roman noir scandinave
  4. La Femme en vert: GrafarÞögn (2001) – Février 2006 – Prix Clé de verre en 2003 du roman noir scandinave, Prix “The CWA Gold Dagger” en 2005, Grand Prix des lectrices de Elle Policier en 2007, Prix Fiction 2006 du livre insulaire de Ouessant
  5. La Voix: Röddin (2002) – – Février 2007 – Prix “The Martin Beck Award” en 2005, Grand Prix de Littérature Policière 2007, Lauréat du Trophée 813
  6. L’Homme du Lac: Kleifarvatn (2004) –  Février 2008 –
  7. Hiver arctique: Vetrarbotgin (2005) – Février 2009 –
  8. Hypothermie: Harðskafi (2007) – Février 2010 –
  9. La rivière noire: Myrká (2008) – Février 2011 –
  10. La muraille de lave: Svörtuloft (2009) – Février 2012 –
  11. Etranges rivages: Furðustrandir (2010) – Février 2013 –
  12. Le duel: Einvígið (2011) – Février 2014 –
  13. Les nuits de Reykjavik: Reykjavíkurnætur (2012) – Février 2015 –
  14. Le lagon noir: Kamp Knox (2014) – Février 2016 –
  • Les enquêtes d’Erlendur – Omnibus reprenant les 3 premiers tomes d’Erlendur -Novembre 2012 –
  • “Avant Erlendur” – Enquête de Marion, futur mentor d’Erlendur
  • Le duel– Février 2014 –

Trilogie des ombres :

  1. Dans l’ombre : Þýska húsið (2015) – Février 2017 –
  2. La femme de l’ombre : Petsamo (2016) – Octobre 2017
  3. Passage des ombres : Skuggasund (2013) – Mai 2018

 

Enquête de l’inspecteur Konrad :

  1. Ce que savait la nuit: Myrkið veit – 2019 –
  2. La fille sur le pont : Stúlkan hjá brúnni (2020) –

Autres :

  • Opération Napoléon : Napóleonsskjölin (1999) – 2015
  • Betty : Bettý (2003) – 2011
  • Le livre du roi : Konungsbók (2006) – 2013
  • Skuggasund
  • Leyndardómar Reykjavíkur (2000)  – roman dont chaque chapitre fut rédigé par un auteur différent
  • Reykjavík-Rotterdam (2008), scénario du film de Óskar Jónasson, en collaboration avec le metteur en scène

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