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Martin Jean-Pierre ♦ Les liaisons ferroviaires

les-liaisons-ferroviairesL’action se déroule dans le TGV 9864, qui relie Nice à Bruxelles. Les personnages de ce roman ne sont pas forcément faits pour se rencontrer, mais ils se trouvent dans le même train, au même moment, passagers de la voiture 16, ou employés de la SNCF.

Une psychanalyste en rut, une championne de karaté endormie, un ethnologue, un footballeur, une universitaire, un CRS mélancolique, un saxophoniste, un barman beur de service et un contrôleur – gueule de Lambert Wilson, poète du rail et séducteur incorrigible, fier de son métier et passionné par… la passion, autant de personnages emblématiques qui se croisent…

Unité de temps : le trajet Nice-Bruxelles, 7 heures 48 d’intimité chevronnée. Unité de lieu : train 9864, voiture 16 et quelques échappées vers le wagon-bar. Unité d’action : la séduction, ou la rencontre amoureuse, du regard au frôlement, de l’assaut à l’effacement. Attraction. Rétraction. L’alchimie des cœurs. La chimie des corps. Ici, ça cause flirt, badinage, béguin, tocade, drague et autres bagatelles sulfureuses.

Jean-Pierre Martin folâtre avec ses personnages, les passagers de la voiture 16. Il leur invente un nom, une histoire, un métier, des tics, des désirs, des lassitudes, et les fait parler un à un.

L’auteur :

jean-pierre-martinJean-Pierre Martin est né le 15 mars 1948 à Nantes.

Après des études secondaires au lycée Jules Verne à Nantes, il devient interne en hypokhâgne à Paris au lycée Louis-le-Grand. Il s’inscrit ensuite en philosophie à la Sorbonne, où il termine sa licence en septembre 1968.

Il devient militant de la Gauche prolétarienne, et travaille en usine pendant cinq ans : d’abord à Saint-Nazaire (en particulier aux établissements Baudet, fabricant de caravanes, où il participe à une grève avec occupation, et à Sud Aviation), puis à Saint-Etienne (dans une fonderie, Socober la soupape, aux Aciéries du Furan, et enfin deux ans à Creusot-Loire comme aide-lamineur).

Entretemps, il est condamné à deux mois de prison ferme pour « apologie du crime d’incendie volontaire». Il transposera ces expériences dans un roman publié en 1995 chez Champ Vallon, Le laminoir.

Anticipant l’autodissolution de la Gauche prolétarienne, il s’auto-dissout (il raconte ce moment, qu’il appelle « le trou noir », au début de son Éloge de l’apostat publié en 2010 au Seuil), et s’engage dans une longue période de vie à la campagne : d’abord trois ans dans le nord-Finistère (où il passe une maîtrise de Lettres sur Queneau), puis près de dix ans en Auvergne, dans un hameau perché à mille mètres d’altitude, où il exerce divers métiers : chantiers, artisanat, fabrication et vente de ceintures de cuir et de sabots suédois (d’où le titre d’un récit publié chez Fayard en 2004, Sabots suédois).

Il effectue alors de nombreux et longs voyages, en particulier en Amérique et en Asie. Il travaille intensément le piano jazz, apprend l’harmonie, et joue en trio ou en quartet.

En 1987, il décide de préparer par correspondance les concours de l’agrégation et du CAPES de Lettres auxquels il est reçu cette année-là.

Il commence aussitôt une thèse sur Michaux, et enseigne pendant un an aux États-Unis, à l’Université d’Oregon.

À partir de cette époque, il consacre une bonne partie de son temps à l’écriture tout en pratiquant, par intermittence, avec des musiciens de jazz, ce qu’il appelle la « lecture be-bop ». Il publie dans la NRF ses premiers textes qui seront réunis chez José Corti sous le titre Le piano d’Epictète.

Depuis, tout en continuant à écrire des fictions, il a achevé une biographie monumentale, Henri Michaux (Gallimard, 2003) et entrepris une sorte d’anthropologie et d’autobiographie oblique à partir de la lecture des grands textes de la littérature et de la pensée critique, dont deux volumes sont parus en 2006 et 2010 au Seuil dans la collection « Fiction & Cie » : Le livre des hontes et Éloge de l’apostat.

Il a publié en 2011 un essai intitulé Les écrivains face à la doxa (José Corti), un roman dont l’action se situe dans un TGV, Les liaisons ferroviaires (Champ Vallon en 2011, repris en poche chez J’ai lu 2013), et dans la collection « L’un et l’autre » de Gallimard deux récits : Queneau losophe (2011) et L’autre vie d’Orwell (2013).

Il est aujourd’hui professeur émérite de littérature à l’Université Lyon 2, membre honoraire de l’Institut universitaire de France, membre du comité de rédaction des Temps modernes, membre du comité d’orientation et de prospective du Forum vies mobiles.

Il vit actuellement en Ardèche.

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