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… vu par Arlette

Fournier Jean-Louis ♦ Où on va Papa ?

Où on va, papa ?  Père de deux enfants plus un, Jean-Louis Fournier raconte sous la forme de courtes saynètes la vie de deux de ses enfants handicapés.

C’est drôle comme seuls peuvent l’être ceux qui ont côtoyé le malheur pour ne faire que trois avec lui. « Si un enfant qui naît, c’est un miracle, un enfant handicapé, c’est un miracle à l’envers ». C’est l’enfer aussi.

Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi ? J’avais honte ? Peur qu’on me plaigne ? Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c’était pour échapper à la question terrible : « Qu’est-ce qu’ils font ? »

Aujourd’hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j’ai décidé de leur écrire un livre. Pour qu’on ne les oublie pas, qu’il ne reste pas d’eux seulement une photo sur une carte d’invalidité.

Peut-être pour dire mes remords. Je n’ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d’ange, et je ne suis pas un ange.

Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d’une catastrophe.

Pour une fois, je voudrais essayer de parler d’eux avec le sourire.

Ils m’ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement. Grâce à eux, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire.

Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu’ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien. Ils seraient devenus délinquants, auraient bricolé des pots d’échappement de leur scooter pour faire plus de bruit, auraient été chômeurs, auraient aimé Jean-Michel Jarre, auraient été mariés à une conne, auraient divorcé, eu des enfants handicapés. Et surtout, pendant de nombreuses années, j’ai bénéficié d’une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j’ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

L’auteur :

Jean-Louis Fournier  Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision né à Arras le 19 décembre 1938. Il est le fils du médecin Paul Léandre Emile Fournier (23 août 1911 à Avesnes-le-Comte – 4 mai 1954 à Arras) et de Marie-Thérèse Françoise Camille Delcourt (17 juillet 1916 à Saint-Pol-sur-Ternoise – 20 septembre 1998 à Arras), rédactrice.

Il est le créateur, entre autres, de « La Noiraude » et de « Antivol, l’oiseau qui avait le vertige ».

Auteur prolifique, Jean-Louis Fournier a toujours su mêler humour, culture et sincérité.

Entre un frère polytechnicien et une sœur éducatrice spécialisée, il choisit la voie de l’humour et devient le fidèle complice de Pierre Desproges. Il réalise ainsi les épisodes de « La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède », ainsi que les captations de ses spectacles au théâtre Grévin en 1984 et au théâtre Fontaine en 1986.

Mais c’est en tant qu’auteur facétieux et touchant que le public le découvre véritablement.

Avec ses essais humoristiques, Jean-Louis Fournier rencontre un succès immédiat. Dans « Arithmétique appliquée et impertinente » (1993), il apprend au lecteur à calculer le poids du cerveau d’un imbécile ou la quantité de caviar que peut acheter un smicard !

Dans un même registre, sa « Grammaire française et impertinente » conjugue culture et absurde. Jean-Louis Fournier consacre également deux ouvrages à son enfance.

En 1999, il aborde l’alcoolisme de son père dans « Il a jamais tué personne, mon papa »

En 2008, Jean-Louis Fournier publie le roman « Où on va, papa ? » dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui reçoit le Prix Femina, suscite un certain nombre de controverses et une réponse de la mère des deux garçons.

 

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