Club lecture…

… vu par Arlette

Atwood Margaret ♦ Graine de sorcière

Margaret Atwood, l’auteur de La Servante écarlate, réécrit La Tempête de Shakespeare à travers une mise en abyme joyeuse et brillante. Polar social avec un soupçon de fantastique et un bel éloge de l’art dramatique. Un hommage à Shakespeare.

C’est l’histoire de Félix Phillips, directeur artistique et metteur en scène original, voire iconoclaste, du festival de Makeshiweg, du côté de Toronto au Canada,  qui a tout perdu, sa femme, morte en mettant au monde leur fille Miranda, laquelle a succombé à son tour d’une méningite à l’âge de trois ans et son boulot.

Pour ne pas sombrer, Felix s’est raccroché à un projet grandiose : une mise en scène de La Tempête de Shakespeare, dont le personnage principal s’appelle Miranda. Il conçoit son œuvre comme un hommage nécessaire et vital à son enfant disparue. Mais à quelques jours seulement du spectacle, il est limogé de son poste. La pièce ne se fera pas : son plus proche collaborateur l’a trahi et a pris sa place. Il conçoit alors une haine terrible et un désir de vengeance pour les deux arrivistes qui l’ont licencié : Tony, son adjoint, devenu député et de Sal O’ Nally, ministre du patrimoine à l’époque de son licenciement…

Félix décide de disparaître. Il change de nom et s’installe dans une maisonnette au cœur de la forêt pour y panser ses blessures, pleurer sa fille disparue. Il vit misérablement dans une bicoque froide avec, pour toute compagnie, le souvenir de sa petite Miranda dont il pense voir grandir le fantôme. Et préparer sa vengeance.

Douze années passent et une chance de renaître et de prendre sa revanche se présente à Félix lorsque son ennemi, promu ministre de la justice, annonce sa visite dans la prison où Félix, alors embauché dans ce pénitencier pour un programme d’alphabétisation, arrive à convaincre les autorités de monter ses pièces de Shakespeare avec les détenus, une bande de voleurs, de dealers, d’escrocs, de meurtriers, d’aigrefins et d’arnaqueurs.. Attachants, ils l’aideront en retour mais pas comme on pourrait le penser… C’est une amitié originale, une entraide souvent drôle, parfois émouvante, entre ce vieil homme un peu fou et ces délinquants.

Il choisit de monter La Tempête pour l’occasion. Avec beaucoup d’astuces, de bon vouloir et de créativité aussi bien de la part de Félix que de celle des prisonniers et après quelques compromis, la pièce voit le jour.

Le nouveau roman de Margaret Atwood, la grande dame des lettres canadiennes au succès phénoménal, est un hommage à Shakespeare à travers une prose sublime, déchirante et drôle à la fois.

 

L’auteur :

Margaret Eleanor « Peggy » Atwood, née le 18 novembre 1939 à Ottawa, en Ontario, est une romancière, poétesse et critique littéraire canadienne. Elle est l’une des écrivaines canadiennes les plus connues, en particulier pour son roman La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale), publié en français en 1985, qui est adapté au cinéma sous le même titre par Volker Schlöndorff en 1990 et en série télévisée sous le titre The Handmaid’s Tale : La Servante écarlate en 2017.

Margaret Atwood est la fille de Carl Edmund Atwood, zoologue, et de Margaret Dorothy Killiam, nutritionniste. Par le métier de son père, Margaret Atwood passe la majeure partie de son enfance, dans une cabane sans électricité, entre les forêts du Nord du Québec, Sault Sainte. Marie, Ottawa et Toronto. Un univers qui imprègne son œuvre, à commencer par Faire surface, son premier roman publié en France, retour à la terre d’une jeune femme en quête de ses origines. Surnommée à ses débuts la « Sagan des neiges » ou l' »Antigone du MLF », à cause de ses univers presque exclusivement féminins, elle est désormais la « Cassandre de Toronto ».

Son enfance ressemble aux contes de Grimm qu’elle affectionne.

Elle commence à écrire à 16 ans, puis a enquêté sur une aïeule accusée de sorcellerie au 17ème siècle, avant d’entamer une thèse à Harvard sur les romans gothiques du XIXe siècle.

En 1957, elle débute des études au collège Victoria à l’Université de Toronto. Elle suit notamment les cours de Jay Macpherson et de Northrop Frye. Elle obtient un baccalauréat ès arts en anglais (avec des mineures en philosophie et en français) en 1961.

