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… vu par Arlette

Nemat marina ♦ Prisonnière à téhéran

Bouleversante destinée que celle de Marina Nemat, Torontoise d’origine iranienne qui nous confie son séjour dans la lugubre prison d’Evin.

L’iran est en guerre contre l’Irak depuis Septembre 1980.

Marina est arrêtée le 15 janvier 1982, à l’âge de seize ans. C’est une jeune fille qui adore lire, et qui est chrétienne. Jusqu’à ce jour, sa vie à Téhéran a tourné autour de l’école, des fêtes l’été au bord de la mer Caspienne, et de son amour pour André.

 On la soupçonne de comploter contre le régime (Trahison politique selon le régime islamique imposé).
Elle qui vivait librement, elle eût à subir comme tant d’Iranien le régime de l’ayatollah Khomeiny obligeant les femmes à porter le voile. Fît un décret contre la musique, le maquillage, les peintures de femmes non voilées et livres occidentaux déclarés comme étant « sataniques ».

Elle est arrêtée et torturée et condamnée à mort. Emprisonnée dans la tristement célèbre prison d’Evin, elle est interrogée par deux gardes. Le premier, Hamehd, la torture avec acharnement ; le second, Ali, tombe amoureux d’elle. Quelques minutes avant son exécution, Ali réussit à intercéder auprès de l’imam pour commuer sa peine en prison à vie. Elle devra donc purger une peine à vie à la prison d’Evin. Elle aurait préférée mourir que de rester dans cette prison et surtout, elle culpabilise. Pourquoi d’autres ont été exécutées et pas elle? Elle se pose des questions. Marina se sert de sa foi pour continuer à avancer et supporter cette prison où l’utilisation à outrance de la violence pour y faire régner peur et obéissance y est constante.

Elle se retrouve face à un nouveau dilemme. Ali, le garde qui l’a gracié tombe amoureux d’elle et lui évoque son envie de l’épouser. Il utilise le chantage et impose ses règles pour faire pression sur elle. Il exige de Marina, un prix choquant, le prix d’une vie, qu’elle l’épouse et qu’elle abandonne la religion catholique pour se convertir à l’islam. Comment s’en sortir indemne?

Elle accepte un mariage avec cet homme non par amour mais pour sauver sa peau. Petit à petit, elle essaye d’être une bonne épouse avec la volonté profonde d’échapper à la prison. Elle va s’attacher à sa nouvelle vie entre prison et liberté surveillée. Ce qui est inhabituel, c’est sa volonté de faire comprendre à son mari qu’elle l’a suivi uniquement pour échapper à la mort et la maltraitance. Lui l’aime sincèrement et c’est la femme de sa vie.

Peu de temps après, Ali est abattu par une faction révolutionnaire rivale et meurt dans les bras de sa femme. Marina est relâchée après deux ans passés à la prison d’Evin.

Elle va se marier chrétiennement avec l’homme qu’elle aime et qui l’a attendu durant toutes ces années fuit l’Iran en 1991 pour s’installer au Canada en compagnie de son amour de lycée. Sa nouvelle  vie sera cependant semée d’embûches devant se cacher et ne pas faire de provocation vis à vis de l’Islam. Son arrivée définitive au Canada mettra fin à ses angoisses permanentes mais le traumatisme sera toujours présent dans son âme et son cœur.  Marquée à vie, elle a essayé de se reconstruire en écrivant ce livre et on peut souligner sa bienveillance vis à vis de ceux qui l’ont injustement emprisonnée.

Passionnant, empreint de grâce et de sensibilité, le témoignage bouleversant de Marina Nemat qui interroge sur la foi, la conscience, les principes, les idéaux… ne ressemble à aucun autre. Dans sa volonté de comprendre les événements qui ont marqué à tout jamais le cours de sa vie, Marina Nemat s’adresse à ses geôliers, à son mari, à sa famille et au pays où elle est née et qu’elle a dû fuir ; à chacun d’eux, elle offre le plus grand des présents : le pardon.

L’auteur :

Marina Nemat, née le 22 avril 1965 à Téhéran (Iran), est l’auteur de deux mémoires sur sa vie en Iran.

Elle a grandi dans une famille chrétienne orthodoxe russe à Téhéran. Ses deux grands-mères, toutes deux russes, avaient des maris iraniens qu’elles avaient épousés avant la Révolution russe de 1917. Ils avaient fui la Russie vers l’Iran dans le cadre de la vague massive de migration qui avait commencé.

Son père a travaillé comme professeur de danse, et sa mère comme coiffeuse.

Elle était une étudiante du secondaire lorsque la monarchie laïcaire de Mohammad Reza Pahlavi a été renversée par la révolution islamique de l’Ayatollah Khomeini. En tant qu’étudiante, Marina Nemat s’est opposée aux politiques oppressives du nouveau gouvernement islamique, a assisté à des manifestations et a écrit des articles antirévolutionnaires dans un journal étudiant.

