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… vu par Arlette

Zafon Carlos Ruiz ♦ Le labyrinthe des esprits

Carlos Ruiz Zafon nous emmène une fois de plus dans son univers magique et envoûtant, qui retrace l’histoire de l’univers du Cimetière des livres oubliés et de ses personnages.

Le labyrinthe des Esprits est le quatrième volet du cycle du « Cimetière des Livres Oubliés ». Carlos Ruiz Zafon le publie 17 ans après le premier tome : L’ombre du vent.On plonge avec délice dans les racines de cette série, dans les histoires de tous ces personnages que nous avons découverts au fil des tomes et qui se croisent ici dans les rues de Barcelone, ou que l’on retrouve au détour d’une conversation.

Le roman débute en 1938. Barcelone est alors sous le feu incessant des bombardements de l’armée de Mussolini. On visite une ville blessée qui se meurt d’une guerre qui devient fratricide. Carlos Ruiz Zafon nous entraîne dans les ruelles comme dans les beaux quartiers de cette ville. On y sent tout l’amour que l’auteur porte à sa ville natale Barcelone, qui sans être pourtant la capitale, est certainement la ville d’Espagne la plus connue et le siège de beaucoup d’évènements. On se souviendra récemment de la révolte qui a secoué la ville pour une Catalogne indépendante, ou encore les attentats qui ont endeuillé la cité.

On découvre un personnage central, Alicia Gris.

Petite fille au début du roman, blessée lors des bombardements, elle va devenir une femme torturée par son passé, en perpétuelle souffrance des séquelles de ses blessures, mais devenue femme forte au service du « Corps», sorte de police parallèle opposée au régime franquiste.

L’enquête sur la disparition du ministre Valls à Barcelone va lui être confiée avec l’aide de Vargas, flic désavoué qu’on lui impose. Cette disparition déchaîne une cascade d’assassinats, de représailles et de mystères. Alicia va plonger dans l’histoire la plus sombre de Barcelone, celle où les opposants politiques, les artistes, les auteurs de génie étaient enfermés dans des cachots. Les mensonges, les trahisons, les disparitions et la propagande étaient alors monnaie courante.

Son enquête l’amène à croiser la route du libraire Daniel Sempere. Ce n’est plus le garçon qui a découvert un livre qui allait changer sa vie entre les passages du Cimetière des Livres Oubliés. Le mystère de la mort de sa mère Isabella a ouvert un gouffre dans son âme, que ni sa femme Bea, ni son jeune fils Juliàn, ni son fidèle ami Fermin ne parviennent à le tirer. Il est devenu un adulte au cœur empli de tristesse et de colère.

En compagnie d’Alicia, tous les membres du clan Sempere affrontent la vérité sur l’histoire secrète de leur famille et, quel qu’en soit le prix à payer, voguent vers l’accomplissement de leur destin.

La vérité n’est jamais parfaite et elle ne cadre jamais avec la totalité des attentes. Elle sème toujours des doutes et des interrogations. Seul le mensonge est crédible à cent pour cent parce qu’il n’a pas à justifier la réalité mais simplement à nous dire ce que nous voulons entendre.

Ce roman est évidemment lourd de messages politiques, mais ils nous sont présentés d’une manière réellement passionnante. Au travers de l’histoire d’un roman et de son auteur, en déambulant dans les anciennes librairies et en s’aventurant dans le Cimetière des Livres oubliés, Alicia nous montre et nous explique toute l’horreur de ces années maudites, de la guerre mondiale à la dictature de Franco, en passant par la guerre intestine et fratricide qui en a découlé.

Enfin, c’est un hymne incroyable au livre, l’objet mais aussi l’écrin de pensées et d’histoires merveilleuses au service d’une littérature intemporelle.

                              Magistral final de la série du Cimetière des livres oubliés.

 

L’auteur :

Carlos Ruiz Zafón, né le 25 septembre 1964 à Barcelone, est un auteur espagnol. Il écrit principalement en castillan.

Fils d’un agent d’assurances et d’une mère au foyer, Carlos Ruiz Zafon a passé onze ans chez les jésuites. Dès l’âge de 9 ans, il commence à coucher sur le papier les histoires qu’il se raconte. Après, il crée une petite maison d’édition avec un copain dont le père tenait une papeterie et possédait cet objet extraordinaire : une photocopieuse Xerox. Un camarade dessine les jaquettes, un autre s’occupe du  » marketing « , C’est une affaire qui marche. Même les profs achetaient leur fanzine. Jusqu’à ce que le directeur de l’école y jette un œil et découvre, horrifié, des histoires à glacer le sang, peuplées d’assassins et de fantômes en tout genre. Censure immédiate.