Après avoir reçu la médaille E. J. Pratt pour son recueil de poème Double Persephone, elle poursuit ses études à Harvard, au Radcliffe College, dans le cadre d’une bourse Woodrow Wilson. Elle est diplômée en 1962 avant de prolonger ses études à l’Université Harvard pendant quatre ans.

Elle enseigne tour à tour à l’Université de Colombie-Britannique (1965), à l’Université Concordia à Montréal (1967-1968), à Université de l’Alberta (1969-1979), à l’Université York à Toronto (1971-1972) et à l’Université de New York.

En 1968, Atwood épouse Jim Polk, mais divorce quelques années plus tard, en 1973. Elle se marie ensuite avec le romancier Graeme Gibson. Elle donne naissance à sa fille Eleanor Jess Atwood Gibson en 1976.

Le prix Arthur C. Clarke lui est décerné en 1987 pour son roman La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale).

Elle remporte le Booker Prize en 2000 pour son roman Le Tueur aveugle (The Blind Assassin), qui n’est publié qu’en 2002 en France.

Lors de l’élection fédérale canadienne de 2008, elle accorde son appui au Bloc québécois, parti prônant la souveraineté du Québec.

En janvier 2009, une polémique éclate à Toronto : son livre La Servante écarlate est accusé par un parent d’élève d’être violent, dépravé et tout à la fois anti-chrétien et anti-islamiste. Cet événement souligne la force de l’écriture d’Atwood qui parvient à perturber les rigoristes dans leurs convictions. L’affaire n’aura pas de suite.

En 2015, elle remet le manuscrit de son livre Scribbler Moon au projet de « bibliothèque du futur » de l’artiste écossaise Katie Paterson, qui sera ainsi publié en 2114. Elle est la première des cent auteurs à participer à ce projet.

Le 14 janvier 2018, elle publie une lettre ouverte dans le journal The Globe and Mail intitulée «Am I a bad feminist?» («Suis-je une mauvaise féministe?»), dans laquelle elle fait une critique du mouvement #Metoo (#moi aussi), en même temps qu’elle diagnostique le système judiciaire inefficace et dépassé. Elle met en garde les féministes d’aujourd’hui face à un possible dérapage menant à l’instauration d’une « justice populaire » qui peut se transformer en « lynchage solidifié culturellement dans lequel le type de justice accessible est jeté par la fenêtre et des pouvoirs extrajudiciaires sont mis en place et maintenus. » Elle prend position en affirmant que « ma position fondamentale est que les femmes sont des êtres humains, avec (…) des comportements saints et démoniaques (…) y compris le crime. » Suite aux critiques de la part de certains observateurs qui considèrent son écrit comme une trahison des valeurs féministes, elle persiste sur Twitter en expliquant son point de vue et en répondant aux critiques, puis en partageant deux autres textes semblables au sien dont celui d’Andrew Sullivan «It’s Time to Resist the Excesses of #Metoo» («Il est temps de résister aux excès de #Moiaussi») où l’auteur compare leur façon d’agir aux méthodes du Maccartisme qui avait mis en place une liste anonyme d’hommes potentiellement dangereux, soupçonnés d’être des communistes, et qui ont détruit plusieurs de leurs carrières.

Une autre collaboratrice du Globe and Mail, Margaret Wente publie quelques jours plus tard une analyse du texte d’Atwood et sa place dans l’histoire du féminisme. Wente n’est pas surprise de sa position car « elle (Atwood) aime brasser la cage » et poursuit en citant plusieurs internautes aux réponses dures et frôlant la vulgarité. Pour Wente, Atwood est classée comme une modérée face au nouveau mouvement #metoo qui est prêt à lyncher tous ceux qui n’y se rangent pas. Pour expliquer la situation, en un mot, elle explique : « Ce qui est arrivé c’est que la Révolution est entrée dans une nouvelle phase. Après avoir vaincu les réactionnaires, les Jacobins envoient les modérés à la guillotine », puisque « la révolution ne concerne pas la justice, mais le changement. » Finalement, Wente admet être « la dernière alliée de Atwood » parce que elle aussi croit que la procédure régulière, aussi frustrante et imparfaite soit-elle, est meilleure que l’alternative. « Je ne pense pas que des listes publiques d’accusations anonymes contre des journalistes médiatiques […] devraient être autorisées à détruire des carrières. » Et pour conclure: « Je suis off, mais avec ma tête bien en place. »

Distinctions

  • Ordre du Canada
  • Prix Arthur C. Clarke
  • Prix Booker
  • Prix Princesse des Asturies
  • Grand prix Metropolis bleu, en 2007, pour l’ensemble de son œuvre.
  • Prix Franz-Kafka (de Prague), en 2017.

