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… vu par Arlette

Makine Andreï ♦ La musique d’une vie

la musique d'une vieC’est un tout petit livre, 128 pages, mais tout y est.

L’histoire se déroule en Russie durant la 2e guerre mondiale. Un jeune pianiste est mis à l’écart de la société durant son adolescence parce que ses parents sont sur la liste noire du Parti. La situation se rétablit après trois longues années et le 24 mai 1941, Alexeï Berg, jeune pianiste prodige russe, doit présenter son premier concert. La guerre va le priver de ce bonheur et vient bouleverser son existence car sa vie va bifurquer dans une direction inattendue. Lorsque ses parents juifs sont arrêtés, il doit fuir et endosser l’identité d’un homme mort.

L’auteur nous entraîne dans une gare où une foule est confinée à cause d’une tempête de neige. C’est là que notre narrateur rencontre Berg qui lui racontera son histoire.

« La musique d’une vie » est un livre qui ne décrit rien mais qui suggère. Le lecteur devine, ressent, imagine la détresse vécue par le héros sans que ce soit dit explicitement par l’auteur. Une lecture très enrichissante. Le titre ne pourrait être plus approprié.

 

L’auteur :

Andreï Makine  Andreï Makine, né le 10 septembre 1957 à Krasnoïarsk en Sibérie, est un écrivain d’origine russe et de langue française. Il a également publié des romans sous le pseudonyme de Gabriel Osmonde.

 Il passe son enfance et son adolescence dans un orphelinat de sa région natale, ses parents ayant disparus, probablement déportés. Dès l’âge de 3 ans, il est élevé en français par sa grand-mère en Sibérie et bénéficie donc des deux cultures. Il demeure tout particulièrement marqué par quatre écrivains français : Baudelaire, Nerval, Proust et Hugo. Comme François Cheng et Ionesco, il choisit tout naturellement la France comme patrie.

 Bien qu’ayant eu une scolarité erratique, il se révèle un brillant élève de philosophie et de français qu’il étudie depuis l’école primaire. Boursier, il rédige une thèse de doctorat sur la littérature française contemporaine à l’université de Moscou.

 Après avoir enseigné la philosophie à Nougorod, Andreï obtient le droit d’asile politique suite à un voyage en France en 1987. À 30 ans, il s’installe donc à Paris. Très vite, il se consacre à l’écriture en français, langue qu’il maîtrise depuis l’enfance grâce à sa grand-mère. . Il est d’abord assistant de russe au lycée Jacques Decour et dépose une thèse de doctorat sur Ivan Bounine (1870-1953) à la Sorbonne. Malgré l’argent que lui rapportent les cours de littérature russe qu’il donne à l’Ecole normale supérieure, ses débuts dans la capitale parisienne s’avèrent difficiles. Ses manuscrits sont rejetés par les éditeurs dans un premier temps, mais il parvient à faire publier la ‘Fille d’un héros de l’Union soviétique’ en 1990. Commence alors une importante carrière littéraire avant la consécration en 1995 : la double obtention des prix Goncourt, Goncourt des lycéens et Médicis pour « Le Testament français ».

 C’est un roman autobiographique, le narrateur et l’auteur ont vécu les mêmes expériences : le sentiment d’inadaptation, la double culture, le drame et le malheur. Avec ce roman, Makine paie une dette envers sa grand-mère, la France et tous les écrivains qui ont fait de lui un Français.

 L’Union soviétique est représentée comme un territoire de souffrance avec les déportations, les morts. La France est à la fois un objet de fascination et de rejet. Son héritage est une charge accablante.

 Son français est extrêmement classique, son style poétique. Pour Makine, la France est une langue mais aussi une culture. D’autre part, il affirme que le style est avant tout une vision d’un passé, celui de la France qu’il représente par un travail minutieux de la langue.

Plusieurs romans plus tard, Andreï Makine impose un style savant et ample, qualifié par certains de poétique, par d’autres, plus communément, de néoclassique. En dépit de quelques critiques, Makine reste un écrivain exigeant, pour qui la littérature ne se satisfait pas de mécanismes faciles et usagés, de belles phrases ou de scandales éphémères, mais de vision.

Il obtient :

  • En 1998, le Prix Eeva Joenpelto (Finlande), pour Le Testament français
  • En 2001, le Prix RTL-Lire, pour La Musique d’une vie
  • En 2005, le Prix de la Fondation Prince Pierre de Monaco, pour l’ensemble de son œuvre et le Prix Lanterna Magica du Meilleur Roman Adaptable à l’Ecran, pour La Femme qui attendait

Le 19 novembre 2008, Andreï Makine assiste à la première « mise en voix » intégrale de sa pièce Le Monde selon Gabriel au théâtre CREA à Amsterdam. Dans cette « mise en voix » de Murielle Lucie Clément, il participe en prêtant sa voix pour la lecture du prologue. L’œuvre est créée le 15 mai 2009 dans une mise en scène de Murielle Lucie Clément.

En 2011, il révèle qu’il a publié des romans sous le nom de Gabriel Osmonde.

 

Il vit actuellement à Paris, mais se tient, autant que possible, à l’écart de la vie littéraire et se consacre entièrement à la littérature. L’obtention du Goncourt lui vaut, entre autres, d’obtenir la nationalité française en 1996, ce qui lui avait été préalablement refusé.

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