Le jeune Carlos ne s’en laisse pas conter et rédige, à 14 ans, un roman victorien de 600 pages.

Pour vivre de sa plume, il se lance, à 20 ans, dans la publicité, monte vite en grade, devient un créatif convoité.  » J’ai gagné tellement d’argent que mon père me soupçonnait de frayer avec les narcotrafiquants ! « .

Mais au fond, la pub, ce n’est pas son truc. Le 1er janvier 1992, il se met à écrire pour la jeunesse. Il écrit son roman Le Prince de la brume, publié en 1993 (prix de la jeunesse d’Edebé en 1993).

Mais là encore, encore, il réalise que ce n’était pas sa voie. C’est avec son quatrième livre, Marina, que l’écrivain s’oriente vers ce qui deviendra sa marque de fabrique : cette veine gothique et mystérieuse qui lui a si bien réussi. Et qu’il entretient en collectionnant les dragons sous toutes les formes, des sculptures aux peluches, en passant par la petite broche qu’il arbore sur son beau polo. Zafon aurait-il vraiment le feu sacré ?…

Son quatrième roman, L’Ombre du vent – premier tome de la série « Le Cimetière des livres oubliés » (El Cementerio de los libros olvidados, 2001-2016), a reçu un bon accueil de la critique et a été traduit dans plus de trente langues et vendu à 14 millions d’exemplaires dans une cinquantaine de pays. Il a été sélectionné dans les romans étrangers pour le prix Femina 2004. Il a reçu aussi des prix littéraires français, comme le Prix des Amis du Scribe et le Prix Michelet en 2005, ainsi qu’au Québec, comme le Prix des libraires du Québec 2005 (Roman hors Québec).

Ses romans, « Le jeu de L’Ange » (El juego del ángel, 2008) et « Le Prisonnier du ciel » (El prisionero del cielo, 2011), les deux autres romans de la série, connaissent également un large succès.

Avec le Jeu de l’ange, Zafon renoue avec un genre qui a toujours fait fureur en Espagne: le thriller fantastique. Le lecteur ibérique raffole des intrigues où la réalité côtoie le fantastique, et le religieux, l’occulte. Les romans sur les mystères des pyramides, les secrets des constructeurs des cathédrales, les pouvoirs cachés des francs-maçons ou ceux de Stephen King et Umberto Eco cartonnent en librairies.

Depuis la parution de « L’Ombre du vent », Carlos Ruiz Zafon est l’auteur espagnol vivant le plus lu au monde. En janvier 2010, le classement de plusieurs magazines dédiés à l’édition, dont Livres-Hebdo en France et The Bookseller en Grande-Bretagne, l’introduit à la cinquième place des écrivains de fiction les plus vendus en Europe en 2009.

De 1993 à 2006, Carlos Ruis Zafon, marié, sans enfant, a vécu à Los Angeles où il a travaillé comme scénariste de films.

Bouille ronde, lunettes à la monture colorée et bouc bien taillé, Zafon est le vilain petit canard du cercle littéraire espagnol. Il déserte les colloques d’écrivains, fuit les mondanités. D’ailleurs, il ne vit même pas en Espagne. Il habite entre Los Angeles et Berlin. Son roman, bon ouvrage, un pavé de 672 pages, diffère également des romans actuels. Ici, pas de drames psychologiques à la Javier Marias, ni de grandes fresques historiques à l’Arturo Perez-Reverte.

Œuvre :

Le Cimetière des livres oubliés

  1. L’Ombre du vent, 2004 – La sombra del viento, 2001, Prix des libraires du Québec, Prix Barry 2005
  1. Le Jeu de l’ange, 2009 – El juego del ángel, 2008
  2. Le Prisonnier du ciel, 2012 – El prisionero del cielo, 2011
  3. Le Labyrinthe des esprits, 2018 – El laberinto de los espíritus, 2016

Cycle de la brume

  1. Le Prince de la brume, 2011 – El principe de la niebla, Edebé, 1993
  2. Le Palais de minuit, 2012 – El Palacio de la medianoche, Edebé, 1994
  3. Les Lumières de septembre, 2012 – Las luces de septiembre, Edebé, 1995

Roman indépendant :

  • Marina, 2011 – Marina, 1999

Participation :

  • Promenades dans la Barcelone de l’Ombre du vent (Le Livre de poche no31698) de Burger S. et al. avec la collaboration de C.R.Zafon

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