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… vu par Arlette

Foenkinos David ♦ Vers la beauté

Antoine Duris est un brillant professeur aux Beaux-Arts de Lyon. Du jour au lendemain, il décide de tout quitter, son appartement, sa ville, son travail d’enseignant qu’il adore pourtant, laissant sa sœur dans l’incompréhension totale.

Le morceau visible de l’iceberg …est une rupture amoureuse très douloureuse, mais on pressent qu’une autre peine violente un drame qui s’est produit dans son entourage professionnel, mine notre « héros »… Il se présente à un poste sous-qualifié, au Musée d’Orsay, comme gardien.

 Mathilde Mattel, DRH du Musée, femme bienveillante, et fort intriguée par la singularité, est rapidement frappée par la personnalité de cet homme taciturne, mystérieux, spécialiste de Modigliani – auteur d’une thèse sur cet artiste, qui a choisi de s’effacer dans une fonction qui ne correspond pas à ses compétences reconnues. Antoine est affecté à la salle des Modigliani au moment d’une rétrospective sur ce peintre, et Mathilde le surprend parfois à parler à mi-voix au portrait de Jeanne Hébuterne, compagne et muse de l’artiste au destin tragique. Il fuit tout contact social, même si Mathilde ne le laisse pas indifférent. Personne ne connaît les raisons de cette reconversion ni le traumatisme qu’il vient d’éprouver. Pour survivre, cet homme n’a trouvé qu’un remède, se tourner vers la beauté.

Un second mystère se greffe avec l’escapade d’Antoine et Mathilde jusqu’à un cimetière de la banlieue lyonnaise. Une autre vie « blessée », celle de Camille, va entrer en scène… Sont évoquées ses aventures amoureuses, sa fugue à Nice, l’obtention du Bac. Jeune fille, étudiante en Art, peignant elle-même avec beaucoup de talent et d’originalité. Qui est cette Camille, morte si jeune, sur la tombe de laquelle Antoine tenait à venir se recueillir, en présence de Mathilde ? C’est dans le huis clos de la voiture de cette femme, qu’Antoine s’épanche, se déleste du poids du secret et révèle toute la vérité.

Le portrait de Camille se tisse, scolarité plus que chaotique, lycéenne un peu particulière, très solitaire et peu encline à partager les activités communément prisées par les adolescentes de son âge. Elle est dotée d’une sensibilité artistique exceptionnelle, qui l’entraîne loin de l’effervescence qui devrait être celle de ses jeunes années. Sa mère, Clara, et son père, plus en retrait, tous deux profondément aimants, démunis dans la détresse face à la souffrance de leur fille, à ce mal-être pris pour de la dépression, l’encouragent dans cette voie, à la fois contemplative et créatrice, puisqu’elle semble être la seule à même de garantir son épanouissement personnel. Et en effet, elle se transforme, se révèle, aussi bien à elle-même qu’à son entourage, à  compter du jour où elle s’initie à la peinture.

Son talent pour la peinture, remarqué, encouragé par sa psy l’oriente après le bac vers l’école des Beaux -Arts de Lyon. On assiste à son épanouissement grâce aux cours d’Antoine Duris. Un climat de confiance s’installe entre eux. Camille, « âme blessée », y voit «  un compagnon de tristesse.

 

L’auteur :

David Foenkinos, né le 28 octobre 1974 à Paris en France, est un romancier français.

Ses parents souvent absents n’ayant pas de bibliothèque, David Foenkinos lit et écrit peu pendant son enfance.

  A l’âge de 16 ans, c’est une grave infection qui bouleverse le destin de ce fils de pied-noir employés du ciel (sa mère travaille à Air France, son père dans une tour de contrôle). Une intense brûlure interne le fait suffoquer. Radio. Le médecin n’en croit pas ses yeux : le jeune homme est atteint d’une maladie de la plèvre qui touche principalement les septuagénaires. Opération en urgence et alitement prolongé qui eut une double et louable conséquence : « Alors que je n’avais rien lu jusque-là, je me suis mis à dévorer les livres, puis à peindre, à jouer de la guitare… La connaissance de l’éphémère et la conscience de ce qui passe, de ce qui échappe ont aiguisé mon appétit. »

Et son sens de l’humour et de la dérision, pourraient ajouter ses lecteurs avertis. Ouverture à la vie et… aux personnes âgées. « Je pense aujourd’hui que ma tendresse pour la vieillesse et les anciens date de cette époque. Ma maladie de vieux nous a rapprochés. »

Après des études de lettres à la Sorbonne et une formation de jazz, David Foenkinos devient professeur de guitare. Le soir, il est serveur dans un restaurant. Après avoir vainement essayé de monter un groupe de musique, il décide de se tourner vers l’écriture.

Après une poignée de manuscrits ratés, il trouve son style, poste son premier roman Inversion de l’idiotie, refusé par tous les éditeurs sauf Gallimard qui le publie en 2002, avec lequel il obtient le Prix François-Mauriac.

Ses romans sont traduits à l’étranger, dans une quarantaine de langues. Selon Le Figaro, il fait partie des cinq plus gros vendeurs de romans en 2011.

Il publie plusieurs romans, dont « Inversion de l’idiotie, de l’influence de deux Polonais », prix François Mauriac en 2001, « Entre les oreilles » en 2002 et « Le Potentiel érotique de ma femme » en 2004 chez Gallimard.

