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… vu par Arlette

Slimani Leila ♦ Dans le jardin de l’ogre

dans-le-jardin-de-logreDescente aux enfers d’une femme victime de la surenchère de l’addiction. Portrait d’une femme insatisfaite, d’une femme perdue, malade. Portrait d’une nymphomane trompant son monde en permanence et dont la chute semble inéluctable.

Premier roman sur le thème de l’addiction sexuelle au féminin.

Une bien curieuse personne qu’Adèle : parisienne, 35 ans, belle, journaliste, mariée à Richard qui est chirurgien gastro-entérologue avec lequel elle vit dans le « beau 18ème », et maman d’un petit Lucien. En apparence, elle a tout pour elle. Mais la réalité est bien plus sombre. Femme froide et secrète, entre dépression et névroses, incapable de se satisfaire de sa vie de bourgeoise assez gâtée entre mari aimant et enfant.

Car, Adèle est malade… Adèle est sexuellement compulsive. Sa vie est un désir insatiable de corps, une pulsion impossible à contenir, une détresse à ne pouvoir y mettre fin. Ses infidélités sont légion, avec ce besoin irrationnel d’amants de passage qui entraine mensonges et dissimulation, crainte du sida ou d’une grossesse involontaire. Son corps est un tyran insatisfait, en dépit de sa maigreur, de son tabagisme et de sa honte.

Leïla Slimani ne tombe pas dans le piège de la vulgarité ou de la moralisation. Elle décrit une addiction mortifère, incontrôlable et désespérante. Son écriture est fluide et directe, aérée de chapitres courts donnant rythme et nervosité au récit. On peut s’étonner du choix osé que choisit cette jeune marocaine pour un premier roman.

Livre audacieux pour un portrait de femme pas tout à fait parfaite.

L’auteur :

leila-slimaniLeïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, d’une mère médecin franco-algérienne et d’un père banquier marocain, est une journaliste et écrivaine franco-marocaine.

Elle a la nationalité française et se sent aussi pleinement européenne qu’africaine, loin des débats incertains sur l’identité qui agitent l’Hexagone.

Élève du lycée français de Rabat, Leïla Slimani grandit dans une famille d’expression française. On parlait français à la maison. Son père, Othman Slimani, est banquier. Il est né à Fès, puis est venu étudier en France avant de retourner au Maroc pour devenir secrétaire d’état dans les années 1970. Il a ensuite dirigé une banque jusqu’à ce qu’un scandale financier lui vaille de tomber en disgrâce. Il est mort en 2004. Sa mère est médecin ORL, mi- alsacienne, mi- algérienne a été une des premières femmes médecins du pays.

Elle a quitté le Maroc à 17 ans, pour entrer en hypokhâgne à Paris, après avoir un temps envisagé de devenir psychiatre.

Son amour pour l’écrivain Stefan Zweg l’a menée à entreprendre à l’âge de 20 ans, un pèlerinage zweigien en Europe de l’Est, à Vienne, Prague et Budapest.

C’est à l’issue de son cursus à Sciences-Po Paris et devenue diplômée de l’Institut des Études Politiques de Paris qu’elle entreprend de vivre par les mots, intégrant en 2008 – année de son mariage avec un banquier parisien – l’équipe de JA, pour lequel elle couvre le Maroc. Cela lui permet de se lier, entre autres, avec l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun, qui lui prodigue de précieux conseils.

Elle s’essaie au métier de comédienne (Cours Florent), mais prend très vite conscience qu’elle est une « comédienne médiocre ». Elle décide alors de compléter ses études à ESCP Europe (École supérieure de Commerce) pour se former aux médias. À cette occasion, elle rencontre Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion, qui lui propose un stage à L’Express. Finalement, elle est engagée au magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord.

Devenue mère en 2011, elle démissionne de la rédaction de Jeune Afrique en 2012, pour se consacrer à l’écriture, tout en restant pigiste pour le journal. Elle s’attelle à l’écriture d’un livre « Dans le jardin de l’ogre », le deuxième de sa main mais le premier à être édité en 2014 – par la maison Gallimard, dans sa prestigieuse collection « Blanche », en 2014. L’idée de ce roman lui est venue, alors qu’elle s’occupait de son fils en regardant la télévision, alors entièrement occupée par l’affaire DSK. Elle décide de donner vie à un personnage féminin à l’appétit sexuel dément. Ce livre reçoit un succès critique et commercial très prometteur, sinon annonciateur. Le sujet (l’addiction sexuelle féminine) et l’écriture sont remarqués par la critique et l’ouvrage est sélectionné pour le prix de Flore 2014.

Son deuxième roman, Chanson douce, obtient le prix Goncourt 2016

Mais cette réussite ne détourne pas Leïla Slimani de son goût pour l’enquête journalistique, la Franco-Marocaine se préparant à publier en janvier 2017, Sexe et Mensonges, fruit de deux ans d’enquête – un essai rassemblant des entretiens sur la sexualité au Maroc réalisés avec des femmes rencontrées dans son pays natal.

Son mari est banquier. Ils ont un petit garçon, Émile, né en 2011.

 

Œuvre :

  • La Baie de Dakhla : Itinérance enchantée entre mer et désert, Malika Éditions, Casablanca, 2013
  • Dans le jardin de l’ogre, éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2014
  • Chanson douce, éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2016 – Prix Goncourt 2016

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