Le 15 janvier 1982, à 16 ans, Marina a été arrêtée et emprisonnée pour son point de vue contre la révolution et faussement accusée d’être membre du parti communiste. Elle a été torturée, maintes fois battue, violée et privée de sommeil, dans la célèbre prison d’Evin bien connue pour des atrocités contre des détenus politiques et condamnée à mort.

Sur le point d’être exécutée, elle a été sauvée par un gardien de prison, qui a également obtenu la commutation de sa peine à la réclusion à perpétuité. Cependant, après cinq mois d’emprisonnement, il obtient qu’on la remette aux mains de sa propre famille. Marina Nemat est stupéfaite de la gentillesse de la mère d’Ali et d’apprendre que celui-ci a également été torturé par les hommes du shah à la prison d’Evin. Elle en vient ainsi à comprendre les cycles d’inhumanité favorisés par les régimes despotiques.

 Et il est apparu clairement qu’Ali, ce gardien de prison, avait établi un attachement à Marina visant à l’obligation de l’épouser. Bientôt, elle est forcée de se convertir à l’ISLAM, de changer de nom et d’épouser Ali.

Quatorze mois plus tard, ce dernier est abattu en public et Marina Nemat est renvoyée à la prison d’Evin après avoir fait une fausse couche. La famille d’Ali négocie son retour chez ses parents.

En 1985, elle épouse son premier amour, André Nemat, le jeune organiste de son église, dans une cérémonie chrétienne secrète. Ils immigrent au Canada en 1991 avec leur fils.

Pour venir à bout de ses cauchemars sur ce qu’elle a vécu à la prison d’Evin, Marina Nemat décide de se rappeler volontairement ses souffrances et de les noter; c’est ainsi que commence l’ébauche de ses mémoires, Prisoner of Tehran = Prisonnière à Téhéran. Dans une prose précise et mesurée, Marina Nemat y décrit son intention d’oublier le passé

En décembre 2007, Marina Nemat a reçu le premier prix de la Dignité humaine. Ce prix sera attribué annuellement par le Parlement européen et l’Association culturelle Europa 2004. Le Prix de la dignité humaine «célèbre les organisations et les individus travaillant pour un monde exempt d’intolérance et d’injustice sociale, un monde où les droits fondamentaux de l’homme sont respectés « . Le Comité du Prix a déclaré que Marina Nemat a été choisie « en raison de sa force de caractère malgré ses expériences de vie ».

En 2008, après une dépression nerveuse, Marina Nemat se remet à écrire. En 2011, elle produit After Tehran, A Life Reclaimed. Elle y révèle comment la stabilité de sa vie au Canada a été érodée par les voix et les visions qu’elle avait enfouies.

En 2012, son livre Prisoner of Tehran a été publié par 27 maisons d’édition à travers le monde, et est finaliste au concours Canada Reads de la radio anglaise de la SRC.

En avril 2012, une adaptation théâtrale du livre a été organisée au Théâtre Passe Muraille à Toronto sous la direction de Maja Ardal.

Parfois, au cours de débats houleux, la véracité des propos de Marina Nemat est remise en question. Ce qui attire l’attention de la presse nationale. Marina Nemat répond publiquement, répétant que ses histoires ne sont pas uniques, mais qu’elles constituent « le témoignage humble et imparfait de milliers d’autres qui ont été terriblement lésés… torturés et exécutés parce qu’ils avaient osé parler ». Les mémoires de Marina Nemat mettent au jour un régime qui, tout en inspirant une peur profonde au sein de sa population, a fait naître chez les individus la force profonde de résister.

En dépit de la reconnaissance internationale de ses livres comme best-sellers, elle a reçu d’innombrables attaques. Entre être traitée de menteuse, de traître et de putain, elle a également été menacée de mort et ne peut plus retourner dans son pays d’origine. » Deux peines de mort pèsent encore sur sa tête : l’une pour raison politique, car en cas de retour en Iran, elle sera tuée, l’autre, pour avoir renoncé à la religion musulmane…

Nemat a travaillé à la franchise Aurora de la chaîne de restaurants Swiss Chalet et a écrit son histoire de vie dans 78 000 mots. Elle savait que beaucoup de victimes ne voulaient pas parler de leur sort.

Aujourd’hui, Nemat enseigne des mémoires à temps partiel à l’École des études permanentes de l’Université de Toronto et parle régulièrement de ses expériences devant les classes, les universités, les bibliothèques et les associations de lycée. Elle participe régulièrement au Forum de la liberté d’Oslo . En 2012, elle a été conférencière invitée au San Francisco Freedom Forum de la Human Rights Foundation avec Aung San Suu Kyi et Garry Kasparov .

Elle vit à Toronto, au Canada, avec son mari, André, et ses deux fils. Elle est chercheur à l’université de Toronto.

 

Œuvre :

  • Prisonnier de Téhéran: un mémoire. (2006)
  • Après Téhéran: une vie réclamée. (2011)

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