  Pourtant, le jeune père de famille ne songe pas une seconde à reprendre son boulot d’attaché de presse dans l’édition : « En fait, je détestais ce travail, avoue le Parisien. C’est le hasard – je devais effectuer un stage dans le cadre de mes études – qui m’a fait entrer chez Lattès. Puis tout s’est enchaîné, Fayard, Le Rocher, Albin Michel, Le Dilettante. J’ai fini par démissionner, en 2001. En juillet, Jean-Marie Laclavetine, éditeur chez Gallimard, accepte le manuscrit que j’ai envoyé par la poste. Et, en 2003, je suis lauréat de la Fondation Hachette. 25 000 euros ! Cela a changé ma vie. »

  Malgré ses airs de Pierrot lunaire, David Foenkinos n’a rien d’un dilettante. Elevé dans la plus grande liberté par des parents souvent absents, le jeune bouclé se fixe des règles, écrit tous les jours, multiplie les romans, part à la rencontre de ses lecteurs en province, court les soirées à Paris avec son copain Florian Zeller, essuie des échecs (manuscrits refusés, projets de théâtre avortés), rebondit toujours.

En 2009, poussé par son frère aîné, Stéphane, directeur de casting, il décide d’adapter l’un de ses propres romans : « Pour la première fois, je n’avais pas envie de quitter mes personnages ni que quelqu’un d’autre s’en empare. » C’est ainsi que la belle veuve Nathalie de La Délicatesse se retrouve sous les traits d’Audrey Tautou et que François Damiens, dit François l’Embrouille, le roi de la caméra cachée, revêt les habits de Markus, le collègue suédois enamouré – un casting que l’on admirera, ou pas, à partir du 21 décembre. « Avec le seul nom d’Audrey Tautou, nous avons prévendu le film dans 22 pays, s’enthousiasme le néo-coréalisateur (avec son frère). C’est une actrice extraordinaire, intelligente, respectueuse, impressionnante… » Finalement, Foenkinos n’aime pas que les visages ridés…

En quelques années, il a réussi à créer un univers singulier, à la fois burlesque et émouvant. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs écrivains de la nouvelle génération. Ses romans sont traduits à l’étranger, dans une quinzaine de langues.

L’écrivain est apprécié pour ses textes empreints de légèreté et d’humour. Également scénariste, il coécrit avec Jacques Doillon « Trop (peu) d’amour » et adapte pour le théâtre la pièce « Messie », de Martin Sherman. Il est par ailleurs à l’origine du scénario d’une bande dessinée, premier volet d’une trilogie intitulée « Pourquoi tant d’amour ? ».

En 2005, alors que paraît chez Flammarion « En cas de bonheur », il participe en 2006 à la réalisation d’un court métrage « Une Histoire de Pieds » avec son frère Stéphane avant de publier « Les Cœurs autonomes » en 2006 chez Grasset et « Qui se souvient de David Foenkinos ?. En 2007 chez Gallimard. Le livre reçoit le prix Giono.

Après « Nos séparations », chez Gallimard en 2008, Foenkinos décroche en 2010 le prix Conversation et le prix des Dunes avec son roman « La Délicatesse », publié aussi chez Gallimard en 2009.

La même année, les Éditions du Moteur publient « Bernard », tandis que Plon édite « Lennon », un ouvrage dans lequel l’auteur (et fan) se met dans la peau du Beatles assassiné.

Suivent en 2011 « Le petit garçon qui disait toujours non » chez Albin Michel et son dixième roman « Les Souvenirs », présenté à la rentrée littéraire par Gallimard. Ce roman est inspiré de choses personnelles, mais il est très loin d`être autobiographique. Il aurait peut-être voulu qu`il le soit davantage, mais il a très vite dérapé dans la fiction.

La fin de l’année 2011 voit également arriver dans les salles françaises l’adaptation du roman « La Délicatesse », avec à l’affiche Audrey Tautou et François Damiens. Un film réalisé par David Foenkinos lui-même, accompagné de son frère et qui sera nommé deux fois aux Césars 2012, pour le César de la meilleure adaptation, et pour le César du meilleur premier film..

En 2014, avec son roman Charlotte, David Foenkinos connait la consécration. C’est un succès de librairie avec 450 000 exemplaires vendus. S’il est considéré comme le roman préféré des libraires de la rentrée 2014 (selon le sondage annuel de Livre-Hebdo), le roman ne fait pas l’unanimité. Ainsi, L’Obs y voit un récit « sans vergogne » avec l’« un des personnages les plus creux du roman français ». Pour Les Inrockuptibles, gênés par la « fausse simplicité de l’écriture », l’auteur a voulu « s’acheter une crédibilité littéraire ». À l’inverse, François Busnel de L’Express estime que « le résultat est formidable ». Dans Lire, le roman est jugé « bouleversant ».

Finaliste du Prix Goncourt, il obtient finalement plusieurs grands prix littéraires, dont le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des lycéens. Il obtient également le Globe de Cristal du meilleur roman de l’année 2014.

Le succès du roman a sorti Charlotte Salomon de l’oubli. Ainsi, le 8 mai 2015, après des cérémonies officielles lui rendant hommage, des plaques commémoratives ont été posées à Villefranche-sur-Mer et à Saint-Jean-Cap-Ferrat, où l’artiste a vécu. À partir de février 2016, le musée Masséna organise une grande exposition en l’honneur de Charlotte Salomon.

En octobre 2015 est édité chez Gallimard une version intégrale du roman, illustrée d’une « cinquantaine de gouaches de Charlotte Salomon […] et d’une dizaine de photographies représentant Charlotte et ses proches. »

En 2016, il change de ton et revient avec un roman satirique bâti comme un polar littéraire, intitulé « Le Mystère Henri Pick ».

David Foenkinos est le jeune auteur qui ne cesse de monter depuis son roman, Le potentiel érotique de ma femme. Sa marque de fabrique ? Il sait raconter comme personne des histoires d’amour avec légèreté, humour et autodérision car son narrateur à moins que ce ne soit l’auteur lui-même, est souvent pris dans des complications hautement psychologiques. Foenkinos est un excellent fabricant de comédies sentimentales.

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