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… vu par Arlette

Boissard Janine ♦ Sois un homme, papa

Thème du divorce, le couple qui se déchire, les enfants qui ne trouvent pas leur place dans la tempête, les péripéties de la vie quotidienne de cette famille hors normes. Une belle et émouvante histoire de famille et de nature avec un parfum de Bretagne.

Quand Jean Rémi, simple, généreux, amoureux de la nature rencontre Olivia, carriériste, business woman matérialiste, avocate aux dents longues, sur l’île aux Moines, c’est le coup de foudre. Pour elle, belle, aisée et brillante jeune femme qui se destine à une grande carrière d’avocate internationale et qui n’imagine pas sa vie ailleurs qu’à Neuilly, il abandonne sa Bretagne natale, ses rêves d’horticulture, passion qui n’est rien de plus qu’un passe-temps secondaire et bas de gamme pour son épouse, et fait un trait sur ses ambitions et sur ses racines. Pour celle qu’il aime, il quitte tout et devient quelqu’un qu’il n’est pas…

Ils viennent vivre à Neuilly avec leurs trois enfants, Cédric, dix-sept ans, l’aîné, écorché vif, en pleine souffrance adolescente, Tom, douze ans celui du milieu, qui tente de maintenir un équilibre familial tellement précaire et Coline, trois ans, la petite dernière, qui, plongée dans l’innocence de l’enfance, ignore tout de ce qui se trame.

On comprend vite que sans aucune valeur commune, ce n’est pas l’amour mais bel et bien un véritable miracle qui a fait tenir leur couple aussi longtemps.

Un jour, Tom entend sa mère déclarer à son père qu’elle souhaite divorcer. Elle n’en peut plus de vivre avec un looser, lassée de rentrer de voyages d’affaires et de retrouver un homme avec qui elle ne partage rien. Autant cesser cette mascarade le plus tôt possible.

Pleine de considération, elle lui fait savoir qu’il pourra garder l’appartement parisien, leurs enfants, dont il aura la garde, la nounou venue des îles et qui se substitue à merveille à la mère absente et le chien dès lors qu’il conservera son poste de vendeur pour la concession automobile de beau-papa – poste qui allait contre sa vocation, mais qu’il a pris par amour pour sa femme.

Captif de sa propre vie, Jean Rémi voit son monde s’écrouler. Il réalise qu’à force de concessions pour sa famille et pour le bien-être de ses enfants, il s’est perdu en route et a perdu l’estime de ses proches. Même ses enfants pour qui il donnerait sa vie ne voit en lui qu’un raté incapable de prendre sa vie en main.

C’est une phrase dite par son aîné qui va le faire réagir. Cédric lui assène « qu’il faut savoir grandir et faire des choix dans la vie », propos que Jean Rémi va accueillir comme une bombe lui explosant en pleine tête.

Jean Rémi (dont le surnom n’est pas Jean Rêve pour rien) va reprendre les rênes de sa vie et entreprendre un long voyage intérieur pour redevenir enfin lui-même. Comment se relèvera-t-il de cette phrase meurtrière que son fils aîné lui jette à la figure ?  Choisir, pour lui, ce sera dire « non ». Non aux diktats de sa femme, ambitieuse avocate internationale. Non à un travail qu’il déteste. Non au mépris de Cédric et de Tom, ses garçons pour lesquels il ne fut jamais un modèle.

Cessant enfin de courir après une vie qui lui échappe, Jean-Rémi va renouer avec la passion de sa jeunesse pour l’horticulture et prendre le temps d’être lui-même. Ainsi regagnera-t-il le respect et l’amour des autres. Et, pour l’amour de ses enfants, Jean-Rémi est prêt à tout. Même à devenir un héros.

 

L’auteur :

Janine Boissard est née le 18 décembre 1937 à Paris dans une famille bourgeoise : père, inspecteur des impôts, mère, femme au foyer, quatre sœurs et un frère. Elève médiocre, la petite Janine dévore tous les livres qu’elle peut trouver et en cours, seul le français est une matière qui l’intéresse… pour les autres, ça se passe plutôt mal, si bien qu’elle est renvoyée de plusieurs établissements religieux du XVIe arrondissement. Elle est alors qualifiée d’enfant  « incontrôlable », ayant un  « mauvais esprit » et elle devient vite le  « vilain petit canard » de la famille. De ces années elle écrira un récit autobiographique en 1988, « Vous verrez …Vous m’aimerez », et, en 2006, y revient avec « Je serai la princesse de château », car depuis longtemps, la petite Janine n’a qu’une idée en tête : devenir écrivain !