Œuvre : Son œuvre se compose d’une quinzaine de romans, de nouvelles, de recueils de poèmes et d’essais.

 

Romans

Diptyque La Servante écarlate

  1. La Servante écarlate, Robert Laffont, 1987 ((en) The Handmaid’s Tale, 1985)
  2. Les Testaments, Robert Laffont, 2019 ((en) The Testaments, 2019)

À paraître le 10 septembre 2019 puis en français le 10 octobre 2019

Trilogie romanesque « Le Dernier Homme »

  1. Le Dernier Homme, Robert Laffont, 2005 (Oryx and Crake, 2003)
  2. Le Temps du déluge, Robert Laffont, 2012 (The Year of the Flood, 2009)
  3. MaddAddam, Robert Laffont, 2014 (MaddAddam, 2013)

Autres romans

  • La Femme comestible, 2008 (The Edible Woman, 1969)
  • Faire surface, 1978 (Surfacing, 1972)
  • Lady Oracle, 1980 (Lady Oracle, 1976)
  • La Vie avant l’homme, 1981 (Life Before Man, 1979) – Publié également sous le titre La Vie devant l’homme aux éditions Quinze en 1981
  • Marquée au corps, 1983 (Bodily Harm, 1981)
  • La Servante écarlate, 1987 (The Handmaid’s Tale, 1985)
  • Œil-de-chat, 1991 (Cat’s Eye, 1988)
  • La Voleuse d’hommes, 1994 (The Robber Bride, 1993)
  • Captive, 1998 (Alias Grace, 1996) – adapté en 2017 sous forme de mini-série de six épisodes par Netflix
  • Le Tueur aveugle, 2000 (The Blind Assassin, 2000)
  • L’Odyssée de Pénélope, 2005 (The Penelopiad, 2005)
  • C’est le cœur qui lâche en dernier, 2017 (The Heart Goes Last, 2015)
  • Graine de sorcière, 2019  (Hag-Seed, 2016)

Album jeunesse

  • Tout là-haut dans l’arbre, 2010 (Up in the Tree, 1978) – Adaptation par Alain Serres
  • Trois contes très racontables, 2019 (Trio of Tolerable Tales, 2017)

Recueils de nouvelles

  • Les Danseuses et autres nouvelles, 1986 (Dancing Girls, 1977)
  • Meurtre dans la nuit, 1987 (Murder in the Dark, 1983)
  • L’Œuf de Barbe-Bleue, 1985 (Bluebeard’s Egg, 1983)
  • Through the One-Way Mirror, 1986
  • Mort en lisière, 1996 (Wilderness Tips, 1991)
  • La petite poule vide son cœur, 1996 (Good Bones, 1992) – Réédité sous le titre La Troisième Main aux éditions La Pleine Lune en 2005
  • Good Bones and Simple Murders, 1994
  • Le Fiasco du Labrador, 2009 (The Labrador Fiasco, 1996)
  • The Tent, 2006
  • Moral Disorder, 2006
  • Neuf contes, 2018 (Stone Mattress: Nine Wicked Tales, 2014)

Recueil de poésie

  • Double Persephone, 1961
  • Le Cercle vicieux, Prise de parole – Du Noroît, 2000 – (The Circle Game, 1964)
  • Expeditions, 1965
  • Speeches for Doctor Frankenstein, 1966
  • The Animals in That Country, 1968
  • Le Journal de Susanna Moodie, Bruno Doucey, 2011 (The Journals of Susanna Moodie, 1970)
  • Procedures for Underground, 1970
  • Politique de pouvoir, L’Hexagone, 1995 ((en) Power Politics, 1971)
  • You Are Happy, 1974
  • Selected Poems, 1976
  • Two-Headed Poems, 1978
  • True Stories, 1981
  • Love songs of a Terminator, 1983
  • Interlunar, 1984
  • Matin dans la maison incendiée, Écrits des Forges, 2004 (Morning in the Burned House, 1996)
  • Eating Fire: Selected Poems, 1965-1995, 1998
  • The Door, 2007

Essais

  • Essai sur la littérature canadienne, Boréal, 1987 – Survival: A Thematic Guide to Canadian Literature, 1972
  • Days of the Rebels 1815-1840, 1977
  • Cibles mouvantes, Boréal, 2006 –Second words: Selected Critical Prose, 1982
  • Strange Things: The Malevolent North in Canadian Literature, 1995
  • Negotiating with the Dead: A Writer on Writing, 2002
  • Cibles mouvantes, Boréal, 2006 – Moving Targets: Writing with Intent, 1982-2004, 2004
  • Writing with Intent: Essays, Reviews, Personal Prose- 1983-2005, 2005

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *