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… vu par Arlette

Fournier Jean-Louis ♦ Il a jamais tué personne, mon papa

il a jamais tué personne, mon papaJean-Louis Fournier nous y raconte son père à travers une cinquantaine d’anecdotes. Un père médecin, alcoolique, fumeur, mal habillé, pauvre, et mort. Mort à 43 ans, alors que l’auteur avait 15.

On connaît Jean-Louis Fournier pour sa collaboration à la Minute de Monsieur Cyclopède, pour sa Grammaire française et impertinente ou pour Je vais t’apprendre la politesse, p’tit con.

Après nous avoir fait rire, il nous offre dans ce livre, ses souvenirs d’enfance dans un livre plein de tendresse et de nostalgie. Jean-Louis Fournier décrit sa vie familiale dans une ville de province et écrit comme s’il avait dix ans. La figure centrale est celle du père, docteur qui consultait en pantoufles, qui ne faisait pas toujours payer ses consultations, qui « aimait boire un coup, plusieurs coups même » et qui aimait bien se suicider le dimanche (la famille, habituée, « savait que c’était pour rire »).

Au fil des nombreux petits chapitres, qui sont autant d’anecdotes, se dessine le portrait d’un père, mort lorsque l’auteur avait seulement quinze ans. Jean-Louis Fournier, retrouvant la naïveté et la candeur de son enfance, rend ainsi hommage à celui que l’écoulement des années lui a permis de comprendre, dans un livre qui oscille entre le rire et les larmes.

C’est l’histoire d’un papa singulier, racontée par son fils sur le mode de la simplicité et de la naïveté. Un papa qui est docteur dans une ville de province, qui soigne des gens qui ne le payent pas mais lui offrent toujours à boire. Un papa qui finit ses journées fatigué et saoul, plus porté sur la bouteille que sur l’ordonnance. Un papa qui se cache derrière le piano de son cabinet, blagueur insupportable, à la fois j’menfoutiste et irresponsable, distrait, oubliant sa voiture dans un champ de betteraves. Un papa colérique qui menace de tuer la maman, « pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu ».

Voilà un récit vif et amusant, cruel, tout en délicatesse et sensibilité, qui avance en bonds et rebonds, au fil des souvenirs toujours plus précis, plus implacables sur le père, sublime figure tragi-comique. A la manière de « Je me souviens » de Georges Pérec, Jean-Louis Fournier raconte un père qui ne manque pas d’amour, qui se cherche longtemps, avant de se retirer, désabusé et désœuvré, au cœur d’une famille pas comme les autres, où tout est drôle à force de noirceur, de drames sans cesse répétés, de gaucheries et de maladresses.

C’est avant tout un hommage à un père disparu, un hommage très touchant, très humain. Un hommage à un homme qu’en grandissant il a fini par comprendre. La fin est particulièrement poignante, mais on est ému durant tout le récit. Car c’est un vrai drame que raconte l’auteur, celui d’une famille mise à mal par des gros problèmes d’argent et de boisson.

 

L’auteur :

 Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision né à Arras le 19 décembre 1938.

 Il est le fils du médecin Paul Léandre Emile Fournier (23 août 1911 à Avesnes-le-Comte – 4 mai 1954 à Arras) et de Marie-Thérèse Françoise Camille Delcourt (17 juillet 1916 à Saint-Pol-sur-Ternoise – 20 septembre 1998 à Arras), rédactrice.

 Il est le créateur, entre autres, de « La Noiraude » et de « Antivol, l’oiseau qui avait le vertige ».

 Auteur prolifique, Jean-Louis Fournier a toujours su mêler humour, culture et sincérité.

 Entre un frère polytechnicien et une sœur éducatrice spécialisée, il choisit la voie de l’humour et devient le fidèle complice de Pierre Desproges. Il réalise ainsi les épisodes de « La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède », ainsi que les captations de ses spectacles au théâtre Grévin en 1984 et au théâtre Fontaine en 1986.

Mais c’est en tant qu’auteur facétieux et touchant que le public le découvre véritablement.

Avec ses essais humoristiques, Jean-Louis Fournier rencontre un succès immédiat. Dans « Arithmétique appliquée et impertinente » (1993), il apprend au lecteur à calculer le poids du cerveau d’un imbécile ou la quantité de caviar que peut acheter un smicard !

Dans un même registre, sa « Grammaire française et impertinente » conjugue culture et absurde. Jean-Louis Fournier consacre également deux ouvrages à son enfance.

En 1999, il aborde l’alcoolisme de son père dans « Il a jamais tué personne, mon papa »

En 2008, Jean-Louis Fournier publie le roman « Où on va, papa ? » dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui reçoit le Prix Femina, suscite un certain nombre de controverses et une réponse de la mère des deux garçons.

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