En attendant, ses parents lui font arrêter ses études à 15 ans, et, dans l’espoir de lui voir faire « un beau mariage » lui font fréquenter une école où elle pourra faire « ses humanités féminines ». Plus populaire, en fait une école ménagère où les jeunes filles apprennent tout ce qu’une bonne maîtresse de maison et bonne épouse doit savoir : cuisine, ménage, économie domestique, élever ses enfants… etc…

La jeune fille écrit en cachette, et elle propose son premier manuscrit aux Éditions Julliard … qui n’est pas accepté d’emblée, mais on l’encourage tout en lui conseillant de le réécrire… Pendant deux longues années, Janine travaille d’arrache-pied, réécrit, corrige avec une seule idée en tête : devenir écrivain !

En 1959, « Driss » son premier roman est enfin publié aux Éditions Julliard  sous le nom de Janine Oriano, car entre-temps, la jeune fille a suivi « l’ordre établi de la bonne société » et s’est mariée. C’est donc sous son nom d’épouse qu’elle signe les trois autres romans qui suivront chez Julliard (en 1960, 62 et 69) et encore quelques uns, dont son premier roman policier,  « B comme Baptiste », qui paraît en 1971 chez Gallimard dans la très célèbre collection de la Série Noire, elle est à 33 ans la première femme à être publiée dans cette collection. L’idée de passer au roman noir lui vient  « simplement par jeu, parce qu’elle s’intéresse à toutes les formes d’écriture et aussi, parce qu’on lui a soufflé que c’était le genre idéal pour vivre de sa plume… »

C’est avec son troisième roman policier que Janine Oriano connaît son premier grand succès d’écrivain, O.K, Léon ! Publié en 1972, adapté au cinéma sous le titre « O.K Patron ! »  En 1975, on lui demande d’écrire une série policière pour la télévision, « Miss » (jouée par notre talentueuse Danielle Darrieux), série tournée en 1977 et dont un roman du même titre est publié en 1978 chez FAYARD, (un de ses éditeurs auquel elle restera fidèle). Elle signe 9 ou 11 romans (selon les biographies ?) sous son nom d’épouse, période pendant laquelle elle fait tout de même quatre enfants, qui deviennent   « le fondement de son existence », puis c’est le divorce… Et elle reprend son nom de jeune fille pour signer son œuvre littéraire à venir…

C’est donc Janine Boissard qui signe le premier tome d’une saga qui va être son premier grand, énorme succès de romancière, vaste succès populaire qui touche toutes les tranches d’âge : « L’esprit de famille », (6 volumes entre 1977 et 1984), raconte le parcours de quatre sœurs dont trois sont des personnages féminins très forts, qui s’emportent contre la famille, le machisme et les idées reçues. Elles finissent toutes les trois par réaliser leur choix professionnel, mais de là à concilier carrière avec amour et famille… Janine Boissard s’est vue confier l’adaptation ainsi que les dialogues  de la saga pour la télévision qui a rencontré un énorme succès et depuis, l’auteure s’en tient à cette recette : décrire des sentiments qu’elle connaît bien, ou qu’elle a pu observer dans son entourage et s’appuie pour chacun de ses romans sur une documentation poussée afin d’être au plus près de la réalité du contexte.

Sous le nom de Janine Boissard, elle signe en ce début d’année 2008 son 35ème  roman, dont quelques-uns sont dits, « suspenses romantiques », (dont nous vous donnons la liste ci-après) et elle signe plusieurs scénarios, adaptations de ses romans dont l’autre série célèbre « Belle grand-mère », ou « Recherche grand-mère, désespérément », ou bien encore  « Une femme en blanc » (avec Sandrine Bonnaire), « Marie-Tempête »… etc. De l’œuvre de Janine Boissard, on retient son attachement à des thèmes récurrents : la famille et ses chambardements, les problèmes de couple,  ceux de l’adolescence, de l’enfance aussi,  la place de la femme moderne dans le monde du travail, la recherche du bonheur…

Janine Boissard a été  décorée des Palmes Académiques pour son action auprès de la jeunesse. La petite fille rêveuse,  le « vilain petit canard » qui voulait devenir écrivain vit depuis plus de trente ans de sa passion, l’écriture, en a fait son métier « contre vents et marées »…

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